Son très précis et chaud, album mythique - et tant qu'à se le payer...

Note globale


Mixage multicanal sujet à de nombreuses polémiques, bonus un peu tarte

Editeur : Warner / Reprise
Durée totale : 0 h 51

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Image        NTSC

Dix jolies photos noir et blanc très bien définies. Je ne compte pas les "interviews" qui sont vraiment d'époque. En revanche, je compte en malus les paroles scannées d'après les grifouillis de Neil Young qui aurait pu être toubib. Et nous, on n'est pas forcément pharmaciens.
Galerie de 13 photos
Discographie succinte (mais complète)
Paroles (écrites à la main... et illisibles !)
Interviews de Neil Young et Elliot Mazer (11 min non st)
Hummmm.... Je m'demande si mon idée de chronique à la Dr House n'aurait pas eu sa place ici. Parce que c'est un monumental gâchis, mais bien fait et avec conscience. Plus de la moyenne car si on outrepasse le mix 5.1 très particulier, les instruments sonnent très bien.
Faussement innocent, faussement simple, et vraiment réussi. Un grand disque mais dont l'excellence ne vient qu'à petits pas, pas comme une grande claque dans la gueule, mais plutôt comme un virus. Atchoum les gars.
Les interviews d'époque sont totalement nulles, mais ont un charme certain. Les à-côtés habituels ne sont pas à la hauteur de Harvest. Par contre, il y a un bonus réservé aux riches audiophiles : la présence du remaster stéréo en DVD-A. Pas au niveau du vinyl, mais presque.
"Elle a un de ces corps, sublime ! Par contre, elle a de jolis yeux... indépendemment l'un de l'autre." Qui aurait crû qu'une telle phrase machiste irait un jour inaugurer une chronique Du Harvest de Neil Young ? Et d'abord, pourquoi Du Harvest ? Parce qu'Harvest mérite une Majuscule en toutes circonstances. Est-il le meilleur album d'un des plus célèbres Canadiens de l'histoire de la musique ? Peut-être pas, mais c'est sans conteste son plus populaire, et le restera probablement à jamais. Sorti en 1972, peu après son départ du quatuor Crosby Stills Nash & Young, et alors que le garçon est encore tout jeune, Harvest est un monument de la country folk et de la country rock. Pas de la country tout court (NDMoi : Ouf), ce qui est d'ailleurs curieux quand on pense qu'un titre s'intitule Are You Ready For The Country... Mais Country signifie aussi campagne, et c'est elle qui donne ses couleurs et ses reflets à ce Harvest (qui signifie "moisson"). Paradoxalement, la campagne évoquée tant en musique qu'en textes n'est en rien champêtre, elle concerne plutôt la ruralité dans ce qu'elle a de plus dur, de plus isolant. 1972, c'est le début des années 70 (NDLR : This needs proofreading !), et Young ne parle pas de vaches et d'horizons couchants sur fond de montagnes rocheuses. Il est l'un des premiers à évoquer l'Amérique post-Vietnam, les cicatrices, la drogue, les paumés, et bientôt rejoint par ses potes Springsteen et Dylan, il va teindre la décennie en gris funéraire.
Et pourtant, ce n'est pas à un pensum tristounet d'accords gratouillés façon Biolay Ecrémé ou Saez sur Vain auquel Harvest nous convient, mais à une collection de chansons relativement hétérogènes, aux qualités mélodiques simples mais imparables passées les premières écoutes, avec une voix particulière mais en aucun cas dérangeante, et des arrangements tantôt épurés, tantôt légers, et parfois, avec la collaboration de feu Jack Nitzche (souvenez-vous, les musiques de 9 Semaines 1/2 et de la 7ème Prophétie !), délicieusement pompeux par la grâce d'un orchestre massif et ouvertement expressif. Le son est chaleureux, la basse est un régal, les tempos sont lents mais jamais vraiment mous... et surtout jamais totalement apaisants, à l'image de ce fantastique premier titre qui respire la bucolie chamallow tant et si bien qu'elle finit par en rendre l'auditeur méfiant. Certes, le batteur, à l'instar de celui de Coldplay, ne connait qu'un seul et unique rythme (poum poum tchack... Meg White pourrait presque le jouer) mais en mélangant ainsi les sons et les humeurs, Young parvient en 40 petites minutes à faire son trou, à donner corps à une galette vinylique qui depuis longtemps craque comme glace sous feu dans tous les greniers de France et de Navarre.
La ressortie en DVD-A par Warner semblait donc tomber sous le sens : album mythique, propice à de jolies spatialisations, et qui plus est remixé par l'ingénieur du son orignal. On ne reviendra pas sur la piste stéréo qui n'a pas grand intérêt : Harvest, c'est en 33 tours et rien d'autre. Et malheureusement, ce n'est pas la piste surround qui me contredira. Pourtant, tout était là, ou presque. La qualité du son ? Check : pas de grésillements ou si peu, des basses claires, des guitares cristallines et toujours ce côté un peu pouilleux de l'ensemble. La spatialisation des éléments ? Check : effectivement, la plupart des instruments sont bien spatialisés et séparés, de façon relativement claire. Respect de l'original ? Check : on n'a pas l'impression d'écouter un autre album comme ça peut être le cas chez des Opeth ou Toto, et tant le live acoustique de Needle que l'embourgeoisement philharmonique de Maid sont respectés à la moindre note. Alors quoi, excès de mauvaise humeur chez la Bakouze ?
Eh bien non, hélas. J'aurais préféré. Le disque est bien mixé et bien spatialisé, oui... mais les placements dans l'espace sont tout ce qu'il y a de plus bizarre. Le point principal étant que la batterie est entièrement à gauche. On se croirait revenu au temps du premier album des Doors ! Du coup, d'autres instruments se retrouvent bien aux quatre coins de votre salon, mais pas les bons ! Alors sur ce coup-là, il y aura deux écoles : ceux qui supporteront très bien, et si c'est le cas foncez, et ceux - à mon avis plus nombreux - qui trouveront l'album trop difficile à ingurgiter d'une traite de cette façon, l'auditeur ayant naturellement tendance à pivoter la tête de 90° vers la droite. Pourquoi un tel choix ? A priori pour que l'auditeur se sente "dans la pièce d'enregistrement". Certes mais dans ce cas l'auditeur est mal barré, puisque ligoté sur une chaise. Et d'ailleurs, toujours dans cette optique, pourquoi avoir mixé Young sur la centrale ET les deux canaux arrières ? S'il s'agit réellement de recréer virtuellement le studio d'enregistrement, ça veut dire que le père Neil se trouve dans... dans... dans un endroit que la décence m'interdit de stipuler ici.

Dans Tous les Cas, il est impossible de donner moins de la moyenne. Idée saugrenue ou pas, elle est revendiquée (ou alors c'est une bourde immense de la part de Warner, quasi-impensable), et surtout elle est bien faite. Le soin apporté à la destruction de l'album est frustrant mais réel. Par ailleurs, vous aurez une bonne idée de ce que le résultat aurait pu donner avec There's A World, où la spatialisation est simplement parfaite, et à l'endroit. Un peu regrettable certes, mais le coup de massue vient avec les bonus, ou précisément le manque de bonus. Une discographie tristounette, des paroles totalement illisibles (sur le livret ET à l'écran, jolie performance), et deux films 8mm dont l'intérêt se situe au niveau de la Mer Morte. Harvest reste donc un très grand disque, que vous aurez peut-être du mal à appréhender, mais dans tous les cas ne comptez pas sur cette nouvelle édition pour vous en faire une bonne idée. Maintenant, l'avenir n'est pas si bouché puisque, loin d'avoir été dégoûté de la haute technologie, Neil Young a carrément passé la vitesse supérieure en se mettant au Blu-Ray Audio, rien que ça. D'autres remixes suivraient-ils ? Je vous jure, c'est pas possible ça, s'exiler à la campagne le temps d'un week-end pour être peinard et retomber dans le suspens et les questions qui hantent...


02-03-2010

1972 - U.S.A. / Canada


01. Out on the weekend
02. Harvest
03. A man needs a maid
04. Heart of gold
05. Are you ready for the country ? (NDBaker : Nope, but nevertheless...)
06. Old man
07. There's a world
08. Alabama
09. The needle and the damage done
10. Words


Neil Young - Chant, guitare, piano, harmonica   
   Kenny Buttrey - Batterie
Tim Drummond - Basse   
   Jack 'The Exorcist score is mine, period' Nitzsche - Piano, guitare
John Harris, James McMahon - Piano   
   Teddy Irwin, Ben Keith - Guitare
James Taylor - Banjo, guitare