Une image exceptionnelle, des clips à la beauté fantastique et qui ont fait date

Note globale


Thématiquement et artistiquement très bancal

Editeur : Universal
Durée totale : 2 h 31

(PCM)

Image        PAL

Making-of de Pourvu qu'elles soient douces et Désenchantée (37 min)

On a peur quand on voit le premier clip mais on est vite conquis : format scope respecté, anamorphique, couleurs chatoyantes, définition splendide, compression relativement bonne, seul l'état des masters est parfois limite.
Dommage qu'il n'y ait pas de 5.1. La stéréo proposée est étincelante : basses qui claquent, médiums très chauds, le remaster est réussi.
Du cul, du sang, des fantasmes bizarres, du cul, Sophie Tellier (miam), de magnifiques décors, du cul, des fade-out pourris, une réalisation somptueuse, et encore du cul. Bancal, hétérogène, mais culte et beau.
Deux making-of sur le vif où l'on trouve un peu de tout, pas de fil conducteur mais des images rares et une belle débauche de moyens.

Alors là, là, les amis (et même les autres, bonjour chez vous), on tient quelque chose d'unique, véritablement unique dans le monde du music business. Laurent Boutonnat, compagnon d'armes de sa petite protégée Mylène Farmer, a révolutionné le clip entre 85 et 91. Révolutionné, qu'est-ce à dire ? Eh bien, imaginez un croisement entre un film à costumes cher, beau et long, et un format totalement bâtard. Pour être plus clair, imaginez le meilleur joueur de trombone au monde, capable d'absolument tout, qui rejoindrait Nirvana. Les clips de Boutonnat (vous avez noté que je ne dis pas "les clips de Farmer") sont un peu ça : des courts-métrages, réels, 100%; en aucun cas des clips, servant à promouvoir des singles certes formatés mais eux-mêmes déjà hors-gabarit.
Et quels courts-métrages ! Oubliez le Thriller de John Landis, ici on atteint les dix-huit minutes ! Les décors sont foisonnants, les costumes et maquillages incroyables, la mise en scène magnifique, Boutonnat fait du cinéma. Question qualité artistique, spectacle, soin, vous ne serez pas déçu et pourtant la réputation de ces clips est gigantesque. Mais le DVD est là pour remettre les pendules à l'heure : format cinémascope respecté, remastering excellent (pas mal de points et de scratches, mais les couleurs sont de toute beauté), son remixé, rien à redire. Juste deux manques : un 5.1, et des commentaires audio. Mais là, on chipote un peu. A part ça, les conditions sont optimales pour redécouvrir la beauté intrinsèque de ces films. De plus, deux making-of sont présents - il s'agit plutôt de deux chroniques de tournage, où l'on peut apercevoir le professionnalisme du bonhomme et le relatif gigantisme de la production... et pour les amateurs comme moi, un peu plus de Sophie Tellier ;-)
Reste un gros hic. Aussi beaux et énormes soient-ils, ces clips sont très cruellement inégaux. Pas seulement entre eux, mais en leur intérieur. Eh bien oui, sinon, inutile de vous dire qu'avec un tel culot, un tel talent, ce DVD aurait mérité un 10/10 illico presto. Mais il faut avouer que c'est avec un peu de gêne et beaucoup de curiosité sceptique qu'on regarde ces petits bijoux artistiques. Prétentieux, bordéliques, les scénarios mélangent un peu de tout (18ème siècle, tauromachie, viol, goulags, exil) avec pour omniprésent point commun le sexe. Si vous trouvez Mymy mimi, vous pourrez vous rendre compte par vous-même qu'elle a de fort jolis seins (vous serez d'ailleurs présentés dès le premier clip), qu'elle a besoin de prendre deux-trois kilos sur sa trop maigre taille, et qu'elle ne pratique pas le déboisement forcené (d'ailleurs j'aime bien, et nos amis sexo-sociologues diront qu'on peut dater les clips rien qu'à la touffe). Perso, je préfère Sophie Tellier, ronde et appetissante comme un crémeux Saint-Honoré, qui joue dans la moitié des clips un rôle de sorcière maléfique (plus ou moins sorcière, toujours maléfique) dont le but est de passer pour moche pour mieux embellir Farmer (c'est un peu raté, même si ladite Fermière n'aura jamais été aussi belle que sur cette galette). L'un dans l'autre, les clips sont donc beaux, léchés (hum), mais ils partent en crabe trop souvent, et sont victimes, musicalement parlant, de remixes douteux et surtout de destructuration complète des chansons. Ca ne ressemble plus à rien, il y a des fondus totalement foirés, limites foutage de gueule, et c'est la raison pour laquelle je retire deux points à ce 10/10 virtuel. Oui, c'est à ce point.

Sinon, que dire ? Techniquement, c'est très beau. Je me répète mais c'est vraiment BEAU. L'apport du 16/9 est énorme. Le son est très ample et très bien défini - autant que faire se peut avec des mixages aussi douteux. En bonus, on trouve le clip, incroyablement daté, de Maman a tort, et c'est bien plus qu'un bonus, c'est un régal : comment le même tandem a-t-il pu passer de "ça" à Plus Grandir en un an ?!? En prime, vous avez deux documentaires "sur tournage", sur le vif, destructurés, bordéliques mais toujours intéressants, bien qu'il faille s'accrocher un peu. Mais surtout, vous avez dans d'excellentes conditions un panel somptueux de clips non seulement extraordinaires (dans tous les sens du terme), mais, et là la question me turlupine et je n'ai pas encore trouvé la réponse, Farmer a bâti sa réputation sur lesdits clips, or ceux-ci étaient largement trop crus et longs pour passer en tant qu'appui publicitaire. Alors quid ? Amour de l'art ? Prétention sans égales ? Volonté de révolutionner le genre ? Fantasmes inavoués réalisés par le truchement du petit écran ? Bonne excuse pour s'entraîner avant Giorgino ? Je n'ai pas la réponse, et qui la possède ? Peut-être vous. Achetez le DVD, malgré les défauts vous ne pourrez qu'être d'accord : ces bouts de 35 mm font partie du Panthéon du pop/rock, et si vous trouvez leur raison d'être, mailez-moi. Si vous ne trouvez pas, peu importe. Rien que la photographie du premier clip mérite l'achat. Vous n'êtes pas fan ? Pas grave. A l'époque, il semblait que personne ne soit fan. Farmer dépasse ça, dirait-on.


(Note qui n'a rien à voir mais bon : les génies qui ont conçu la pub contre le "surpoids", évitez de prendre une super jolie fille comme exemple, c'est pas crédible, merci.)

1985 - 1991


01. Plus grandir
02. Libertine
03. Pourvu qu'elles soient douces
04. Tristina
05. Sans contrefaçon
06. Ainsi soit-je
07. Sans logique
08. A quoi je sers
09. Désenchantée
10. Regrets
11. Je t'aime mélancolie
12. Beyond my control
13. Maman a tort - Bonus
14. Allan (live) - Bonus
15. Plus grandir (live) - Bonus