Musicalement, la quintessence d'un genre trop peu connu, et accessible en plus

Note globale


Techniquement, c'est entre l'anecdotique et le hideux

Editeur : Candlelight
Durée totale : 0 h 58

Image        NTSC

Clips de Empty et The loss and curse of reverence (10 min)
Galerie de photos
Discographie nulle

Ca bave, la définition est très moyenne, la compression itou. Heureusement, pour la plupart des titres, on a une vision pertinente et réaliste du concert.
C'est un peu brouillon mais c'est le maximum qu'on puisse faire dans le genre : les claviers ressortent bien, la batterie n'explose pas la tête. On regrettera l'écho sur la voix et un peu de platitude alors qu'en live tout devrait paraître plus groovy.
C'est magnifiquement joué mais c'est trop court. Un excellent concert qui aurait mérité d'être complet, et d'excellents rendus live .
Une discographie franchement mauvaise et deux clips qui ne vont pas redorer le blason du genre black metal auprès des fans de Yvette Horner.

Voici une aubaine comme vous en verrez rarement. Ce DVD est peut-être loin d'être parfait (sinon il aurait eu 10, réfléchissez !), mais il possède une qualité indéniable : c'est une pierre angulaire. A savoir que si vous voulez connaître, découvrir, apprécier (ou pas) le genre black metal, la simple vision de ce DVD suffit. C'est l'essence même du genre, un incontournable, à 100% dans la mouvance, à la fois soigné et complètement honnête. Mettez-le, regardez-le et écoutez-le, imprégnez-vous de cette haine mélodique (méloDISTE) plus misanthrope qu'anti-déique et encore plus pragmatique que misanthrope. Tapez-vous les 50 minutes de ce trop court concert. APRÈS, uniquement après, vous pourrez (continuer de ?) dire que "le hard c'est de la merde" et histoire de faire plus intello "le black death sataniste hitler machin tout ça ben c'est à chier". Après seulement. En attendant, si une idée, un rythme, une parole, quoi que ce soit vous a attiré l'oeil ou l'oreille (surtout l'oreille d'ailleurs), repassez-vous le concert. Les cinquante minutes. Encore et encore et encore. Vous pouvez détester le metal, tout ce qui est violent, tout ce qui n'est pas positive attitude (de beauf). Mais par pitié, épargnez cette galette d'argent qui est la quintessence d'un style unique (un style quoi !), et si on devait ne garder qu'une demi-centaine des rondelles kro-niquées sur ce site jusqu'à la fin de l'histoire de l'humanité (250 ans ?), celle-là y serait sans compromission possible. Aussi court et bancal soit-il, ce live fait partie de la grande histoire des meilleurs live de ces trois cent dernières années, point barre. Vous n'aimez pas ? Pas grave, cette chronique est à haute teneur en objectivité.
Emperor, c'est un groupe culte à de nombreux étages. Le pire étant tout le côté morbide, sataniste, anthropophage et j'en passe et des moins drôles, qu'a connu la jeune mais brillante scène black suédoise et norvégienne à cette époque. Je te brûle des églises, j'attaque des prêtres, je tue mon musicien parce que c'est un pédé / un homophobe / les deux / rayer les mentions inutiles et le mec du même coup; et le fin du fin, j'assassine mon meilleur pote, je le décapite, je le scalpe, je bois dans son crâne et avec les restes des ossements je me fais un collier. Ridicule, scandaleux, épouvantable, diabolique, vous pouvez y accoler tous les adjectifs négatifs et je serai tout à fait d'accord. Reste que le groupe Emperor, en tant que tel (groupe de hem... "rock"), a donné naissance à de purs chefs-d'oeuvre musicaux, un summum de barbarie et de violence, mais également de majesté, de nostalgie (textes limite écolo splendides) et de subtilité. Oui, le black est un style musical subtil, et voir ces musiciens jouer en direct ces morceaux hyper-longs, complexes et à priori bordéliques, vous en fera prendre conscience.

Niveau musique, on a droit à la crême. On sait que les musiques extrêmes ont souvent besoin de musiciens à la concentration tout aussi extrême (et d'ailleurs c'est ce manque qui saborde 99% des groupes) : ici c'est pile dans la cible. Pas un pain, ou si peu (juste de quoi rester humain), des guitares incisives et qui dépotent du riff à tare-larigot, une batterie épileptique mais pas envahissante (le défaut du premier album est gommé), et surtout un clavier d'un parfait bon goût (à la rigueur, Yvan Cassar pourrait tenir ce rôle, il y serait complètement à l'aise). Le set est court, trop court, BIEN trop court, heureusement on pioche dans tous les albums. Du premier ultra-archi-malsain au dernier à l'époque, un IX Equilibrium qui déjà avait été taxé de COMMERCIAL ! Eh bien vous voulez savoir ? C'est vrai ! C'est complètement vérifiable ! Et on s'en FOUT ! C'est mélodique, bien produit, ça coule tout seul, la basse est limite groovy. Mais c'est Emperor. Intouchable.

Malheureusement, ce DVD ne donne pas une image parfaite du groupe et du style. Attention, ne pas diminuer l'excellence du concert en lui-même, il faut juste remettre les choses à leur place : les clips bonus sont nullissimes, le concert est court, charcuté, certains effets vidéo sont authentiquement pourris (mais c'est moins flagrant que d'habitude), il manque forcément le prochain album, la discographie est non seulement atrocément nulle, mais en plus avec des fautes (Athems of the Welken ?!?); seul bon point de cette dernière : m'avoir appris qu'une double compil de faces B et autres avait vu le jour. L'image du concert est un peu meilleure que prévu (peu de mongolisme vidéaste primaire comme tant de groupes, j'en passe et des moins bons, se seraient hem 'permis'), le son est d'une clarté à toute épreuve, mais c'est vrai qu'on a un sentiment de peut mieux faire, d'inachevé, d'autant exacerbé que le groupe s'est cliniquement euthanasié. N'empêche, le peu que vous aurez, vous en baverez.

J'ai l'air de m'énerver mais il ne faut pas chercher très loin la raison : pour une fois qu'on peut réhabiliter un style musical franchement peu populaire, on a un traitement pas mauvais mais hautement optimisable. Donc j'ai quelques raisons de me montrer gratuitement épidermique : c'est le style musical le moins populaire, le plus incompris, le plus foncièrement hermétique et le plus gratuitement gaudriolé par le monde merveilleux des mass merdia. Ne voyez aucun message politique dans cette chronique à haute teneur en Polémisation Desprogienne Misanthrope (le PDM - vous adhérez ? vous adorez !). Je constate juste que 99% des gens lisant cette chronique secoueront la tête, navrés, et prêts à se tailler les veines plutôt que de regarder deux secondes de cette horreur nihiliste. Au nom du bon goût. Qu'ils retournent à Lorie et Benabar, on se passera volontiers d'eux - en attendant, l'un des deux camps aura écouté les arguments de l'adversaire. Pas de réciproque. Au nom de la liberté d'expression, achetez ce DVD. J'en fais trop ? Euh oui, c'est vrai. Les musiciens aussi, d'ailleurs : trop de notes, trop de rapidité, trop de tout. Mais c'est que quand on aime, on ne compte pas. Un DVD indigne du groupe, un concert coupé en mille miettes, et malgré tout, un indispensable.

14 mai 1999 - LA2 (Londres, Royaume-Uni)


01. Curse you all men !
02. Thus spake the nightspirit
03. I am the black wizards
04. An elegy of Icaros
05. With strength I burn
06. Sworn
07. Night of the graveless souls
08. Inno a Satana
09. Ye Entrancemperium


Ihsahn - Chant, guitare   
   Samoth - Guitare
Trym - Batterie   
   Charmand Grimloch - Claviers
Tyr - Basse, choeurs