Supers batteur et clavier, toucher de guitare fantastique, excellent 5.1 inattendu

Note globale


Concert plus froid et lisse que prévu, image décevante

Editeur : Inside Out
Durée totale : 1 h 58

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Image        NTSC

Interviews (15 min non st)
Concert sur 2 CDs audio

Les captures d'écran ne rendent pas bien le défaut principal de l'image : une sorte de brume mouvante devant l'écran qui rend la vision un peu pénible. Les lumières étaient sûrement belles mais n'ont pas été bien captées.
Une stéréo précise, propre, mais un peu glaciale. Et un 5.1 qui lui semble surgir de nulle part : ample, bien spatialisé, n'accaparant les arrières que quand il faut, avec quelques beaux effets.
De tout : Hackett passe en revue à peu près tous les genres, les groupes et les époques qu'il a pu traverser. Dommage que la sauce ne prenne pas trop et que certains titres aient été déjà bien trop joués.
Making-of avec de l'humour british, sympa, et double CD audio du concert que vous risquez de ne pas souvent vous passer.

Si l'on devait accoler à Steve Hackett deux qualités, ce seraient sans aucun doute courage et éclectisme. Les deux allant d'ailleurs souvent de paire. C'est qu'il en faut du courage, pour quitter Genesis en 1977. Du reste, si le gentleman anglais n'a jamais renié son précieux héritage, il n'en a pas moins montré qu'il n'était pas homme à répéter la même formule : rock instrumental, jazz fusion, guitare classique, pièces orchestrales, expérimentations entre dark et jerk, Hackett a toujours su surprendre au travers de ses albums. Passer de Darktown à Midsummer Night's Dream, il y a de quoi rester coit. C'est sans doute ce jusqu'au-boutisme artistique qui a conduit le public de Steve à se montrer aussi fidèle. En prime, le moins qu'on puisse dire, c'est que Steve Hackett côté live n'est pas avare. C'est limite s'il ne sort pas un live chaque année - et d'ailleurs depuis 10 ans, il me semble bien que c'est le cas : live, double live, coffret 4 CD live, ou DVD, et parfois combo ! C'est que cet orfèvre de la 6-cordes n'a jamais caché son amour pour le public et les performances en direct, emplies du frisson du danger, bien que sa réputation de froid Anglais introverti ait beaucoup brouillé les pistes à son sujet.
Pour combler le tout, ce premier DVD live d'une collection qu'on pressent donc longue se permet de s'offrir un des publics les plus chauds de la planète : l'Amérique du Sud. On s'attend donc à du gros calibre, à l'équivalent du célèbre Tokyo Tapes mais en plus illuminé, avec un public cinglé et un groupe qui ira jusqu'au bout de ses limites. Malheureusement, ce ne sera pas tout à fait le cas. Dès le départ du concert, deux détails accrochent l'oreille : d'abord, la formidable mise en place des musiciens, qu'il faut saluer car leur jeu d'ensemble est d'un précis métronomique, chirurgical, tout en gardant une cohérence de groupe rock. Ensuite, le tout est froid. Le jeu de Steve, inimitable, est bien présent mais semble manquer quelque peu d'âme. La set list n'aide pas : elle est composée d'une majorité d'instrumentaux qui s'enchaînent parfois mal, du moins sans éclat.
Tout était fait pourtant dans cette setlist pour combler les amateurs de beau jeu puisqu'on retrouve des pépites guitaristiques telles Riding the Colossus, The Steppes ou Camino Royale, trois piliers de l'oeuvre Hackettienne, en particulier ce Steppes qui ouvrait magnifiquement l'album Defector. Il aurait dû d'ailleurs ouvrir ce concert-là, tant l'enchaînement Floating 7 / Mechanical Bride pourra inspirer un mouvement de recul aux novices n'ayant jamais tâté du jazz fusion. Et pour les amateurs, il faut avouer que ces deux morceaux un peu cinglés mettent la barre trop haut pour le reste du concert, sans compter que les amateurs de vocalises ne seront pas forcément aux anges, particulièrement avec un triple-combo Watcher of the Skies / Hairless Heart / Fifth of Firth quasiment bâclé histoire de laisser plus de place à Hackett seul. Seul le terrible Vampyre... reste encore et toujours un monstre sacré en live, avec un Steve chantant excellemment, titre auquel on peut rajouter le petit nouveau Darktown, ténébreux et fou, et hélas unique représentant de l'album éponyme qui brillait par sa cohérence malgré des chansons très diverses.
Le groupe, comme on l'a vu, est incroyable de précision mais également de versatilité, les claviers stupéfiants de Roger King en tête. Ca tombe bien, "un groupe versatile" est le titre du mini-documentaire où Steve, avec un phrasé Londonien imparable (may I, dear ? you may, darling, may you not ?...), explique qu'il avait besoin d'un groupe sachant jouer de tout. Il faut avouer que passer de l'accompagnement feutré, limite inaudible, d'une sonate pour guitare acoustique au bordel jazz-prog furibard de A Tower Struck Down (par moments inaudible elle aussi...), ce n'est pas donné à tout le monde. Un petit documentaire ma foi sympathique, qui s'accompagne d'un bonus plus conséquent : le concert réparti sur deux CDs audio. Et malheureusement, au casque, on se rend compte que l'image (par ailleurs laide, granuleuse et extrêmement sombre, comme quoi un bon 4/3 vaut mieux qu'un mauvais 16/9) ne sauve que de justesse le concert, qui, redisons-le, n'est pas du tout mauvais en soi, mais pas assez vivant pour plaire aux novices ni donner aux fans le gig ultime.

Heureusement, il y a une raison pour laquelle de nombreux fans de Hackett vont se jeter sur ce DVD : le son. Si la stéréo est correcte sans plus (elle est extrêmement propre mais rend le concert encore plus plat), le 5.1 rajoute un élément de présence absolument indéniable. Il n'est pas rare que les synthés de Roger King viennent vous surprendre par derrière, voire le saxophone ; quant au public, il est beaucoup trop sage pendant les morceaux mais saura s'inviter dans votre living-room entre deux chansons. Une piste sonore qui réhausse très largement la note de ce disque qui n'est absolument pas mauvais, mais n'arrive pas à convaincre qu'il est indispensable. Un faux pas ? Non, plutôt un Polaroïd à un temps T d'un artiste qui aime la scène et les live, même si l'enthousiasme est désespéremment absent de ce disque. Et un Polaroïd, c'est cher et ça passe au soleil... mais ça évite les développements. Et Dieu sait que Hackett aime ces derniers.


07-08-2006

2000 - Teatro Coliseo (Buenos Aires)


01. The floating seventh
02. Mechanical bride
03. Medley
04. Serpentine song
05. Watcher of the skies
06. Hairless heart
07. Fifth of firth
08. Riding the colossus
09. Pollution
10. The steppes
11. Gnossienne #1
12. Walking away from rainbows
13. Sierra Quemada
14. The wall of knives
15. Vampyre with a healthy appetite
16. A tower struck down
17. Lucridus
18. Darktown
19. Camino royale
20. Intros
21. In memoriam
22. Horizons
23. Los endos


Steve Hackett - Guitare, chant    
   Roger King - Claviers
Gary O'Toole - Batterie, choeurs    
   Terry Gregory - Basse, choeurs
Rob Townsend - Saxophone, flute