Des chansons terribles, musiciens carrés comme un Lego (NDBaron : Un Légo c'est rectangulaire, ducon), groupe peu connu à découvrir

Note globale


Live pas à la hauteur des espérances, potentiel pas assez engagé, redondance musicale qui pourtant pourrait être atténuée, du moins sur le papier

Editeur : Peaceville
Durée totale : 1 h 09

- (PCM)

Image        NTSC

La double compilation qui y est attachée !

Note punitive : c'est tout à fait regardable, c'est pro, le 16/9 n'est pas volé et la définition, ma foi, on a déjà vu bien pire. Mais par rapport aux autres live filmés dans la même configuration, c'est décevant, et croyez-moi, il y en a eu des tas. Des gros tas.
La stereo est propre mais le 5.1 n'est pas particulièrement fantastique, il est également propre à part l'écho sur la voix, mais manque de l'ampleur dynamique que possède la stereo, et la spatialisation n'est audible que sur la batterie, alors qu'il y avait tant à faire avec les claviers. Le public est à chier en stéréo, en 5.1, en mono, en Polonais et même en crypté.
Le choix des chansons est bon, l'enquillement aussi, mais c'est vrai qu'un tiers de carrière presque totalement oublié c'est toujours regrettable... Mais la case set-list est toujours à la merci d'une note à la baisse quand le concert est mou ou en dents de scie ; or...
Rien mais c'est normal. C'est le live, le bonus. D'ailleurs je me serais pas gourré de mise en page moi, hum ?

C'est pourtant bon dieu vrai qu'on n'est pas tous pareil. De la diversité nait la culture. En un sens, tant mieux : on confronte deux éléments qui n'ont rien à voir et le résultat est pratiquement garanti ; bon ou mauvais, mais il sera là. Pour vous dire, on a même organisé un face à face entre Quentin Tarantino et une machine à écrire, on est optimistes quand même ! Mais lorsqu'il s'agit de rassembler, alors toute velléité de polymorphie culturelle doit être maniée avec précaution, au risque de paraître sectaire ou reclus. C'est bien de ne pas vouloir rester enfermé dans un tiroir... encore faut-il être dans la bonne commode. Aussi lorsque Peaceville promeut le groupe Katatonia en promettant, outre monts et merveilles, une rencontre entre My Dying Bride et Opeth, je me dis que non, définitivement, nous n'avons pas tous les mêmes oreilles. Car sur cette compilation, vous ne trouverez ni de l'un, ni de l'autre.
A vrai dire, au petit jeu des ressemblances, Katatonia lorgnerait plutôt vers le Paradise Lost de la période One Second, voir d'un Janne DaArc qui serait devenu dépressif et emo (NDKaworu : Pas de risque). Les deux CD de ces Black Sessions proposent une trentaine de chansons dont le moule est bien rôdé : couplets atmosphériques associés à des refrains pop-metal qui rentrent dans le crâne. Au niveau production et exécution, nous sommes dans le haut du panier. On peut même qualifier un titre comme Criminals de chef-d'oeuvre, cette ambiance mafieuse, ces effets malsains, ce couplet presqu'irréel, intangible..
Oui mais ce serait malhonnête d'oublier que Katatonia a eu deux vies. Et si leurs débuts de carrière, plus doom voire death, sont moins accessibles et soignés, il faut regretter que cette compil en fasse complètement l'impasse. La diversité blah blah, et au final s'ingurgiter les deux CD à la suite fait dominer un léger sentiment d'ennui, alors que pourtant chaque morceau pris à part est excellent. Le trop est l'ennemi du bon ? C'est pourtant un bonus qui nous intéresse ici : le premier live capté sur DVD. Devinez où ? En Pologne. So original. Mais enfin, bon groupe, bonnes chansons, concert court donc moins de risques de redondance : que pouvait-on regretter ? Que le live parte sur le même principe que ses collègues studio : c'est Katatonia Mark II dont il s'agit ici, et rien d'autre.
Nous voilà donc en prise directe avec un groupe soudé, extrêmement carré, maîtrisant à la perfection les effets de studio reproduits en live (avec des différences car on ne peut pas humainement tout refaire, et tant mieux). Et derechef, trois problèmes sautent à la gorge. Le chanteur, timide, à la voix voilée, peu à l'aise, le moins exalté d'un groupe déjà très austère. L'ambiance, le public étant très calme, d'une politesse catégorie Princesse de Clèves, pratiquement muet, alors que visiblement (NDKaworu : Non, réfléchis, pas visiblement), il a été correctement mixé. Enfin, la réalisation et la scène, dans la tradition de la télé polonaise, avec beaux plans et belle définition, mais le tout déchiqueté par un montage trop rapide et une dominante mauve parfaitement hideuse, surtout sur écran plasma. On déchante.
Heureusement, le groupe remonte la pente. Les chansons nécessitant un choriste, c'est au tour du guitariste rythmique de prendre le micro, de façon bien plus agressive, et rapidement les deux chanteurs trouvent un excellent équilibre. Cela a pour effet de booster tout le reste, et même si fondamentalement on retrouve ce cachet intro techno / couplet gothique / refrain pop-rock, le son global et l'ambiance sont un peu plus metal qu'en studio... ce qui a pour conséquence inattendue de rendre l'enquillement des titres plus intéressant que sur CD, alors qu'habituellement on constate l'inverse. Les trois-quarts du concert se passent donc plutôt bien, le groupe se réveille, nous aussi, le son est bon (le chanteur reste un peu en retrait même une fois sorti de la tanière), et l'on redécouvre de belles perles.

Reste que sur le dernier quart-d'heure, l'enthousiasme commence à retomber quelque peu, et survient un étrange phénomène : le quintet nous offre grâcieusement un titre de l'ancienne époque... et c'est la cata (tonia. je sors). Le pauvre Jonas, à l'instar de Nick Holmes (tiens tiens, on y revient), ne peut physiquement plus gueuler comme un goret écorché vif, sa prestation enthousiaste est donc vite tuée dans l'oeuf ; le groupe lui-même est obligé de changer de son ce qui ne lui sied pas à ravir, et pour couronner le tout, le monteur a décidé que death metal = musique de sauvages débiles, donc Pullicine le tout. Sur fond mauve, ça le fait vraiment pas. On quitte donc ce court DVD un peu KO : c'était pas mal, il y a de l'idée, du talent, mais le coffret entier (pas donné en plus) donne une impression d'inachevé, comme si on assistait à l'éclosion d'un talent qui se débattrait encore avec la coquille. On attend donc un nouveau live, donnant suite à leur magnifique album Night is the New Day, qui montrerait Katatonia au niveau de ce qu'on en espérait. C'est tout le mal qu'on leur souhaite.


18-05-2010

Avril 2003 - Krakow TV Studio (Cracovie, Pologne)


01. Ghost of the sun
02. Criminals
03. Teargas
04. I break
05. I am nothing
06. Sweet nurse
07. Tonight's music
08. For my demons
09. Chrome
10. Future of speech
11. Complicity
12. Burn the rememberance
13. Evidence
14. Deadhouse
15. Murder


Jonas Renske - Chant    
   Anders Nyström, Fred Norrman - Guitare, choeurs
Mattias Norrman - Basse   
   Daniel Liljekvist - Batterie