Son fantastique, voix sublime comme d'habitude, plaira à certains qui ne s'en remettront pas

Note globale


Bourré de prétention, y compris au niveau DVD parfois pénible

Editeur : Snapper
Durée totale : 1 h 02

 - (PCM)

Image        NTSC

Pas grand-chose : de belles photos mais sans le son, une image totalement fixe, et un clip granuleux.
Album et faces B en 5.1 (53 min)
Clip de Things I Want To Tell You (9 min, DTS)
Sublime. Si les guitares et synthés sonnent "comme d'habitude", c'est à dire parfaitement, ce sont surtout les invités qui bénéficient d'un traitement chaleureux et d'une présence phénoménale.
Beaucoup de vide, pas mal d'autosatisfaction, et un clip qui plaira sûrement aux Inrocks.
Vous auriez pu tomber plus mal. Au départ, c'était Kaworu qui devait écrire cette chronique. Et faites-moi confiance, il n'aurait laissé aucun survivant. Etant plus adepte du minimalisme à la Steve Reich ou Klaus Schulze, je vais tenter de prendre la défense de ce No-Man, premier à sortir en DVD-A et meilleure vente du groupe, mais ça sera dur. Pour ceux qui ne connaissent pas, No-Man est le premier vrai groupe de Steven Wilson, le leader incontesté de Porcupine Tree. Il est composé simplement de Wilson aux instruments et de Tim Bowness à la voix - mais quelle voix ! Un peu celle qu'aurait eu le chanteur de Talk Talk s'il avait été un ange. Alors que PTree officie surtout dans les guitares, No-Man se veut beaucoup plus éthéré, électronique, et - pour cet album en tous cas - plus minimaliste. Mais qui dit minimum ne dit pas rien. Et c'est bien la différence entre un Schulze et ce No-Man-ci : dans l'un, on a l'impression qu'il ne se passe rien alors qu'on dérive subrepticement vers quelque chose ; dans l'autre, c'est le contraire.
Si vous écoutez les 4 premiers morceaux, c'est en tout cas l'impression majeure. Il semblerait au vu des paroles et du style que le duo ait voulu retranscrire en musique la linéarite maussade des petites mélancolies personnelles qui finissent par briser un couple. Mais de la façon dont ils s'y prennent, en plongeant l'auditeur dans la torpeur sans le moindre repère émotionnel, ils transforment le minimalisme en prétention. No-Man étant beaucoup plus reconnu qu'avant, on a l'impression que Wilson a fait n'importe quoi en pensant qu'il y aurait toujours une majorité pour le défendre, et donc qu'il a balancé quelques bribes de notes au hasard en faisant passer cela pour du génie (dans une moindre mesure, remplacez "notes" par "riffs" et vous obtiendrez ce que certains esprits chagrins pensent de Porcupine Tree). Le pire étant ces arpèges de guitare ultra-chiches étalées à des moments stratégiques où le compositeur-guitariste semble hurler "regardez-moi, c'est si beau !". On peut apprécier ce travail tout en ambiances et en non-dits, évidemment. On peut l'aimer et le comprendre. Mais on ne le DOIT pas à tout prix, contrairement à ce que la moindre note semble suggérer. Quant au génie des paroles de Tim Bowness, vendues telles quelles par le livret, on dirait que le père Tim n'en a écrit que très peu afin de ne pas choquer nos petites âmes ignorantes par un trop-plein de beauté. Heureusement, les trois derniers titres sont plus digestes que la Symphonie pour Rien en 4 Mouvements, on y trouve même une vraie chanson et un final d'epic à glacer le sang, mais s'il veut retenter l'expérience du minimalisme tonal sans percussions, Wilson n'a pas encore la "touche".
Ceci étant dit, et en sachant que ce disque comporte tout de même de nombreux fans, que vaut le DVD-A bonus ? Coté son, une fois de plus Wilson touche à la perfection. La profondeur des sonorités est immense, la spatialisation souvent discrète, jamais absente. On appréciera particulièrement le son de la clarinette basse, merveilleux, et globalement votre caisson de basse n'aura jamais aussi bien été utilisé. Jusqu'aux faces B qui subissent un traitement de roi (avec une version avec boîte à rythmes du très joli The Breakup for Real, dont l'absence dans le CD original n'est pas explicable autrement que par un caprice d'artiste maudit). Petit souci : neuf chansons, une galerie de dix (très belles) photos, on aurait pu très simplement concilier les deux, nos écrans LCD nous en auraient remercié.
La question principale que se poseront les béotiens et les anti-Wilson (NDKaworu : ...et les gens qui aiment autant Wilson que No-Man mais qui pensent sincèrement que cet album est tout ce qu'il y a de plus mauvais), cette question jéopardisant l'achat reste cependant : un DVD-A (un vrai, enfin pratiquement...) d'une si grande qualité sonore peut-il aider à mieux comprendre et assimiler ce disque ? La réponse est non (NDKaworu : 5,1 fois zéro égale toujours zéro). Les sons, les ambiances rendent mille fois mieux, mais les défauts sont eux aussi démultipliés. S'immerger dans ce disque pour tenter d'en extraire la substantifique moelle reviendra si vous n'y prenez pas garde à vous ébahir devant la qualité de vos enceintes, et ce n'est certainement pas le but. Même le menu du DVD est d'une prétention sans bornes : non messieurs, ce n'est pas faire preuve d'élitisme culturel que de devoir attendre trente secondes pour avoir le droit de choisir sa piste sonore. Et les amoureux du DVD-A (des gens qui habituellement n'allument jamais leur télé) seront ravis d'apprendre qu'il leur faudra se coltiner un menu pour lancer le disque en mode audio, eh oui. Quant au "clip" (réalisé par l'auteur de l'immonde bruit chafouin qui démarre l'album), il est effroyable de prétention et de vide caché par "la recherche de la pureté dans la beauté de l'immobilisme" (ou l'immobilisme de la pureté dans la beauté de la recherche, ou encore la pureté de la beauté dans la recherche de l'immobilisme...) - on se croirait sur Arte lorsque cette chaîne au demeurant excellente se met en tête de montrer de l'AAAArt, Merde Quoi !

La bonne nouvelle dans tout ça ? C'est que des audiovores maniaques, qui en cette période de vaches maigres n'ont rien à se mettre sous la dent, vont ainsi découvrir le merveilleux organe de Tim Bowness (la voix, bande de malotrous !). Et ils s'intéresseront alors sûrement à d'autres oeuvres signées No-Man, autrement plus réussies et qui mériteraient elles aussi un traitement de roi : Flowermouth, Returning Jesus, Lovesighs / Loveblows and Lovecries, Wild Opera, jusqu'au génial Heaven Taste, qui pourtant n'est qu'un maxi. D'ailleurs, si Together avait été un maxi, peut-être aurions-nous été plus cléments ? Peut-être. Les frontières sont faites pour être minces, sinon elles seraient des murs. A vous de voir si vous désirez franchir celui derrière lequel, pour la première fois dans la carrière de No-Man, votre serviteur a préféré rester.

(et merci à Kaworu pour "le" mot déclencheur)
24-07-2007


He's been staring at me all the while, yet I can't find the strength to fight back his glance... Could I be gay ?!