Excellente idée au packaging alléchant, super album, somme de travail évidente et totalement irréfutable

Note globale


(Note album : un bon gros 8)


Son 5.1 vraiment pas à la hauteur des énormes ambitions, image moins bandante qu'espéré (quoique...), sentiment de gâchis face aux immenses possibilités

Editeur : Universal
Durée totale : 1 h 32

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Image        PAL

La note est de dix sur dix si vous adulez le style Bollywood, avec un faux flou exprès qui fait ressortir le côté impressionniste aux couleurs bariolées mais diluées. Pour les autres, le manque cruel de piqué sera fatal.
Moyen-métrage "Rodéo indien" comprenant les clips de La dolce vita, Doolididom, Excuse-moi, J'arrive, Lola majeure, Oui, La pluie et le beau temps, Rodéo, Slow, Toc toc toc (39 min)
Making-of de Rodéo Indien (30 min)
Teaser (1 min)
Clip complet de Oui (3 min)
Rodéo - Take one (4 min)
Mumbai remix (13 min)
Entendons-nous bien (ah ah) : la piste stéréo est sublissime. Rarement un disque français aura été aussi parfait côté production. Mais les pistes surround sont si décevantes, au vu (enfin à l'ouïe) des possibilités, que plus je ne puis mettre.
Très franchement, on sera sûrement majoritaires à s'ennuyer un peu devant ces clips jolis, mignons, mais qui n'ont pas une fondation émotionnelle suffisante. Cependant, devant tant de bonne volonté et de travail, moins mettre je ne puis.
Zazie. Prénom curieux pour curieuse artiste. Queneau lecteurs se rassurent, nous n'allons pas ici prendre le dernier métro en louangeant à tare-larigot, ni dérailler en la massacrant à la Black et Decker (plus ou moins d'équerre après coup, d'ailleurs). Non, ce qui nous amène à parler de cette artiste aujourd'hui, c'est la façon dont elle a vendu son quatrième album, l'acclamé "Rodéo", une fois de plus mélange entre pop et électro comme elle les affectionne. Car nous n'avons pas ici affaire à un simple DVD bonus mais à un vrai coup de maître : un album en SACD, et une collection de clips reprenant la grande majorité de l'album en DTS ! Idée gonflée mais géniale, venant soit d'elle soit d'Universal. Pour reprendre Desproges : soit elle a eu le concept dès le début, et ça m'étonnerait quand même un peu, soit Universal sont des génies, et ca m'étonnerait quand même beaucoup.
Rodéo est un peu un ovni dans la musique française, comme d'ailleurs tout Zazie. On peut être gêné par certaines tournures de texte qui passent mal, par le côté parfois bateau des titres les plus rock, mais force est d'avouer qu'à mesure des écoutes, on se surprend à apprécier grandement ce disque, dont les mille-et-une saveurs se distillent au compte-gouttes, comme des bonbons que distribue une maîtresse sévère mais juste. Les effets de production sont plus nombreux qu'un troupeau de moutons mais ils ne sont jamais là au hasard : Rodéo et ses voix distantes se paie un dédoublement de punch uniquement à travers le renforcement et le renversement des basses (truc de studio que ne renierait pas un Kevin Moore), Sauver le Monde en l'espace d'UN coup de caisse claire fait passer Zazie de variété frenchie à "pure rock", et même quand le son devient plus franc et simple, l'excellence des compositions, pas évidente au premier abord, finit par sauter aux oreilles, comme pour cette piste cachée de fin où pendant une minute, on se demande si Zazie n'est pas fan d'Opeth. Tout y est : les accords jazz manouche mais lents, la mélodie Nick Drakienne, même le phrasé de guitare acoustique, il ne manque rien.
Le problème, lorsqu'on en vient à Zazie dans nos colonnes, c'est justement cette production léchée, ultra-fourmillante, et pourtant discrète. C'est typiquement le genre de disque qui en 5.1 doit, ne "peut" pas mais DOIT se montrer actif, mettre en valeur chaque couche de production, en mettre plein les oreilles, peu importe que "ça fasse too much". Or, le résultat est si pauvre qu'on se croirait dans une gare un jour férié : un train toutes les heures. Et une dizaine d'effets arrière à tout casser sur tout le disque, qui en SACD reste désespérément plaqué sur l'avant comme une araignée écrasée par une armoire. Pour être tout à fait sincère, c'en est au point que vous pouvez vous demander si par hasard vos enceintes arrières sont bien branchées. Si c'est votre premier SACD, il y a de quoi se poser des questions. Ne souriez pas, c'est bien arrivé à notre estimé confrère Kaworu. En stereo, on salive, on bave, on en lâche quelques gouttes de liqueur rien qu'à penser au même résultat en 5.1, et au final, on passe quarante-cinq minutes à se contorsionner dans son fauteuil en cherchant pourquoi on n'entend rien. Un désastre, qui ne retire en rien l'exceptionnel travail sur l'album en général, mais qui n'y rajoute pas le minimum syndical.
Mais foin de SACD, c'est de l'autre galette dont qu'on va causer ici, comme d'habitude me direz-vous. Le très long préambule était cependant nécessaire pour remettre immédiatement à plat ce que vous auriez pu attendre vu les promesses du (sublime) packaging : oui, les clips sont proposés en DTS, et non, le surround n'en est pas meilleur. Il y est même pire car le film rajoute des bruitages d'ambiance (une magnifique pluie, notamment) qui eux sont spatialisés, et ne font que raviver cette déception qui fût nôtre. Alors mettons cela de côté et plongeons-nous dans l'image. Ben figurez-vous que là aussi, il y aura Beatles et Stones. Pardon, Paul et Mick. Pour défendre Rodéo à la télé, Zazie a choisi le format, encore très peu usité mais génial, du moyen-métrage, du film à sketches. Là où ça coince, c'est qu'elle a choisi comme axe de développement Bollywood.
Outre le jugement subjectif de ne pas supporter ce genre, il faut aussi avouer que quelque chose coince, que ça "ne passe pas", et ce malgré d'énormes quantités d'énergie et de talent déployées, sans compter un tournage épique en Inde, des costumes et décors fantastiques, et la réalisation ouatée de Didier Le Pêcheur. La vision d'ensemble était grandiose mais le résultat final n'a pas la cohérence désirée, sentiment renforcé par quelques clips plus "normaux", comme ce Toc Toc qui a du mal à passer (la naïveté de quelques formulations textuelles étant empirée par le second voire troisième degré du clip qui fait tâche à côté du reste), ou encore ce Slow, clip très joli mais sans une once d'originalité, et où la touche de bisexualité finale est hors-sujet : c'est mignon, très bien filmé, extrêmement excitant, mais ça n'a strictement rien à faire dans ce Rodéo Indien. Bref, malgré tous les efforts, on a là, et cela peut hélas arriver à n'importe quel artiste, un résultat qui est moins fort que la somme de ses composants.
Universal n'a pas fait les choses à moitié, reconnaissons-leur bien volontiers cela, et ces quarante minutes de clip sont complétées par des bonus. Deux devraient retenir l'attention. Un seul survivra. Le making-of, en effet, est un journal de bord chronologique où, tout comme pour les clips, certains devront se forcer pour aller jusqu'au bout. On y trouve beaucoup de "trucs" de tournage, on se rend compte de la somme d'efforts fournie qui est super-colossale en Inde (Satriani private joke), Zazie revient un petit peu sur ses motivations et admet à demi-mots que tourner huit clips en onze jours est une connerie, mais pratiquement rien n'accroche, ne garde l'attention du spectateur assez longtemps, ni pour l'émerveiller s'il a déjà adoré les clips (qui, vous l'aurez compris, ne sont pas du tout individuellement mauvais, ce n'est pas ça le problème), ni pour lui légitimer les raisons d'un semi-échec (bon, disons un tiers).

On se rabattra donc sur un mini-live de trois vieux titres réarrangés à la sauce vindaloo pour l'occasion : pas parfait, mais diablement sympathique et enthousiasmant. Assez pour dédouaner la sympathique jeune femme de tout ce qui a pu décevoir lors de ce pourtant copieux DVD bonus : l'idée de départ était géniale et alléchante, et quitte à taper dans la variété française, on ne peut même pas accuser l'album de départ de ne pas être très bon ! Que voulez-vous, il y a des gâteaux comme ça, même avec un kilo de chantilly, on ne peut pas nier que la cuisson n'était pas assez forte. Alors on lèche la crème et on se promet que, la prochaine fois, on mettra tous les potards au maximum. Les chansons de Zazie sont en porcelaine véritable, vous pouvez donc mettre la gomme, ça craint rien.


30-05-2007