Un superbe bonus, magnifiquement filmé, mixé et présenté

Note globale


Le thème des Hobbits un peu facile par rapport au reste, un chouia trop court

Editeur : Metropolitan
Durée totale : 0 h 50

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Pour un "simple bonus" c'est merveilleux. La réalisation est parfaite, les couleurs mauve pastel passent mieux que prévu, c'est chaloupé et précis, un vrai bonheur.
Extraits de la symphonie Lord of the Rings et interviews (50 min st fr)
Au 5.1 la brillance, au DTS la précision, on aurait aimé un mix des deux. Mais dans un cas comme dans l'autre, c'est un petit régal.
A part un thème pas terrible, une très belle symphonie entrecoupée d'interventions du compositeur sans que cela nuise au plaisir d'écoute, ce qui est proprement miraculeux.
Remanier une musique de film en symphonie à part entière, c'est une triple victoire pour un compositeur. D'abord, ça signifie que le film auquel il a participé a été assez fédérateur et commercialement viable pour intéresser tout un public au-delà du petit écran. Ensuite, celà crée forcément un petit halo autour de l'oeuvre, qui devient presque intouchable, comme si un comité avait apposé son sceau de probité. Du coup, effet boule de neige : la musique ainsi isolée renforce l'aura du film qui renforce la bande sonore qui... Enfin, et c'est sans conteste possible le plus important, créer une symphonie, ou un concerto, voire un récital (mais c'est hélas rarissime), à partir d'une ou plusieurs bandes originales permet d'ancrer le compositeur dans le monde souvent fermé et parfois snobeux du "classique", car il dispose désormais d'une partition officielle, donnée en public, et dont l'assise dépasse de très loin le monde cinématographique puisqu'il est donné, je le répète mais c'est essentiel, en PUBLIC. Enooooorme.
Sauf que dans le cas d'Howard Shore, et ça rejoint un nombre considérable de compositeurs modernes (Newton Howard, feu Kamen, ctrl-v-Horner, Fenton, Broughton, le génial Goldenthal, Coulais, j'en passe et des encore meilleurs), on aurait aimé un best-of énorme et pas une oeuvre particulière. Le peu de gens ayant tenté l'expérience best-of live ont toujours été couronnés de succès : le Arena Concerto de Morricone, bientôt chroniqué ici, est bancal mais mignon comme un coeur, les symphonies de John Williams et Jerry Goldsmith, pas encore sorties en DVD, sont des piliers de la musique moderne ; quant au live de Hans Zimmer, disponible sur un CD absolument hallucinant nommé Wings Of A Film, adorable bijou à l'état brut truffé d'overdubs mais aussi d'un coeur gros comme ça, eh bien le jour où il sort en film, peu importe la triche absolue qui sera nécessaire : c'est et ce sera un très grand moment de l'histoire de la musique, point. Pour le Shore, inutile de tergiverser : globalement, la symphonie est belle. Elle fonctionne à pleins tubes. En plus, le DVD insère entre les morceaux une mini-interview du compositeur favori de Cronenberg (déjà le ton change ;-) qui explique ses choix musicaux, et c'est passionnant. Et sous-titré en plus. Et beau. Mais est-ce la plus belle oeuvre de Shore ?
La question est posée et la réponse se trouve peut-être dans le film qu'il défend, puisque décidément, comme vu précédemment, plus la partition tend à vivre par elle-même, et plus elle resserre ses liens avec son objet d'existence premier : la pellicule. Or, et c'est tragiquement que je l'écris, la trilogie du Seigneur... n'est pas le meilleur exemple de Nirvana du 7ème art qui puisse exister. Disons-le carrément, sans le succès phénoménal du film, et ce depuis les premiers jours du tournage, cette symphonie n'aurait jamais vu le jour; maintenant qu'elle est disponible en DVD bonus, et même ultra-bonus (édition la plus onéreuse sur les trois), il est presque invraisemblable de penser que c'est peut-être le DVD le plus intéressant sur les 14 que constituent les éditions collector réunies. C'est encore plus catastrophique quand on sait que ce n'est pas la meilleure oeuvre du compositeur (certains passages sont un peu faciles, en particulier le thème des Hobbits qui a le même énorme défaut que le thème de Elora Danan chez Horner : une évidence mélodique vraiment gênante, et au niveau pur génie on n'arrive pas tout à fait à la même hauteur que The Fly par exemple), et c'est encore plus cruel quand on sait qu'au moment où j'écris ces lignes, Shore, crédité sur les affiches officielles de King Kong, vient de se faire virer (au profit de, on parlait justement de lui, Jim Newton-Howard).

Alors pourquoi une si bonne note au final ? Parce que même avec des défauts, nous tenons ici un bien bel objet. Magnifiquement filmé et mixé, avec des interventions intéressantes et sous-titrées comme on l'a vu, il s'agit d'un type de bonus qu'on aimerait secrètement retrouver pour tous les films. C'est un petit régal qu'on aime le film ou pas. Dans ce contexte, même si le coffret contenant ce DVD est loin d'être donné, on ne peut que tirer notre chapeau à Metropolitan qui, en plus de soigner à l'extrême le film lui-même, fait tout pour que les fans soient gâtés et les autres consolés. Avec une telle richesse mélodique par moments, la pureté des choeurs et le manque presque total de grosse tête dans cette oeuvre, il ne reste qu'à savourer. Et prier pour quelques autres concerts de cet acabit.