Une plutôt bonne introduction à ce magnifique groupe. Et en plus, l'album est éblouissant. Préparez le collyre.

Note globale


(Note album : 9 pour être poli)


Coupé de moitié, technique pas digne d'un tel concert ni d'un tel groupe.

Editeur : Inside Out
Durée totale : 0 h 41

(PCM)

Image        NTSC

Un patchwork hallucinant entre médiocrité et génie. Beaucoup de gros défauts, et quelques plans dignes d'un DVD collector. Dans le doute, un 7 gentil en sachant que ce n'est pas la panacée.
Le live (c'est déjà bien)
Tout pareil cot-cot : c'est indigne du génie de Riverside, mais en tant que bonus il reste cette espèce de lave incandescante qui magnifie chaque note.
Et tout tout pareil : c'est coupé en deux, mais assez représentatif de la première carrière du groupe. Mais pourquoi avec tous ces 7 ce pauvre DVD a-t-il 6 au final ? Parce que Baker, tel le seigneur des Annaud, a ses ours.
Black Holes and Silver Linings, le dixième album de Dream Theater, n'a pas été vendu en compagnie d'un DVD bonus. Bien lui en a pris. Ainsi il échappe à la possibilité d'être chroniqué dans ces colonnes, et heureusement pour lui. De cette façon, il m'est impossible de déclarer que cet album est à mon sens un joli petit tas de purin (NDBaron Zilord : Mais eh oh t'es fou toi, tu veux une fatwa ou quoi ?). Hein ? Je l'ai écrit ? Alors je l'ai pas écrit fort ! Mais voyons le bon côté des choses : certes, Dream Theater a été le pilier du renouveau du rock et metal progressif, semant des graines fécondes ; et certes, le groupe est devenu un pantin bouffi, ombre de lui-même incapable de refaire honneur à son status de groupe majeur. Certes certes. Cependant, si le roi est mort, les prétendants au trône, les germes ci-citées, sont désormais légion, et il ne faut plus chercher bien loin pour trouver des jeunes groupes plus talentueux, plus frais et plus inventifs que Dream Theater. Et parmi cette cohorte de génies, il faut compter sérieusement avec Riverside.
La jeune formation Polonaise n'a pas tardé à gagner du galon, chaque album surpassant le précédent. On retrouve en elle tout ce qui fait plaisir dans le genre progressif : la dynamique, les mélodies, les solos, quelques parties complexes, la richesse de la production. Mais en prime, et malgré un son assez lisse et un sérieux papal dans les ambiances, Riverside possède ce petit plus humain qui en fait un groupe de classe. Par ailleurs, il représente à lui tout seul une certaine génération d'un rock progressif n'en finissant pas de renaître, et il s'agit bien de rock. Certes, Riverside est beaucoup plus sauvage qu'un IQ, lui-même à l'époque bien plus hard qu'un Genesis. Mais on ne peut pas réellement parler de metal progressif, en partie parce que ce terme possède quelques connotations, négatives ou pas, qui ne sient pas à nos Polonais. On préfèrera parler de rock prog, mais un rock qui sait se faire agressif, violent, adipeux, acariâtre, tout en gardant sa dignité.
Et après trois albums formant une belle trilogie, voici ce Anno Domini High Definition, qui porte bien son nom. Il est idéal pour découvrir le groupe, dans les meilleures conditions possibles. En l'espace de 44 minutes et 44 secondes (NDDesproges : De quoi avoir quatre érections), Riverside offre un album d'une densité, d'une richesse fantastiques, maîtrisé d'un bout à l'autre. Il suffit d'écouter Egoist Hedonist : la fluidité dans les transitions est à tomber, le groupe passant par tous les états en neuf minuscules minutes, avec l'aisance stupéfiante de vieux renards de studio. Avec tant de réussite dans l'audace, il n'est pas si étonnant que ce disque se soit classé numéro 1 du Top 50 Polonais, battant tous les Jay-Z et Whitney Houston du monde. Fierté nationale ? Ca n'explique pas tout, des formations françaises de très bonne facture comme Conscience ou Nemo n'ont jamais trusté ne serait-ce qu'une seule place de ce Top ; même notre joyau Ange n'y est plus entré depuis plus de 20 ans. Non, poussé par un public se redécouvrant une conscience art-rock, Riverside est en train de tout pulvériser, petit à petit, et rien ne pouvait faire plus plaisir. A part peut-être un bonus pour compléter ce bijou.
Oh stupeur, parce que celle-là vous ne pouviez pas la voir venir, il existe une édition limitée avec DVD ! Diantre, que d'émoi ! Hélas, ce DVD bonus était dès sa naissance condamné. Il s'agit en effet d'extraits d'un concert donné au sublime Paradiso d'Amsterdam en 2008. Dès lors qu'il fût annoncé qu'un concert complet de la même tournée allait sortir, ce demi-live ne pouvait plus être considéré que comme un bonus, avec tout ce que ce terme comporte de négatif. Considérons que Anno Domini soit votre premier (et sûrement pas dernier) achat de Riverside, voilà quand même une bonne façon de découvrir leur ancien répertoire à bas prix. Effectivement, si on ne peut que regretter qu'il manque la moitié des titres, ceux joués ne sont pas des fonds de tiroir. Un titre comme Beyond the Eyelids est même bien parti pour vous donner des frissons et vous convaincre définitivement de la valeur de ce groupe. Assez peu à l'aise sur scène, statiques et concentrés, les Riverside ne sont sûrement pas le plus gros groupe de fêtards que vous connaissiez, mais leur show est intense. Parfaitement capables de retranscrire les subtilités du studio, ils donnent un concert très carré, où aucun musicien ne fait de la figuration, en particulier Mariusz qui assure conjointement parties de basse singulièrement difficiles et magnifique chant (même si sa voix l'abandonne en fin de concert).
La relative froideur est renforcée par le public qui au départ est muet comme une limande. Mais à force de pratiquer une musique si organique - car c'est sa principale qualité - nos hommes de l'Est finissent par se le mettre dans la poche, jusqu'à un 02 Panic Room fiévreux. Il est donc dommage d'avoir amputé le show car cette montée en puissance en est quelque peu maltraitée. Mais à lire ces lignes, on pourrait croire que ce DVD bonus est un indispensable absolu regorgeant de plaisir brut : restons sobres. Si l'ensemble est plaisant, c'est avant tout car le groupe est suprêmement bon. Mais même lui n'est pas à l'abri d'erreurs : ainsi mettre systématiquement les effets vocaux de studio en intro de chaque chanson est à mon avis une erreur, coupant ce lien ... organique justement qu'on tisse avec le groupe - son excellent clavier en tête. Et d'ailleurs ce brave clavier, pourquoi a-t-il un micro ? Alors que jamais il ne complètera les refrains par ces choeurs magnifiques qui en studio sont un point fort. Non, Riverside ne sont donc pas des Dieux. Leurs erreurs ne les en rendent que plus touchants.

Ces points mis à part, le DVD pêche aussi par manque de soin technique. L'image est très mal compressée, ses couleurs relativement laides, le montage fait à l'arrache est spécialiste du vide avec de nombreux choix d'angles totalement injustifiés, et à propos d'angles, iceux sont parfois calamiteux. Le tout a un rendu brouillon et pire, disparate, certains rares plans magnifiques (même techniquement) jurent avec le reste, trop banal et brouillon. Le son n'est pas à la fête non plus : il est pavé de bonnes intentions, mais bourré de drops. Aucune des explosions soniques n'arrive à convaincre, et si le tout est propre chaque élément pris à part (guitare pure notamment), le mixage final est à des lieues de la qualité de la performance donnée. Alors évidemment que ceci n'est qu'un bonus, et qu'il sera toujours temps d'acheter à part le "vrai" live désormais disponible chez MetalMind (tiens, des... habitants du même pays (NDBaker : Si vous trouvez le mot adéquat par pitié envoyez-le moi car je le cherche depuis 15 jours, et non, ce n'est pas compatriote)), mais on ne peut s'empêcher de se dire que pour une première découverte de Riverside, ce petit résumé n'est "que" correct, alors que le disque principal tue sa race de façon multiple et déraisonnée. C'est donc là une illustration au parfait premier degré de ce que signifie "DVD bonus" et il est vrai que dans ces colonnes, tant à force de s'enthousiasmer que d'allumer tous azimuths, on avait un peu fini par oublier ce que c'était. Tout comme vous avez peut-être oublié ce que c'est, le plaisir d'écouter un disque en entier et très fort : Riverside va vous donner une bonne occasion de réviser.


09-04-2010

10 décembre 2008 - Paradiso (Amsterdam, Pays-Bas)


01. Volte-face
02. I turned you down
03. Reality dream III
04. Beyond the eyelids
05. Conceiving you
06. Ultimate trip
07. 02 Panic room


Mariusz Duda - Basse, chant    
   Piotr Grudzinski - Guitare
Michal Lapaj - Claviers   
   Piotr Kozieradzki - Batterie