De très grandes phrases, du portnawak à tous les étages, et deux one-man show qui ont fait date

Note globale


Total bordel des DVDs 1 et 4, qualité d'image et de son très hasardeuse, ça manque de réquisitoires

Editeur : PMP
Durée totale : 8 h 40
(environ...vous êtes aux pièces ?)

Image        PAL

Les archives ont salement morflé. Grain à gogo, drops, image floue. Le documentaire, bien plus récent, est bien meilleur.

Interview dans son intégralité (51 min)
Biographie
Galerie de photos (mais je préfère le cul de Carole Laure en furtifs entrechats)
DVD de citations, textes, extraits etc

Du mono nasillard, mais surtout parfois un son trop étouffé et trop de bruit de fond pour parfaitement comprendre, dommage.
Du parfait, mais pas assez, des redites, et surtout presque pas de réquisitoires (émission de radio, il est vrai). Mais des archives assez rares et un excellent documentaire.
Le DVD de citations est une excellente idée mais il est un peu bordélique.
Françaises, Français ! Belges, Belges ! Seine-et-Marnaises, Seine-et-Marnais ! Bordelais, bordelaides, bordereaux, bordemer ! Mon massif central, chroniqueur de presse dont les goûts chavirent, auprès de Lui et au bord d'Elle... Monsieur l'avocat le plus bas d'Inter... Infâme râclure du barreau de mes deux chaises... Public chéri, mon putain d'amour. Bonjour ma colère, salut ma hargne, et mon courroux ? Coucou !... Ecce homo, voici l'homme. C'est par ces mots que Ponce Pilate introduisit non pas Jack Lang, mais Jésus, fouteur de trouble patenté, pas tentant non plus, du côté d'une sombre bourgade charpentière en bougnoulie orientale. Voici l'homme, à n'en point douter étant donnée la présence de deux petites baballes en-dessous de la zigounette du prévenu, à défaut d'être prévenant. L'homme par qui le scandale arrive, et qui se tient avachi (et je suis poli) dans sa chaise insignifiante du box des accusés, et qui se fend d'un sourire narquois allant de là à là (voir figure 1) tout en génocidant mollement ses parasites crâniens, cet homme donc n'est autre que Pierre Desproges, le célèbre comique. Et là, extemporanément, je me gausse, monsieur le Président ! Comment peut-on prétendre être à la fois célèbre ET comique ? Comment, sans tomber dans la platitude rocoulophonique des chroniqueurs irrévérencieux de la bande molle des fréquences moins que moyennes, comment sans approcher la platitude artistique permanente qui n'est pas sans rappeler l'encéphalogramme de Georges Marchais, comment tout en continuant de remplir des salles plus ou moins obscures à seule fin d'exhiber son ego sarcastique à même d'étancher la soif de voyeurs zygomateux, comment donc se targuer d'être à la fois connu de tous tout en n'en épargnant aucun ? Les preuves sont pourtant accablantes : non seulement le sieur Desproges, zozo du PAF en roue libre, était drôle, mais tout le monde l'aimait. C'est pourquoi je requiers la clémence envers ce pauvre hère : n'y a-t-il pas, monsieur le Président, plus épouvantable peine, que d'être tant aimé lors même que l'on se targue, et pas comme Jessie Garon, d'être un authentique misanthrope ?

(figure 1)

Un bon comique est un comique mort. Certes, elles sont inquiétantes, ces paroles de Jean Roucas. Mais à bien y réfléchir, que reste-t-il de nos amours, que reste-t-il de nos Michel, nos Thierry, nos Fernand ? Pas grand chose. Les mange-merde hebdologiscitiens fouille-crasse et gratte-PQ n'avaient pas fini de vômir leur haine suintante pré-mortem et anti-populiste que les vers les picoraient déjà. Et l'accusé était le seul à nager à contre-courant, ne hurlant pas à la mort tandis qu'elle-même s'en approchait à grands pas. Du reste, qu'y connaissait-il, à l'humour, ce Desproges ? Les archives de l'INA, l'Institut des Narrations Adesproges, nous montrent un homme affable (on va venger !), n'aimant personne, et le proclamant au monde. Avec tendresse, poésie, amour du bon vin et de la bonne chaire, avec forts calembours et moults mots d'esprit, Desproges nous fait partager son désamour du quotidien et sa haine chronique de l'ordinaire. Les deux spectacles, de pures merveilles, sont un meilleur-de du grand hainologue amateur de vain dont on trouvera une extension dans un DVD bonus rempli de citations qui ont depuis fait les beaux jours des pamphlétaires iconoclastes, y compris de son compère Luis Rego qui malheureusement depuis quelques Charlotteries ne donne guère plus signe de vie et se contente de vendre sur les marchés les queues de morue séchée que sa tata Rodriguez lui envoie de Lisbonne en paquet fado.

On trouve aussi un délicieux, bien que trop copieux (l'homme aimait le cassoulet, il ne pouvait donc pas être totalement mauvais contrairement à son haleine), étalage des Cyclopèderies fleurant bon un absurde à la Monty Python doublé d'un amour du vin rouge âpre accompagné de beurre demi-sel et de pain enzyme (bam boum), et sponsorisé par Jean Yanne, qui à cette époque n'avait retenu du pain que ceux de plastique qu'il utilisait pour envoyer sur orbite les parcmètres de la capitale. Mais, monsieur le Président, je ne peux pas passer sous silence le pire, le plus abject, le plus veule aspect de cet infâme personnage : une (fantastique) émission de 100 minutes consacrée à l'homme et son legs, avec force invités dont De Caunes, Torreton, Chabat, Deschamps, j'en passe et des plus enclins à passer à la guillotine, cette noble invention hélas abolie par la horde acéphalée des braillards socialistes sous l'impulsion vaniteuse de la canaille régicide. Si on compte, à la semence... pardon, à la décharge de l'accusé, une tentative honteuse d'entre-vue entre-amis (mais en eût-il ?) qui devait passer pour une volonté de se rabibocher avec l'homo pas toujours erectus, nous avons ici, mesdames et messieurs les jurés, un encore incomplet mais déjà bien fourni dossier d'accusation auquel le prévenu ne pourra même pas répondre puisque, lâche jusqu'au bout, mais pas là comme disait la petite Sophie, l'homme s'est tellement fait bouffer par le cancer qu'il n'a même pas eu la politesse d'attendre son sida. Donc, Pierre Desproges est coupable, mais son avocat vous en convaincra mieux que moi.

1975 - 1988


01. Intégrale des Cyclopèderies
02. Documentaire "Desproges est vivant"
03. Théâtre Grévin 1984
04. Théâtre Fontaine 1986