Beaux clips, beaucoup de recherche picturale, sous-titres partout

Note globale


DTS en-dessous des attentes, hypercéphalisation du commentaire et des sujets abordés

Editeur : Warner Music Vision
Durée totale : 1 h 49

 - (PCM)

Image        NTSC

Commentaire audio (st fr uk)
Making-of de A Sorta Fairytale (19 min st fr uk)

Gardant intact le grain d'origine, quelque soit l'époque, l'image de ce DVD a été clairement restaurée, et il n'y est pour rien si ce fameux grain, nommément le grain vidéo de 1992, est moche. C'est assez particulier : ne pas vous fier aux captures d'écran, c'est soit moins bon, soit carrément mieux. Bon boulot.
C'est une note punitive, rassurez-vous : le PCM stéreo aura du mal à être pris en défaut, tout est magnifiquement clair. C'est le DTS qui pêche : certes la voix est bien isolée sur la centrale, certes quelques parties sont bien spatialisées, mais c'est chiche et disparate. On aurait pu faire mieux, j'en suis certain.
Là aussi, dur de noter : les clips sont tous beaux, tous intelligents, tous créatifs, mais se les enquiller d'un bout à l'autre a un petit effet Scanners. Mais si on a puni la note son, c'est l'occasion de se rattraper : les clips de Tori Amos sont définitivement bons.
Déjà, tout est sous-titré et en plusieurs langues, ce qui est pain béni. Le making-of ne concerne qu'un seul clip mais est suffisant pour prendre son pied. Le commentaire de Tori, en revanche, pêche par excès de folie, et se montre très difficile à suivre.

Host de Paradise Lost est une magnifique chanson. Absolument rien à redire là-dessus. Et il parait que Monica Bellucci est une magnifique femme. Soi-disant rien à redire non plus. Soit. Mais danseriez-vous un slow, avec la seconde, sur la première ? Les qualités en toute chose sont communément inaliénables, et pourtant, il arrive qu'un trop plein de beauté conduise à la contre-performance. Chez Tori Amos, une des égéries de la chanson américaine, véritable révélation et plus pertinente alternative après la longue pause de Kate Bush, la beauté est pourtant flagrante et déborde de partout. Rien que physiquement, ce sourire mutin, pétillant, ces yeux verts noyés de cheveux roux (salut William !), cette grâce innée... Et puis ses paroles, ses mélodies, son jeu de piano, ses compositions extrêmement dépouillées, et sa voix à mi-chemin entre Björk pour les respirations et un ange pour le ton. La musique, les albums de Tori sont assez intimistes, pas dans le sens folko-chiant des français pleurnichards, mais dans la feminité (limite féministe, on y reviendra) sur la brêche d'une jeune femme très forte, très dure, mais à la sensibilité à fleur de peau. Bref, au départ, pas beaucoup de boîtes à rythmes et de refrains à chanter à tue-tête... encore que. La dame n'a pas fait que du Jacques Brel au féminin, elle a pas mal bourlingué dans les bars et en a retiré un goût certain pour les groupes de rock soudés.
Ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, ce n'est ni la beauté de Tori, ni la beauté de ses chansons, mais l'hypothétique beauté de ses clips. Et, encore un rapprochement avec Björk (on s'arrêtera là), Amos a soigné ses scopitones à l'extrême, donnant beaucoup de sa personne et s'amusant avec les dernières technologies. Sous l'égide de plusieurs réalisateurs/trices assez différents, elle a pourtant tissé une toile de clips assez homogène, où techniques visuelles, simplicité et sentiment de solitude, voire d'isolement, sont prédominants. Et cascades, contorsions, morphisme (en blonde elle ressemble à Nathalie Baye !) montrent bien qu'elle ne prend pas la mise en images de ses univers à la légère. De beaux clips, voire sensationnels, si l'on excepte ceux du premier album (reconnaissables à leur fond blanc). Beaucoup d'émotion, Tori Amos étant très généreuse à ce niveau, pas seulement craquante mais aussi craquant.
La vision de ces clips est donc "agréable". Plus que cela d'ailleurs, sutout si on les prend les uns les autres séparément. En prime, les deux DVD possèdent des tracklists non chronologiques, refaites par la dame elle-même, d'où l'impossibilité de ressentir une vraie lassitude. Quelques clips se hissent au-dessus du lot pour de nombreuses raisons, et parmi eux l'inoubliable A Sorta Fairytale, featuring Adrian Brody (un... pianiste), au top des technologies de l'époque. Cependant, malgré la courte durée des programmes et son scindement en deux parties, et passé le premier émerveillement de mises en scène chatoyantes, regarder ce DVD d'une traite ne procure pas l'immense frisson qu'on était en droit d'attendre. Curieux, pas vrai ? Belles images plus beau son ont souvent conduit à de bons moments. La réponse se trouve dans l'inextricable singularité d'Amos, son sens du symbolisme, et cette brêche entre commercial et auteur. La musique est un peu trop profonde et particulière pour ne pas nuire aux images dont elles drainent le pouvoir. Et versa : avec des images pour troubler notre esprit, difficile d'apprécier la musique à sa juste valeur. Tori Amos s'écoute au casque et dans le noir, c'est comme ça, on n'y peut pas grand chose.
Evènement oblige, l'éditeur a essayé de mettre un maximum de bonus de son côté. Celui qui attire l'oeil en premier lieu est la présence d'une piste DTS. Pour les parties piano/voix on ne pouvait rien attendre, mais quid des nombreuses programmations que la rouquine immisce dans ses poèmes ? Ne salivez pas trop vite, la piste DTS est décevante. Si quelques titres jouissent d'une spatialisation très correcte (dont Fairytale encore une fois), la plupart sont invariablement plaqués sur l'avant, avec juste de la réverb derrière, voire une double stéréo pour le piano, très discrète. On a l'impression que bien mieux pouvait être accompli ici. Autre bonus : un making-of de, je vous le donne en mille, Fairytale. O joie, il est beaucoup plus technique que la plupart de ses petits camarades, et sous-titré qui plus est. Un making-of scindé en deux parties : une première assez pragmatique, qui en montre beaucoup plus que la plupart de ses congénères (génèrent des problèmes d'ailleurs), vraiment sympa, et une seconde où Tori philosophe sur le pourquoi du comment : sympa aussi, mais attention, ne vous réjouissez pas tout de suite.
Dernier bonus, et pas des moindres, un commentaire audio, sous-titré en français, sur tous les clips. Chouette, se dit-on... avant d'essuyer ces 75 minutes bout à bout. Oh, non pas que le commentaire soit mortel, parsemé de grandes hésitations, ou récité comme une question assasine de Laurence "j'veux du scoop" Ferrari. Non, Tori parle de technique, de symbolisme, des réalisateurs, des tournages, des chansons. Avec une jolie petite voix qui plus est. Le souci, c'est que ladite Tori est quand même bien enfumée. On s'en doutait un peu vu certaines paroles, vu les clips, vu le making-of ci-cité ; mais là... Débitant des séquences de phrases entières où votre serviteur n'a rien compris - ou a eu peur de comprendre -, Tori axe ses commentaires sur des détails parfois ultra-obscurs (un exemple au hasard : sa contribution à la seconde épouse d'Henry VIII à travers des pom-pom girls), révèle des sens cachés Freudiens derrière la moindre parcelle d'image, parle avec une intelligence un peu trop poussée pour un commentaire audio de clips (elle est par moments terrifiante de sérieux), et en prime, avec quelques poussées de féminisme primaire qui peuvent faire tiquer.

Un trop plein de tout, donc, pousse ce double DVD vers la catégorie des disques mal compris, hermétiques, à part le seul élément pour lequel il n'y a pas assez : le 5.1. Mais ne vous laissez pas impressionner par cet amas de défaitisme : les clips de Tori sont globalement au-dessus du lot habituel, et le soin apporté au DVD, bien que perfectible, ferait pas mal d'envieux. C'est plutôt un achat conseillé aux fans de la dame, à ceux qui connaissent déjà bien sa discographie - ce même si le choix de chansons présenté ici n'est pas contre-indiqué pour les novices. Manque à tout ceci l'une des grandes spécialités Amosiennes : le live, mais ce n'était pas le sujet du jour. On aura bien l'occasion d'y revenir. La beauté, c'est la seule chose dont on ne se lasse pas. Ca et chercher la petite bête dans les DVD.


19-10-2009

1992-2005 - U.S.A.


01. Past the mission
02. Crucify
03. Jackie's strength
04. A sorta fairytale
05. Winter
06. Spark
07. Sleeps with butterflies
08. Cornflake girl (US version)
09. Hey Jupiter (Dakota version)
10. Silent all these years
11. Caught a lite sneeze
12. 1000 oceans
13. God
14. Bliss
15. China
16. Raspberry swirl
17. Talula (The Tornado mix)
18. Sweet the sting
19. Pretty good year
20. Professional widow (Remix) - Bonus
21. Cornflake girl (UK version) - Bonus