Un film géant et inoubliable, la vraie VF et ample en plus !

Note globale


Image assez limitée techniquement

Editeur : Warner
(qui a gardé l'écran Orion ! connerie ? non : respect)
Durée totale : 2 h 33

Image      PAL

Rien, pas une bande-annonce, que dalle.

C'est délicieusement coloré et la définition est, comme toujours chez Warner, ultra-optimisée, mais le master accuse son âge et la compression fait des siennes. Celà dit c'est quand même fort agréable.
Niveau propreté ça accuse un peu son âge mais on dirait que la bande sonore avait déjà été restaurée : la version anglaise est ample, pas chiche d'effets arrières musicalement et même sur de rares mais très bons moments parlés. Les versions française et italienne, moins amples, ne sont pas trop en reste.
Grand film. Grand succès. Grand compositeur ? La question reste posée, mais grand moment de cinéma et de bonne musique, c'est indéniable. Impossible de s'en lasser.
Ce qui s'appelle pas un pet de lapin.

Des films "à Oscars", on peut sans se viander, et c'est limite navrant, tout catégoriser en trois cases : les surprises (c'est vaste je sais, mais c'est rare), les drames-d'après-une-histoire-vraie chiants comme un congrès du PS avec Jospin en VRP "comment j'ai réussi ma vie" (avec addendum pour mythos), et les drames-d'après-une-histoire-vraie ch... euh non. Carrément non d'ailleurs. En fait, complètement addictifs, impériaux, indispensables, inépuisables, fabuleux, sublimes, fédérateurs sans être lèche-spaghettis (de ceux qui collent au fond). Mais alors ceux-là, ils sont carrément intouchables. Allez chercher des gens qui n'ont pas aimé, pardon, qui ont détesté ce film. Alignez-les, comptez-les, vous aurez assez d'une main (qui d'ailleurs peut s'oublier dans la gueule des pauvres hères). Il y a une raison à ce succès. Une raison précise. Non, deux.
La première, c'est que le film est tiré d'une pièce absolument grandiose. C'est bête, mais quand un film est adapté, il vaut mieux que la pièce, le roman, le poème soit bon. N'est-ce pas, Joel Schumacher ? La seconde raison, c'est que Milos Forman ne voulait pas voir la pièce. Une biographie théatrale d'un compositeur Viennois ? Euark ! Mais qui voudrait voir ça ? Et surtout, qui voudrait en tirer un film ? Eh bien rappelez-vous le tout début de ce paragraphe. A la fin du premier acte, Milos Forman, conquis mais qui ne le serait pas, décide d'en faire un film. 4 ans plus tard déboule sur les écrans une magnificence. Les décors sont splendides et naturels (grâce à l'inaction du régime communiste, ce n'est pas moi qui le dit), les acteurs parfaits, la musique est transcendée (des 600 oeuvres de Mozart, Schaffer et Forman ont fait un best-of qui est désormais considéré comme définitif pour le vulgus pecum), mais surtout, le film narre une dualité magnifique : le "bon" surdoué mais culcul la praline, gâchant son talent comme d'autres se fourvoient dans la Star Ac, et le "méchant" qui désire la mort du génie tout en étant son plus fervent admirateur. C'est ce qui fait la beauté de ce film, de cette histoire, et de la musique de Mozart, et pourtant je suis loin d'être un fanatique absolu de ses partitions : la musique est assez forte pour résister à toutes les attaques, même la mort puisque le Requiem a été achevé par un disciple en perdant à peine de sa puissance, ce qui en dit long sur l'influence du jeune con Viennois.
Le succès a été bien évidemment au rendez-vous, et je ne parle pas que des dizaines de prix qu'il a raflés partout dans le monde : le box-office a explosé devant ce prodigieux long-métrage. Film typique du classicisme Hollywoodien dans le bon sens du terme (le savoir-faire avant le savoir-vendre), il lança la carrière, hélas rapidement biaisée, de Tom Hulce, et assit confortablement celle de F Murray Abraham qui la même année était déjà dans Scarface (sacrée année que 1984 pour ce grand acteur, dont la carrière fût tellement marquée par Amadeus qu'il l'utilisa au premier degré dans le sublime Last Action Hero dix ans plus tard). Succès international oblige, les versions doublées ont été aussi soignées : ne parlant pas un mot d'italien, point n'est besoin d'être un génie pour comprendre à son écoute que la version italienne est sensiblement meilleure que celle des autres films Warner oritentés action, calembours Stalloniens... et doubleurs médiocres. En revanche, la version française ci-présente (et ci-seulement) n'est pas bonne : elle est mythique. Côté Saliéri, Jean Topart, LA voix française inséparable du film et des souvenirs, plus efficace que jamais (NDBaker : Et non pas comme je l'ai écrit Jean Piat, sublime acteur de théâtre à la voix de velours caressé dans le mauvais sens, qui de là-haut doit pleurer en regardant Philippe Torreton et Josée Dayan massacrer ses Rois Maudits à grands renforts de cartons recyclés peints en violet-vômi-de-Chiroubles). Côté Mozart, Luq Hamet qui rend encore plus pathétique le rire ignoble de Tom Hulce. Les deux réunis ont autant de force en audio que les acteurs d'origine en vidéo, et en prime, la donc fameuse VF a eu droit elle aussi à un remixage multicanal qui, franchement, est assez bluffante pour un remaster "du pauvre". Il faut dire aussi que même à petit budget, un remix raté d'un film comme Amadeus aurait requis aux employés de Warner de venir au bureau entre quatre CRS.

D'ailleurs, cette version "courte" (et définitive si vous voulez mon avis) qui est de moins en moins facilement trouvable (ruez-vous dessus donc, rappelez-vous les cas de l'Exorciste ou de Apocalypse Now !), cette version donc, vous offre la VF d'origine fort bien mixée, et c'est son seul et unique bonus. Pour le reste, la version simple d'Amadeus est sortie en version "normale" : boitier spécial Warner en carton (j'aime beaucoup mais je suis le seul au monde, même certains gens de chez eux ont honte, bref), prix bas, aucun bonus, pas même une petite bande-annonce, et image belle mais perfectible. Belle car les couleurs, la définition sont agréables à l'oeil, et puis au format respecté, comme bon se doit. Perfectible car les tâches et griffures sont présentes tout du long. Bien sûr, c'est dommage. Bien sûr, on pouvait s'attendre à encore mieux. Mais dans cette sortie minimaliste, on ne peut qu'attirer ses yeux et oreilles vers ce qui est bon : ca se laisse regarder sans froncer des sourcils, ca se laisse écouter et même mieux que prévu, et surtout ça se laisse vivre. Nombre d'entre nous ont regardé ce film sur une télé avec un écran moins gros que celui de votre téléphone portable, en mono, voire avec de la pub partout. Mais les passages parlant de la musique, plus que la montrant d'ailleurs, font partie des plus belles pages de l'histoire du cinéma, et rien n'empêchera quiconque d'apprécier une merveilleuse oeuvre d'artisanat cinématographique. Encore une fois, le film se suffit, et si la note globale ne dépasse pas le 8/10, c'est simplement parce que cet abruti de rédak'chef refuse de mettre 13/10 à la "setlist". Faciste, va !