Excellent concert qui réjouira les fans et permet de découvrir l'artiste sans les affres des best-of, EP d'inédits sympa en prime

Note globale


Mise en image par moments cafouillis, son 5.1 pas assez chaleureux

Editeur : Epic
Durée totale : 2 h 58

- (PCM)

Image        PAL

CD 6 titres (Scarlet's hidden treasures)
Galerie de photos sur fond de Past The Mission live (5 min)
Interview de Tori Amos (23 min non st)
Interview de la mère de Tori (10 min non st)

Il n'y a pas grand-chose à filmer (mais c'est joli), aussi serait-on tenté de ne rien marquer ; mais si l'ambiance cosy est bien capturée, on regrettera quand même un relatif amateurisme sur certains cadrages semble-t-il faits à la va-vite.
Propre et très bien défini, surtout sur la voix et particulièrement pour un live en plein air. Dommage que le 5.1 ne soit qu'anecdotique et pas pointilleux sur le public comme espéré.
Pas de quoi avoir honte : setlist assez variée, tout comme les ambiances, très bon rythme de concert, versions live retravaillées, et même les interludes studio apportent quelque chose. En prime, il y a un bon nombre de titres rares ou moins connus.
La note est surtout sauvée par la présence d'un EP 6 titres tout à fait charmant. Le reste est semi-redondant avec le programme principal et a la mauvaise idée de n'être pas sous-titré. La galerie de photos mérite 12/10 à elle seule mais je reste sobre : il n'y a pas que des mâles hétérosexuels parmi notre lectorat.

On l'a qualifiée de Kate Bush des années 90, à une époque où la belle britannique s'est faite rare. Pourtant, Tori Amos a depuis montré qu'elle était bien plus que ça. Ou plutôt : fort différente. Sur le papier, en effet, difficile de les séparer : même penchant pour le piano pris à bras le corps et la voix globalement siréneuse, mêmes pétages de plombs réguliers à grands coups de hurlements primaires, mêmes affinités envers la technologie et les expérimentations de studio. C'est sur le terrain que les chansons de Tori se différencient : Bush fait du progressif qu'elle arrive à faire passer pour la plus raffinée des pop, Amos se fonde sur le cabaret et le country blues pour finir par écrire malgré elle des ritournelles tout ce qu'il y a de plus progressif. Dans les deux cas, la fameuse "sensibilité féminine" est exacerbée, jamais à outrance, et jamais à dessein d'antagonisme (chose bien rare de nos jours). Mais il existe cependant une différence fondamentale entre Bush et Amos. La première n'a pas fait de vrai concert depuis 1979. Tandis que la seconde se morfond si elle n'a pas joué en public depuis 1979 minutes.
C'est donc sans aucune surprise que l'on découvre le premier DVD live officiel de la jolie Tori, enregistré "sous le soleil de Floride" (le film nous montrant que ce 4 septembre 2003, il faisait aussi beau qu'en Bretagne). Et les bonnes nouvelles d'affluer à peine le boitier ouvert : le concert semble copieux (2 h 15), le disque est livré avec un EP 6 titres de faces B (les faces B de Tori Amos étant dignes de celles de Luna Sea ou de Extreme), et pour un premier contact avec la rouquine démonesse, ne craignez aucune austérité : Tori s'est adjugée le soutien d'un batteur et d'un bassiste. Le premier est un véritable métronome, ne faisant que très rarement des étincelles mas délivrant un set impeccable, avec en prime de nombreux sons de batterie différents (voire des duos avec boîte à rythme). Quant au second, c'est un modèle pour les apprentis bassistes puisqu'il passe par tous les styles différents : glissando, slap, accords, ligne mélodique, bruitages, contrebasse, groove avec effets. Un duo impeccable.
Mais c'est évidemment Tori Amos qui retient le plus l'attention (au contraire de cette phrase qu'absolument personne n'avait vue venir, j'en conviens). Avant tout, mettons de côté la voix : elle est quasiment parfaite de A à Z, ne fatiguant jamais, restant toujours pure et limpide, sauf donc lors de deux ou trois switchs en mode Banshee. Au piano, elle est impériale de maîtrise - je dirais même aux pianos puisqu'elle utilise un vieux Bösendorfer des familles, un Fender Rhodes et un (assez rare) Würlitzer, lui permettant de s'essayer ça et là au grand écart à la Rick Wakeman, avec cependant un soupçon de chouïa de sex appeal supplémentaire, je ne saurais dire pourquoi. Les chansons sont relativement diversifiées, surtout si on considère le style "piano-voix" de départ, et c'est donc au show d'une professionnelle chevronnée que l'on assiste, un peu ébahis tant elle se balade sur son répertoire avec l'aisance d'une vieille idole.
Au charme vénéneux de l'interprétation se rajoutent les chansons elle-mêmes, souvent rallongées et retravaillées, voire emboîtées, et parfois sans ménagement - ce Father Lucifer ! Si l'on devait retenir de grands moments, il y aurait bien cette version très attirante de Leather et ce Precious Things volcanique, mais c'est l'intégralité (un peu coupée hélas) du concert qui est passionnante d'un bout à l'autre, la dame sachant parfaitement comment mener son public à la baguette. Le show est entrecoupé de courtes interviews de Tori, mais curieusement ce qui est par ailleurs rhédibitoire passe ici très bien. Sans doute parce que plus qu'un répertoire, ce DVD nous montre un véritable univers. Univers dont on a du mal à se séparer.
La mise en images est un vrai contraste par rapport à la flamboyance de son sujet. Misant à fond sur le noir, la mise en scène n'en est pas une, puisque nous n'avons que Tori au milieu, et ses deux acolytes bien plus en retrait, là-bas, dans la forêêêêt, dans la pénombre de la sombrité pas claire. C'est d'ailleurs une chance qu'on puisse autant les voir à l'écran ("autant" est un terme technique qui signifie "cinq minutes"). Il y a de nombreuses caméras, certaines en mode anniversaire-de-Tatie, d'autres plus ou moins bien utilisées, la louma permettant de nous régaler de plans aériens où Paul le Poulpe passe d'un piano à l'autre. Visuellement l'impact est donc très moyen, mais au moins les rares fautes de goût et la relative pauvreté n'entâment pas l'excellence de la prestation.

Public intimiste oblige, on attendait des miracles du 5.1. Il ne sera que bon : la musique n'est que peu spatialisée (un peu la batterie derrière) et honnêtement il n'y a que peu de différences entre la piste Dolby et la stéréo passée dans un bon ampli ProLogic. A peine le public qui effectivement est un peu mieux défini, permettant de savourer quelques remarques et rires. Car j'ai oublié de préciser que Tori Amos ne se contente pas d'être écoeurante de professionnalisme : elle est également simple et abordable. Ce qui transpire dans les bouts d'interviews et dans ceux donnés par sa mère, évidemment fière de sa progéniture. Interviews que l'on retrouve en version "complète", et où hélas les meilleurs passages ont déjà été utilisés. Pour le reste... vous vous souvenez des commentaires audio de la petite sur le DVD Fade to Red ? On retombe en plein dedans : Tori Amos est une femme adorable (mais regardez donc cette galerie de photos, rhââââ vite un Schweppes à l'Huile de Ricin !), mais il ne faut surtout pas lui demander d'expliquer ses chansons, sous peine de se prendre des discours sévèrement enfumés. Et d'ailleurs à quoi bon ? Son art n'a pas besoin d'explication, il se vit avec passion et sans aucun besoin de se forcer, ce live - vous l'aurez compris excellent - étant en prime très abordable. On comprend maintenant mieux les politiques britanniques : avec un tel résultat, c'est vrai qu'on a envie de la conserver, Tori.


24-08-2010

4 septembre 2003 - Sound Advice Amphitheatre (West Palm Beach, Floride, U.S.A.)


01. A sorta fairytale
02. Sugar
03. Crucify
04. Interlude # 1
05. Cornflake Girl
06. Bells for her
07. Concertina
08. Interlude #2
09. Take to the sky
10. Leather
11. Cloud on my tongue
12. Cooling
13. Interlude #3
14. Your cloud
15. Father Lucifer
16. Professional widow
17. I can't see New York
18. Precious things
19. Tombigbee
20. Amber waves
21. Hey Jupiter


Tori Amos - Chant, claviers   
   Matt Chamberlain - Batterie
Jon Evans - Basse, contrebasse