Indispensable aux fans de Russell Mulcahy, bonus sous-titrés, vidéo culte

Note globale


...Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?!

Editeur : EMI
Durée totale : 2 h 05

(PCM)

Image        PAL

Fourreau conceptuel, poster, 16 autocollants
Making-of (49 min st fr)
Pub TV (1 min)
Bande-annonce (3 min st fr)
Arena Video Mix (5 min st fr)
Save a Prayer en live (4 min)
Interview de Simon LeBon (3 min st fr)

Pour l'époque, on peut être bons princes. Il y a beaucoup de rémanence vidéo, une définition parfois hésitante, des couleurs délavées. Mais surtout, certains trucages subissent les outrgaes du temps et le DVD ne fait que les renforcer, comme pour le Marillion's Brave. Vidéo, je te hais.
Si le making-of est très plaisant, le film est un capharnaüm de bruitages abrutissants, de dialogues parfois étouffés, et de musique lointaine, fortement imprécise. Non seulement les chansons des Duran sont mal mixées, mais l'ensemble n'est pas agréable à écouter... voire insupportable sur certaines séquences.
L'idée de départ était pourtant bonne, du moins originale. Mais mélanger un live trop retouché et un film mauvais dans son essence ne pouvait pas donner grand-chose. En prime, les amateurs occasionnels désirant écouter Duran en live à leur époque de gloire seront bien bernés. Reste le clip de Wild Boys, magnifique, déjanté, grand-guignolesque.
Du sous-titre partout, un making-of aussi long que le film, toutes les pubs, un extrait d'interview inédite, un beau fourreau, des saloperies partout : EMI a bien compris que Arena était une sortie importante, et l'a choyée. Même si le making-of manque de rythme..

D'abord, le contexte. 1984/85. La pop FM se déchaîne, les anglais y sont passés maîtres, et le monde de la musique est dominé par les clips et MTV. Dans ce domaine, il devient difficile de faire mieux que Steve Barron, John Landis a carrément atomisé la concurrence, et si la moitié des clips montre une volonté certaine de recherche picturale, l'autre n'est que débauche de spandex, plumes volantes et poils de torse. Contexte donc aussi vibrant que morose. Maintenant, les coupables. Duran Duran, dont le nom est emprunté au méchant de l'éblouissant chef-d'oeuvre pré-Max-Pécas Barbarella (avec Jane Fonda aussi belle qu'elle joue mal). Un groupe de 5 minots britanniques qui dès le départ ont misé cash sur les clips à gros budget, à scandale, à recherche, à tout tant que ça fasse parler sans faire perdre de sa superbe à leur pop-rock survitaminée. Dernière pièce du dossier : le mobile. Déjà en avance côté clips, le groupe s'apprête à filmer un de leurs concerts, et à l'époque cette pratique pataugait un peu dans le déjà-vu. Leur vient alors une de ces idées qui sur le papier ne peut qu'être géniale. Seulement voilà, les DVD ne sont pas en papier.

Mais... mais mais... c'est nul-euh ?!
Leur but : transformer un simple live filmé en véritable expérience audiovisuelle... et pourquoi pas un moyen-métrage ? Ce Grâal en tête, ils vont alors débaucher l'australien Russell Mulcahy, très jeune réalisateur visionnaire, spécialiste des caméras virtuoses et du découpage serré, et dont le premier (et jusqu'à aujourd'hui meilleur) film Razorback a fait forte impression. La collaboration de Simon Le Bon et de Russell le Très Bon donnera naissance à Arena... an absurd notion. Effectivement, après visionnage de la bête, cela reste une notion absurde : mélanger film et live, surtout à l'époque, ne pouvait conduire qu'à un semi-échec. Seulement pour s'en rendre compte, il était nécéssaire de le coucher sur film, de le monter, de le voir et revoir, et de tenter de trouver la faille. Et par conséquent d'avoir les glaouïs de mettre en oeuvre ce chantier.
Retour en 2004, sortie en DVD d'Arena entre autres Duranneries. Qu'en reste-t-il ? Un gâchis certain, le poids écrasant des ans, mais aussi un document d'époque impressionnant. D'une durée de 58 minutes, mais semblant durer une éternité, le film tente donc de mêler une "histoire" à un concert filmé, refilmé et donc largement trafiqué. Le hic, c'est qu'au lieu de se compléter comme voulu, les deux genres se marchent sur les pieds, empiètent sur leurs territoires respectifs et au final laissent tout le monde frustré. Vous désirez vous procurer Arena pour la musique des Duran ? Halte-là ! Il n'y a quasiment aucune chanson entière, les performances live étant charcutées par des bribes de dialogues et d'explosions de toutes sortes, et de toutes façons le son global de la musique a été si mal mixé que vous aurez peine à reconnaître votre cher 33 tours "Arena" si adulé à son époque. Le vrai live sans fioritures existe bien, il a été filmé, il a même un petit nom officiel, mais il n'est jamais sorti, ne sortira probablement jamais, et si vous voulez du live d'époque, restez-en à la galette en cire.

C'est nuuuuuuuuuul-euh !
Vous voulez plutôt regarder un film ? Là aussi, méfiance ! Tout dépend de votre état d'esprit. Si vous voulez une vraie histoire, quelque chose de passionnant à regarder et pas trop daté, si le kitsch vous rend nerveux, si vous n'aimez pas cette impression Aronofskienne de ne rien piger parce qu'il n'y a rien à piger, vaut mieux vous épargner 50 minutes de torture. Arena est l'histoire d'un dictateur mégalo de l'espace qui revient sur Terre pour punir les Duran d'avoir piqué son nom. Ca devrait faire 6 minutes, ça en fait 58. Gavé jusqu'à l'os de chorégraphies punk, de décors post-apocalyptiques tendance studio de Boulogne-Billancourt avant démantèlement, d'accessoires futuristes qui feraient rire Francis Cabrel et de machins qui explosent ou prennent feu dès qu'une mouche pète, Arena n'a ni tête, ni queue, que des couilles comme on l'a déjà vu, et ça ne suffit pas. Le pauvre Milo O'Shea livre une caricature de méchant, les pièges sont ridicules, rien ne peut sauver un naufrage collectif qui n'a comme seul intérêt que de mettre nos beaux gosses un tant soit peu en péril. Mélanger musique et histoire, ça peut marcher ; mélanger live et histoire, il faut s'appeler Zemeckis ou DePalma. Là, c'était Mulcahy.
Et ça tombe bien, c'est justement le seul réel intérêt : Mulcahy. Si vous aimez le style du bonhomme, cet Arena est son chef-d'oeuvre dans le style. Angles impossibles, amorces à chaque plan, ralentis avec flashes, travellings et plans à la grue de tous les côtés, photographie bleu acier, abus de la multi-cam, de l'eau et des reflets, caméras embarquées, feux d'artifices, tout, je vous dis, tout ! L'ambiance Mad Maxienne avec pratiquement rien pour la suggérer à la Razorback ? Check. Les chorégraphies sur musique rythmée avec travellings circulaires et des reflets de lumières directes partout comme sur Highlander ? Check. De l'eau n'importe où à en faire pâlir Ridley Scott comme dans le navrant Resurrection ? Check. L'incessant découpage plan fixe/plan large du final de Rambo III ? Check. Si le côté tapageur, limite racoleur, de l'esthétisme des années 80 vous plaît, Arena en est un exceptionnel condensé, culminant avec Wild Boys et son clip qui en met plein les mirettes. Un film ennuyeux, mais une leçon de mise en scène.

Oh my God it's fucking bad-euh !
Si d'aventure vous l'osiiez (l'aventure), ce disque mélange chèvre et chou. L'image est relativement bonne, mais est victime de son époque : le grain mélange celui du film ET celui de la vidéo (mariage contre nature), les trucages subissent le même sort que Marillion's Brave : on ne voit plus qu'eux. Le son non plus n'est pas au top, comme on l'a vu plus haut. Avantage : les dialogues sont sous-titrés. Ca fait peu, comme avantage. Autre avantage, les fans purs et durs ne seront pas lésés : magnifique boîtier avec fourreau malin, poster, 16 autocollants, une interview courte mais bonne de Simon, UN titre live (si si), et trois bandes-annonces, respectivement un peu trop longue, carrément trop longue, et parfaite... oui, parfaite... pour remplacer le film. Un Reader's Digest en somme.

Et parce que mine de rien cette entreprise a marqué une étape dans le monde de la musique, EMI nous offre le making-of d'époque, sous-titré lui aussi, et bien. Un making-of qui est un cas d'école. On aura rarement (jamais ?) vu un documentaire aussi long et aussi complet sur le tournage d'une vidéo des eighties. Beaucoup de sujets sont abordés, on voit des tas de choses intéressantes, le fil rouge est assuré par les musiciens eux-mêmes, le rêve... Sauf qu'on s'ennuie. En tous cas, votre serviteur, grand adorateur devant l'éternel de ce genre de documentaire, a trouvé le temps encore plus long que pour le clip. Est-ce dû à la densité des infos, impressionnante ? Est-ce dû à l'image vidéo qui après déjà 50 minutes de flash-pour-la-nuit fatigue un peu ? Est-ce le côté vain du résultat final qui décourage ? Est-ce simplement... la longueur ? Quoi qu'il en soit, la présence de ce making-of est bienvenue, de par sa rareté, mais aussi parce que le son y est meilleur que sur le film. Spécialement en surround où la musique passe sur l'arrière avec une précision étonnante. Et c'est bien là le souci : le manque de musique, le manque de scénario, le manque de cohésion, choses dont les Durannies sont pourtant capables. Arena restera une vidéo phare dans l'histoire, et il y a clairement eu un avant et un après ; mais pour ce qui est du pendant, votre appréciation risque fort d'être liée au nombre de poils que vous aviez sur le torse en 1985. Rassurez-vous, vos gravures de mode préférées n'ont pas été avares en DVD, ce n'est que le prologue de leurs aventures. Et puis dites-vous qu'au moins les prochains n'auront pas de Barbarella inclus. A moins que...


23-02-2009

1984 / 1985 - Royaume-Uni


Hem... Aucun titre vraiment entier, à part Wild Boys qui est un titre studio et Save a Prayer en live bonus.