Album un peu lent mais recélant des trésors, DVD bonus sans aucune prétention, bonne humeur palpable

Note globale


(Note album : allez, soyons fous, 9 !)


Les clips sont moyens, le playback très comique, le tout vu le prix aurait mérité un soin maximal

Editeur : Eastgate
Durée totale : 1 h 32

Image        PAL

Un 16/9 très agréable, doux, dommage que les effets pourraves transforment le noir et blanc en espèce de teintes de gris. Quand c'est laid, c'est très laid, mais globalement ça se suit très gentiment.
Clips de l'album entier (85 min)
Making-of (5 min non st)
Tu la veux ta fessée ? Paf ! Punition. Le Dolby fait des miracles en stéréo mais cet album méritait un DTS - non, il le nécessitait. En plus ces rats n'ont même pas mis de PCM !
Musicalement c'est la grande classe, doux, hypermélodique, bien arrangé, merveilleusement chanté. Visuellement, ça craint. Donc moyenne.
Ils avaient prévenu ; et pour une fois ils ont tenu leurs promesses. Pour leur nouvel album en 2007, les Tangerine Dream avaient prédit un disque original, déroutant, plein de surprises. Et ma foi, que les "fans" ont dû se frotter les yeux pour croire au résultat ! Madcap's Flaming Duty est effectivement un Dream unique en son genre. D'abord, et c'est ce qui nous mène à notre critique, il est sorti en édition limitée avec un DVD de clips couvrant tout l'album. Album qui a une thématique (très lointaine) elle aussi surprenante : il est dédié à la mémoire de Syd Barrett. Ce qui n'est pas saugrenu quand on connaît l'amour du leader Edgar Froese pour Pink Floyd (rappelons que Nick Mason aurait dû produire Stratosfear). Ensuite, les habitués seront surpris de constater qu'il manque à l'appel Jerome Froese, le fils d'Edgar. Certains esprits malsains se rejouieront 'qu'on ait enfin viré Porcinet', d'autres regretteront son savoir-faire en matière de rythmes techno et la fraîcheur qu'il a su imposer au passage des années 90. Quoi qu'il en soit, Edgar Froese est désormais seul à la tête d'un nouveau groupe, avec claviers, guitares, jolies filles, et chanteur.
Et c'est là que les "fans" (que j'aime cette belle invention : les guillemets !) ont hurlé, et que vous, chers lecteurs, vous risquez au contraire de succomber. Après Cyclone (1978) et Tyger (1987), le Dream a osé sortir un troisième album chanté. De la variété quoi ! O rage ! O cruelle destinée ! Immondes porcs serviles à la solde du Dieu Dollar ! Infames hérétiques ! J'en passe et des moins polies, et après avoir passé un bon coup de rouleau à patisserie sur la gueule de ces Ayatollahs de l'instrumental, vous vous rendrez compte vous aussi que Madcap... est tout simplement un des plus beaux albums du groupe, si ce n'est de l'année 2007. Les fans de Tears for Fears période Orzabal-only, ceux de Cock Robin, de Chris Rea, de Talk Talk ou de Ultravox trouveront certainement de quoi se régaler dans ces 80 minutes de pop-prog-planante léchée.
Oh certes tout n'est pas parfait, et on pourra regretter une légère linéarité dans le style et le son, ainsi qu'un côté doux et poétique parfois trop insistant, rendant le disque plus "mou" qu'on ne l'aurait voulu. En même temps, c'est pas Motörhead... et passé ce cap des tempos nonchalants, vous trouverez le temps d'apprécier le savoir-faire mélodique et la classe des arrangements, ainsi que la voix veloutée et très expressive de Christian Hausl. Il y a cependant trois titres qui sortent aisément du lot : tout d'abord One Hour of Madness, avec son refrain (hélas non répété) ultra-prenant et son duo de guitares à la tierce faisant songer à une ballade de Maiden en mieux. Ensuite, une adorable reprise du folklore traditionnel, The Lake of Pontchartrain, aux entournures Gaéliques enivrantes. Et puis A Dream of Death, pavé de neuf minutes avec en son milieu un très long et très émouvant solo flûte/guitare à vous en coller des frissons, avec de délicieux parfums de Camel et Genesis. Trois titres qui méritent largement de figurer dans un best-of du groupe, même si ce dernier a dépassé allègrement le cap des 70 albums. Détail qui tue : Edgar Froese a beau être le leader du groupe, il devrait sérieusement se méfier ; sur 14 titres, les trois meilleurs sont une reprise et les deux seuls titres écrits entièrement par le petit nouveau, Thorsten Quaeschning. Ca la fout mal.
Foin du disque (encore que foin... c'est plutôt de blé dont il s'agirait), la raison de cette présence Tangeresque dans nos colonnes est que le groupe a voulu sortir un "album/clip" avec un clip pour chaque chanson, comme les Super Furry Animals ou Orbital. Mais les connaisseurs le savent : les clips de Tangerine Dream n'ont pas bonne presse. On ne sera donc pas surpris de la qualité globale, avec des camescoperies à tout-va et une recherche artistique quasi-nulle, si on excepte des incrustations parfois très mignonnes, parfois euh... Froeseques. Une heure vingt durant, on a donc des clips un peu minimalistes, très bien filmés mais horriblement cheap, pratiquement aucun n'apportant quoi que ce soit aux chansons originales, sinon quelques fous-rires. Et on ne pourra pas passer sous silence un sens du playback absolument navrant, par moments authentiquement hilarant : le chanteur est très bon mais est à moitié mort de rire, Thorsten fait semblant de jouer de tout, mais le pire c'est le père Edgar qui est totalement aux fraises, tout le temps, sur tous les instruments. Sauf à la rigueur sur le solo de Stratocaster - le fameux - pendant Hour of Madness. A croire que décidément, faire des solos mélodiques sur fond de rock, c'est depuis toujours sa marotte, son credo, sa raison d'être. Parce que pour le reste, pour être honnête, il est nullissime en playback.

Tout était donc réuni, malgré l'excellence musicale, pour faire un fiasco. Mais il subsiste pourtant un élément, un détail, qui joue en faveur de nos allemands - un de ces détails rendus rares par le fric puant qui envahit nos galettes argentées. C'est tout simplement que nos six musiciens sont heureux d'être là, d'être ensemble ; ils sont contents de leur album et s'amusent comme des gosses à faire semblant de jouer. Du coup, l'entreprise ressemble moins à ce qu'elle est vraiment - une manière efficace de vendre le disque quelques biftons de plus - et c'est un large sourire qui envahit leurs visages. Sur Edgar ou Thorsten, le sourire est déjà sympa ; sur ces purs mannequins que sont Linda Spa et Iris Camaa, c'est tout bonnement beau. Un chanteur gossebô qui se la pète avec sa chemise à jabots, des gros plans sur les manches de guitare, une photo par-ci par-la de Syd, et le tour est joué : malgré un budget modeste et un amateurisme flagrant, on passe 80 minutes sans vraiment s'ennuyer, ce qui n'était vraiment pas évident. On regrettera quand même qu'à ce prix, la Tangerine Company se contente d'une simple piste stereo, alors que ce disque aurait merveilleusement rendu en 5.1. Mais le plus mauvais point ne se trouve cependant pas dans le disque, c'est ça le plus stupéfiant : si vous savez désormais que l'achat de ce DVD bonus n'est pas du tout déconseillé, vous savez aussi que le groupe s'est désormais spécialisé dans le playback intégral et sans vergogne ni... talent. Retenez-le bien, ce sera le twist du prochain épisode de votre feuilleton dominical, 24 Albums Chrono. "Mon nom est Edgar Froese, et ma discographie est la plus longue discographie du monde". Sauf que 24, au moins, il y a un coffret !


16-09-2007