Très bon son, ambiance sympathique, belle introduction au folk-blues

Note globale


Court bien sûr, double face inutilement, et la mise en images n'est pas indispensable

Editeur : Warner Music Vision
Durée totale : 1 h 04

- (PCM)

Image        PAL

Paroles en sous-titres

La définition a pas mal passé le cap des dix ans et plus. Le montage est doux et les gros plans sur les deux mains de Dieu (pour une fois la main droite n'est pas oubliée) sont très lisibles, c'est tout ce qu'on demandait, même si l'image n'a aucun réel éclat.
Le PCM est déjà très connu, mais le 5.1, s'il ne spatialise rien, possède une très belle chaleur et les cordes claquent magnifiquement. On aurait juste aimé entendre les percussions de Ray Cooper sur l'arrière.
De bonnes reprises, de belles versions, mais on pourra regretter soit le manque de punch, soit le peu de chansons de Clapton. Par contre si vous ne connaissiez pas ces classiques absolus, voici de quoi vous rattraper.
Juste les paroles et interventions sous-titrées. Ca fait très chiche vu l'importance du disque, mais c'est toujours ça de gagné.

Ah, gros pavé ! Enorme pierre angulaire que ce Clapton Unplugged. Ne pas le chroniquer, même si c'était pour en dire tout le mal de la Terre, serait insensé tant ce concert, et le CD qui a suivi, ont redéfini tout le paysage musical des années 90 alors à peine entamées. Car entre le rap, la techno, les boys band, l'indus, il ne faut pas oublier que le "unplugged" a pendant au moins trois ans (92-95) quasiment dominé le monde de la musique, et pas que dans les charts (chacun s'y adonnant sans retenue) mais aussi en modifiant profondément l'approche musicale d'un nombre non négligeable de groupes. De Queensrÿche aux Cranberries, des Corrs à Nirvana, tout le monde s'est amusé à s'inviter sur le plateau de MTV pour gratter la sèche. Tous sauf Springsteen qui en avait profité pour faire un non-unplugged, d'ailleurs pas franchement bien accueilli. Mais revenons à Clapton.
Les années 80 l'ont démoli. Ses albums solos sont de plus en plus critiqués et espacés. La drogue semble l'avoir repris. Et son fils fait le saut de l'ange. Le sursaut viendra de la chanson Tears in Heaven, où l'on retrouve un Clapton douloureusement humain, et de la bande originale du film Rush où son orgueil semble avoir eu des tressaillements salvateurs. Joli album dont le point orgasmique est un duel de 10 minutes entre Dieu et Buddy Guy, Rush le remettra sur le devant de la scène et Unplugged arrivera quelques mois plus tard. Enorme coup médiatique. Raz-de-marée sur les ondes. Les télés et radios du monde entier ne jurent plus que par Clapton, et MTV décide de faire de ces "unplugged specials" une poule aux oeufs d'or qui sera engraissée à satiété et exploitée jusqu'au dernier arpège (sauf qu'on attend toujours les excellents Queensrÿche et REM Unplugged, bref). Le public suit et se plonge avec délice dans cette nouvelle mode.
Et pourtant, quand on regarde la tracklist, et même quand on écoute le disque, on peut dire que Clapton n'a pas choisi la facilité. 90% des titres présentés ici sont des reprises de standards du blues, voire du folk, datant plus des années 20/30/40 que des années 70. Seuls Tears in Heaven, Before You Accuse Me et Old Love peuvent prétendre au titre de classiques Claptoniens, le reste n'est que gloire aux vrais maîtres. Alors soit le public américain a reconnu son patrimoine, soit ils n'ont rien compris mais le coup de bluff a marché... en tous cas les résultats sont là : ce CD est sur toutes les lèvres depuis des années, à la moindre note près, et le DVD l'accompagnant ne pourra pas le hisser beaucoup plus haut. De fait, la mise en images, si elle n'a rien d'épouvantable, ou même de décevante, est simplement banale. Elle permet surtout de se régaler sur les glissandos de Dieu sur Hey hey, sur le jeu magique de Andy Fairweather Low (qui rejoindra Satriani trois ans plus tard pour briller encore plus), et on comprend enfin pourquoi Clapton coupe net l'intro d'Alberta.

Petits plus inévitables (pourtant certains éditeurs les auraient évité) : d'abord, les sous-titres des paroles et interventions. En majuscules. Oui, n'est stupide que la stupidité, m'enfin c'est bon à prendre. Ensuite, le 5.1. Alors là, vous avez deux possibilités. Vous aimez le son surround parce qu'on entend les musiciens partout dans tous les sens : passez votre chemin. Ou alors vous êtes audiophile, vous regardez les concerts de façon religieuse avec des enceintes à douze mille balles, et ce que vous appréciez, c'est la réverb naturelle. Sur ce point, inutile de chercher la petite bête : le son, déjà chaleureux, devient superbe. La compression est vraiment minime et vous vous régalerez. Il suffira de ne pas se tromper de face puisque Warner s'est amusé à nous pondre un DVD-10, une face stéréo, une face 5.1. Quand on voit la durée, c'est euh... étonnifiant. Bouleversifiant. Mais surtout emmerdifiant. En tous cas, voici un DVD pas du tout indispensable, mais qui, curieusement (...tant que ça, au fait ?), donne un état de manque dans une collection quelle qu'elle soit. C'aurait pu être plus ceci, plus celà, et en plus depuis treize ans on connaît par coeur cette petite heure qui a marqué au fer rouge le monde de la musique; en attendant, si vous n'aviez jamais écouté ce live, et que vous désiriez vous initier au folk-blues, voici une franche occasion de vous rattraper. Et sachez que ce n'est qu'une petite intro à un monde bien plus vaste que les trois accords qui l'ont composé.

1992 - Bray Film Studios (Windsor, Angleterre)


01. Signe
02. Before you accuse me
03. Hey hey
04. Tears in heaven
05. Lonely stranger
06. Nobody knows you when you're down & out
07. Layla
08. Running on faith
09. Walkin' blues
10. Alberta
11. San Francisco bay blues
12. Malted milk
13. Old love
14. Rollin' & tumblin'


Eric Clapton - Chant, guitare   
   Steve Ferrone - Batterie
Nathan East - Basse, contrebasse    
   Ray Cooper - Percussion
Andy Fairweather-Low - Guitare   
   Chuck Leavell - Claviers
Katie Kissoon, Tessa Niles - Choeurs