Isabelle Boulay - Du temps pour toi     


Excellence de la prestation vocale, bonne humeur sur scène, très bon son surround, un bonus vraiment sympathique

Note globale


(Un bon, un gros, mais un 6)


L'extrême formatage de la musique qui conduit à une prestation live propre mais bien trop polie

Editeur : V2 Music
Durée totale : 2 h 52

- (PCM)

Image        PAL

Clips de Le Saule, Parle-moi, Un jour ou l'autre, Mieux qu'ici bas, Une autre Vie et Tout au Bout de nos Peines (23 min, PCM, format respecté)
Session acoustique à l'Olympia (25 min, PCM)
Emission "Un Noel au Canada" (13 min PCM)

Aux noirs profonds s'ajoutent des teintes de rouge et pourpre très subtiles et une bonne définition, un peu gâchée par un côté vaporeux. La réalisation est fluide, mais continue de beaucoup trop montrer la chanteuse au détriment des autres musiciens.
Si la piste stereo paraît un peu trop lisse, le 5.1 mettra tout le monde d'accord, avec une très jolie spatialisation des guitares acoustiques et des claviers. A défaut d'avoir la pêche, le son est très entourant et a fait du mieux qu'il pouvait vu la colonie d'éponges sous-marines migratrices qui servait de public.
Eh oui, en tant que setlist pure, on ne peut mettre moins de huit à ce florilège de chansons n'oubliant aucun album peu ou prou, alternant tubes, reprises, unplugged et duos : les fans de la belle auront de quoi se régaler.
La présence des clips est fort bienvenue (même si c'est pour la mauvaise cause), le making-of est gentil comme tout, mais surtout la session improvisée semble l'être réellement, 25 minutes de total relâchement au milieu d'un DVD par ailleurs très carré.

Voilà pourquoi il faut prendre soin des fourreaux de DVD. Un jour, dans un futur très lointain, et si la connerie humaine nous permet de dépasser 2070 - ce dont je commence à douter - on pourra recréer des êtres vivants à partir d'une simple photo. Moi, confit dans mon fauteuil de grabataire sénile, je reprendrais la jaquette de ce concert d'Isabelle Boulay. Un corps absolument parfait, un visage d'ange, une chevelure de rêve, des yeux de biche, oserai-je ? Bien sûr : Boulay est canon. Et non contente d'être physiquement sublime, elle a une très jolie voix avec ce drôle d'accent québecquois dont on ne se lasse jamais. Je la recréerai donc, magnifique dans cet ensemble noir qui épouse chacune de ses délicieuses courbes, et je la ferai chanteuse, comme avant. Mais chanteuse de country et de jazz, uniquement en anglais, et avec interdiction formelle de mettre les pieds à l'Olympia.
Mais on rêve, on rêve, et finalement nous y revoilà, dans cet Olympia, mère patrie de Gilbert Bécaud et Edith Piaf. La dernière fois que nous avions virtuellement foulé son tapis rouge, c'était pour y accueillir la jeune Chimène Badi, et de nous poser la question d'une différence entre concert et récital. La prestation d'Isabelle Boulay donne un élément de réponse puisqu'ici on se retrouve exactement à la frontière des deux. La jeune femme est entourée d'un panel assez fourni de musiciens, tous compétents dans leur domaine et semblant en prime polyvalents ; l'ambiance sur scène est fraternelle, Isabelle discute avec eux, les charrie, et on les voit (sauf le bassiste très peu filmé). D'un autre côté, tout cela n'empêche pas que 99% du concert soit basé exclusivement sur la chanteuse, ses paroles et sa voix, avec tout ce que ça comporte d'exclusif. C'est là le cœur de notre problème : si les musiciens sont bien vivants mais que le tout ressemble à un récital, ça ne peut donc venir que des chansons. Outre les deux reprises de chanteurs pas vraiment à la page et l'âge moyen du public, qui flirte dangereusement avec la retraite (donc l'ambiance c'est : applaudissements polis, fleurs et quelques refrains chantés timidement), le spectacle n'arrive jamais à décoller à cause des chansons.
Pourtant la setlist en tant que telle est digne d'éloges, n'oubliant quasiment rien de la déjà prolifique carrière d'Isabelle, y compris un duo virtuel avec Johnny (à ce propos, petite puce, quand on chante avec Johnny, on ne déclare pas dix minutes plus tard qu'on s'est "faite à l'idée" !). La voix est toujours parfaite (parfois trop d'ailleurs : voir le rappel), la prestation sobre mais agréable, rien à redire. Mais l'enchaînement des chansons leur est fatal. Outre le fait qu'elles comportent quelques textes et rimes d'une facilité et d'une banalité à en écarquiller les yeux, elles sont harmoniquement assez banales pour réussir à s'annuler les unes les autres. On peut sentir de la passion dans la voix, de la douleur dans les détails parolifères, mais pas le travail et la sueur qui en découle, un peu comme une paëlla avec les meilleurs ingrédients du monde, mais sans épices. Il est indubitable qu'Isabelle fait partie de la catégorie "chanteuse de variété" dans la plus pure tradition, mais sans son irréelle beauté et sa voix, plus pure, moins forcée que ses congénères, elle ne donnerait pas ici l'élan qui lui permettrait de se mettre un peu à part, comme sont arrivées à le faire des Lara Fabian ou des Nolwenn Leroy : cette manière de faire passer que le formatage des chansons soit un fait, mais plus une gêne.

Les bonus confirment cette impression à une exception près. Nous retrouvons déjà le making-of d'une émission de Noël où elle s'est permise d'inviter un sacré paquet de beau monde (Mitchell, Hallyday, Lavilliers, Salvador...). Ambiance de Noël, fous rires, visions d'apocalypse (Johnny le bouc rasé, quelle horreur ! Le poil te sied, fieu !), répétitions, fausses notes, échanges amicaux... Tout y est, sauf l'émission. Et donc sauf la musique. Bonus ou malus ? On était en droit d'exiger plus que le simple making-of ! Ensuite, plus grave, viennent les clips. Ils sont beaux, bien foutus, Isabelle y est sexy en diable et joue très bien la comédie, mais sur les 6 chansons, 5 se ressemblent comme deux gouttes d'eau ! "Tu m'as quittée, tu es un salaud mais je t'aime toujours" : on a l'impression de se farder 5 ballades de X-Japan d'affilée. La vision de ces clips jette le discrédit sur le concert qui pourtant, on l'a vu, n'est pas spécialement désagréable ou pénible : ce n'est pas à cause du contexte d'un live que les chansons semblent uniformes, c'est parce qu'elles le sont vraiment ! Quant au clip avec AhQue, non seulement il est franchement inutile, mais il permet d'apprécier sur le dernier mot une magnifique, franche et assumée fausse note du père Hallyday. Sur un disque studio avec clip et tout le bazar, ça la fout mal.

Le dernier cadeau permettra cependant à la douce Québecquoise de s'extirper de cette formule simpliste pour auditeurs d'RTL dont on sent bien qu'elle peut la dépasser (on prie même pour cela lors du premier rappel "je fais la bise au public" dont la crédibilité est douteuse : sa voix est parfaite alors qu'elle embrasse des gens qui hurlent et qu'on n'entend pas du tout. Ce n'est plus un micro directionnel, c'est une cage de Faraday). Oui donc, ce dernier bonus, sans public et avec un seul micro, perché haut à la va-comme-je-te-pousse (et c'est génial !). Enregistré dans les coulisses de l'Olympia, ce bonus est une répétition acoustique, mais une vraie, avec son brut, fausses notes, rigolades et tout ce qui va avec. Et de découvrir que non seulement le groupe est vraiment doué, mais que la ch'tiotte, une fois débarassée de ces arrangements sirupeux et ce tempo molasson éternel, se montre bien plus convaincante et à l'aise, dans un registre quasi-country qui rappelle fortement Linda Rondstadt. Ca n'augmente pas vraiment la qualité des chansons, mais bel et bien celle des interprètes.

Du coup, on se surprend à rêver de cette ouverture musicale associée à l'excellence du DVD. Car ne nous leurrons pas, une fois de plus les Français montrent ce qu'ils savent faire : l'image, n'ayant rien d'exceptionnel, est malgré tout très propre, et le son stereo l'est tout autant. Le 5.1 rajoute en prime un public sur l'arrière très fidèle (c'est à dire mou comme une éponge humide), mais surtout, une chanson sur deux, une spatialisation délicieuse et bienvenue des guitares et percussions, aérant grandement l'espace sonore (et décuplant la banalité mélodique, mais bon...). En somme, un double disque qui n'aura rien de honteux dans une discothèque lambda, et qui ravira les fans de la biche de Montréal, mais qui risque tout autant pour d'autres de rester à jamais leur unique contact avec les chansons de la dame. A vous de voir selon le prix et vos envies du moment, même si de toutes façons l'élément principal est honteusement manquant du package. Ben oui, en ouvrant le boitier Amaray, vous ne trouverez pas Isabelle en chair et en os. Vraiment une arnaque, surtout que vu sa taille, elle tenait très bien. Ce n'est pas très professionnel, V2. Je ne vous félicite pas.


27-11-2007

29 & 30 avril 2005 - L'Olympia (Paris)


01. Jamais
02. Parle-moi
03. Tout au bout de nos peines
04. Aimons-nous
05. Je voudrais
06. Du temps pour toi
07. Medley acoustique (Pleurs / Loin / Oublierai)
08. La vie devant toi
09. Celui qui dort avec moi
10. En t'attendant
11. Le coeur volcan
12. Et maintenant
13. Mieux qu'ici bas
14. Les séparés
15. Coeur combat
16. Je sais ton nom
17. Un jour ou l'autre
18. Une autre vie
19. Le petit garçon
20. Tout un jour


Isabelle Boulay - Chant   
   Christian Péloquin, Martin Bachand - Guitare, choeurs
Kevin De Souza - Basse, choeurs    
   Julie Lamontagne - Claviers, accordéon, choeurs
Michel Roy - Batterie, choeurs    
   Eric Webster - Claviers, percussions
Mélanie Belair - Violon   
   Christine Giguère - Violoncelle
Johnny Hallyday (bande), Julien Clerc - Chant   
   Jean-Pierre 'Titi' Bucolo - Guitare solo invitée (et belle)