Collaboration réussie, belle setlist, concert varié

Note globale


L'image qui a la tremblotte et un léger sentiment d'espace vide entre le groupe et le public

Editeur : Universal
Durée totale : 2 h 05

 - (PCM)

Image        NTSC

CD live (avec un titre inédit)
Pre-show (7 min 16/9 DTS non st)
Interview de Knopfler et Harris (16 min 16/9 DTS non st)

Quel dommage, ça partait si bien ! Des couleurs franches et pas baveuses, une définition magnifique. Malheureusement, toutes les bonnes intentions sont ruinées par des cadreurs hâtifs, pas à leur aise et souvent tremblottants. Assez pour ternir la haute-définition. Note punitive ? Oui. Ca incite à faire mieux la prochaine fois
Rien de particulièrement spectaculaire, mais du bon boulot rendant bien chaque instrument. Le DTS apporte la spatialisation du public, fort bienvenue sur la première heure puisqu'on ne l'y voit pas ni ne le sent à l'image, et booste les basses de façon spectaculaire mais pas dérangeante.
Une bien belle brochette de chansons allant de la country pure au boeuf jazz manouche, puisant chez Harris, Knopfler, Dire Straits, et évidemment leur album commun. Presque un exemple parfait de ce qu'on doit faire dans ce genre de situation.
Dommage qu'encore une fois une major ne trouve pas les moyens de payer un traducteur pour faire quelques sous-titres, car l'interview croisée des deux artistes ne manque ni de charme ni d'intérêt.

Mark Knopfler se faisait rare. A un tel point qu'on pouvait s'inquiéter. Un album, une tournée, tous les 18 mois, mais avec une discrétion tranchant radicalement avec son status de demi-Dieu qu'il arborait (subissait) dans les années 80. En prime l'ancien leader de Dire Straits avait radicalement changé son fusil d'épaule et propose depuis 2000 une forme de country-rock assez diversifiée mais aucunement pop comme son ancien groupe savait distiller. Il n'est donc pas étonnant que son public ait changé, et considérablement maigri (et vieilli), mais son absence des rayons DVD depuis 1996 commençait à peser. Le plus américain de nos anglais trouva une occasion en or de refilmer un live, lors de sa collaboration avec la légende de la country Emmylou Harris - ou plutôt la collaboration de Harris avec Knopfler tant All The Roadrunning était un vrai album de Knopfler à part entière.
Le style musical est donc affirmé dès l'apparition d'un nom sur la pochette : fans de Dire Straits désirant retrouver les sensations de votre groupe fétiche, pasez votre chemin. Trois titres seulement trouvent place dans ce concert : un So Far Away presque anecdotique (nonobstant un retournement de basse inattendu sur la fin), un Romeo & Juliet chanté par un Knopfler au bord des larmes mais curieusement très proche de la version studio (et pas Alchemy), et un Why Worry presque transfiguré en berceuse, d'une infinie délicatesse. Mais ne vous en faites pas ; la setlist se montre particulièrement maligne, et vous aurez bien d'autres occasions de vous pâmer. En particulier car Knopfler a ramené avec lui ses musiciens habituels et qu'ils forment une jolie petite équipe de tueurs.
Ainsi, piochant dans l'album avec Emmylou mais aussi un peu partout ailleurs, Mark propose des versions anthologiques de titres qui méritent assurément d'être redécouverts par un public peu au fait de sa carrière solo. Song for Sonny Liston permet au Choufleur de donner une leçon de guitare jazz, Red Staggerwing est renforcé par un solo de violon pas piqué des vers, If This Is Goodbye est encore plus poignant que sa version studio, et - joyau de la mine, il exhume un extraordinaire Speedway at Nazareth montrant que malgré son âge avançant et sa musique adoucie, Knopfler en a encore sous le pied. A ses côtés, Harris semble curieusement effacée, alors qu'on se serait attendu à un duo à chaque chanson. Tant mieux : cela évite l'ennui et ne rend ses prestations que plus intéressantes, en particulier sur sa chanson solo, la dame ayant encore une grâce naturelle fort épatante.
Mieux, outre donc des musiciens doués et hétéroclites, dont son fidèle golden retriever Guy Fletcher, Knopfler s'est aussi entouré d'un élément qu'il avait perdu depuis longtemps : la bonne humeur. Regardez-le plaisanter avec Rich Bennett, proclament "tu feras Emerson et moi Lake", depuis combien de temps ne l'avait-on pas vu aussi heureux ? Cherchez pas, la réponse c'est 1990, avec les Notting Hillbillies. Il aura donc fallu que Knopfler retrouve à nouveau ses racines folk et country blues pour se sentir à l'aise. De ce fait, le concert est épatant de feeling et d'équilibre, sans pratiquement aucune compromission face au dieu Dollar. Le plaisir de jouer de façon authentique respire, et si vous n'aviez jamais osé suivre Mark Knopfler dans le sentier certes aride qu'il a emprunté, voilà je pense une excellente occasion de vous y frotter, que vous aimez la country ou (comme votre serviteur) non.

Comme on connaît le goût du guitariste pour la technologie, on s'attendait à l'excellente technique, elle est presque là. L'image navigue entre l'exceptionnel, avec une définition à tomber, des noirs ultra-profonds, et de l'étrangement raté : beaucoup de plans flous et tremblotants, bien trop pour ne pas déranger, et une scène filmée de telle sorte que pendant une heure, on ne voie pas, ni ne ressente la présence d'un public, pourtant bien là et piaillard. De même pour le son, le DTS est très précis et apporte beaucoup à la stéréo, mais on avait l'habitude que le Knopf satellise tous les instruments - on devra se contenter d'une réverb naturelle chaude et d'un public piaillard, mais ça je l'ai déjà dit. Les bonus ne sont pas sous-titrés, suivant une belle tradition qui perdure depuis quelques années, et proposent un preshow commenté par Emmylou, une interview croisée fort intéressante (en DTS ! et quel DTS !), et un CD bonus avec un live inédit. Que du sympathique en somme. Les fans d'Emmylou resteront peut-être sur leur faim, mais ce DVD à visage humain et sans prétentions propose ce qu'on devrait trouver sur toutes ces pages si la nature était bien faite : de la bonne musique bien jouée et bien reçue. Elle est pas compliquée, la recette du bonheur.


29-09-2010

2006 - Gibson Amphitheatre (Universal CityWalk, Los Angeles, U.S.A.)


01. Right now
02. Red staggerwing
03. Red dirt girl
04. I dug up a diamond
05. Born to run
06. Done with Bonaparte (NdesFrançais : So are we)
07. Romeo and Juliet
08. Song for Sonny Liston
09. Belle Starr
10. This is us
11. All the roadrunning
12. Boulder to Birmingham
13. Speedway at Nazareth
14. So far away
15. Our Shangri-La
16. If this is goodbye
17. Why worry


Mark Knopfler, Emmylou Harris - Chant, guitare   
   Guy Fletcher - Claviers, guitare, choeurs
Richard Bennett - Guitare   
   Danny Cummings - Batterie, choeurs
Matt Rollings - Claviers, choeurs   
   Stuart Duncan - Violon, mandoline
Glenn Worf - Basse, contrebasse