Le concert est fantastique, et magnifiquement filmé

Note globale


L'humour pince-sans-rire et déroutant dans des bonus qui auraient pu être encore meilleurs

Editeur : Warner Music Vision
Durée totale : 2 h 42

 - -

Image        PAL

Sous-titres fr uk sur les interventions
Commentaire audio de Meat Loaf (st fr uk)
Galerie de photos (3 min 16/9)
Rituel pré-show (1 min 16/9 st fr uk)
Featurette (16 min 16/9 st fr uk)
Questions/réponses (7 min 16/9 st fr uk)

Un spectacle coloré, chatoyant, magnifiquement réalisé. Seule la compression pourra gêner certains, surtout vers la fin, et surtout si vous regardez sur vidéoprojecteur. Sinon, c'est superbe.
Ca manque un tout petit peu de gain et de spatialisation en DTS, mais à part ça, vous avez le gros son qu'on aime tout en gardant une certaine finesse. Du très bon boulot surtout vu l'infrastructure énorme, et l'orchestre se fond parfaitement.
13 titres seulement, mais pas un atome de micron de temps mort. Du rire aux larmes, le concert parfait.
Sur le papier, génial ; au final, beaucoup seront déçus de ces bonus. Mais il faut admettre que leur présence, ainsi que des sous-titres partout, font chaud au coeur.

Aaaaahhhhh la vache ! Ah, la purée de mandale dans le faciès que je viens de me prendre ! Du genre à décoller la molaire du fond, celle qui fait mal et qui accumule les débris de chewing-gum. Ce live, globalement éreinté par l'ensemble de la presse musicale, à qui je passe bien le bonjour d'Alfred (parce que quand on le lit, Alfred, y t'choque), je, non, on s'attendait tous à une catastrophe, à un faux best-of pompeux et pompant, braillé par une star sur le déclin fatiguée et défigurant chaque note avec une voix cassée, le tout enrobé d'arrangements sirupeux vômis par un orchestre neurasthénique. Ta mère : on avait totalement oublié que Meat Loaf était avant tout un grand showman, et qu'il vendait toujours pas mal. Assez pour proposer un spectacle d'une qualité bluffante, pour rester très poli. Point d'orgue de sa tournée pour son dernier album, "Couldn't have said it better" (Meat Loaf est Mister Univers hors-catégorie des titres de chansons à la con), ce show enregistré sur deux jours à Melbourne bénéficie de l'orchestre symphonique de la ville, mais aussi des musiciens habituels de Meat, ses danseuses, ses ravissantes choristes... et d'un public qui m'a fait monter les larmes aux yeux après chaque chanson. Il n'y en a que treize, mais croyez-moi, passer deux heures vingt (!) à pleurer treize fois de suite, à un moment ça fait tout drôle.
Et pourquoi qu'il pleurniche, le monsieur ? Parce que c'est triste ? Non, parce que c'est beau. Non non, parce que c'est formidable. Beau, ça fait pompeux. La Liste de Schindler, c'est beau. L'Adagio de Samuel Barber, c'est beau. Sac d'Os de Stephen King, c'est beau (si si, la première partie en tous cas, j'y tiens et je signe !). Meat Loaf, ce n'est pas "beau", il tenterait même de rendre tout ce qu'il touche repoussant, histoire de choquer un peu le vil bourgeois. Mais c'est formidable, parce que ce type possède une science du show, un amour du public, une présence scénique, et en prime un style musical totalement inédits. Ne vous fiez pas au petit nombre de chansons (après tout, Transatlantic est un des meilleurs DVDs de notre collection, et il dure 2 h 30 pour 6 titres). Fiez-vous à votre instinct. Dès l'intro, le garçon fait son spectacle, s'amuse, joue avec un public immense (un stade entier rempli à craquer d'humanoïdes dansants et souriants avant même la première note), et on sent qu'on n'est pas là pour rigoler. Ce qui est curieux en soi, vu que vous allez passer une bonne partie du temps à vous marrer devant les pitreries de Meat et ses comparses.
Tout le concert se déroule devant un public chaud comme des braises (même si Meat Loaf prétend le contraire). Et ledit public aura fort à faire, car il sera sans cesse sollicité. Pour chanter, pour rire, pour se moquer ouvertement du chef d'orchestre... C'est que Meat Loaf n'a pas son pareil pour s'arrêter net en plein milieu d'une chanson histoire d'engueuler quelqu'un. Et il ne s'en prive pas ! Le souci, c'est qu'on ne parle pas là d'un simple groupe de rock (qui, par ailleurs, est totalement époustouflant, Paul Crook et Mark Alexander en tête). Non, là il y a 80 musiciens qui jouent en même temps. Et vous devez désormais savoir à quel point un orchestre est un animal chétif, capricieux, et coincé du cul. Ici, par on ne sait quel miracle, toute cette infrastrcture gigantesque suit parfaitement les délires et vacheries du chanteur. Pas un loupé, pas un musicien de l'orchestre qui fasse la tête, ou un pain, ou la grève. Tout est d'une fluidité très impressionnante, tant musicalement que scéniquement (car un petit concert intimiste comme ça, avec à peine 90 musiciens et 25.000 spectateurs, vous vous doutez qu'il y a un minimum de mise en scène). On rit très franchement, et en prime, on découvre que derrière ses allures de grand chef tireur de couverture, Meat laisse bel et bien de la place à ses collègues, particulièrement ses deux chanteuses avec des jambes que c'est pas permis et un bagoût digne d'une Arletty.
La setlist ne comporte que 13 titres mais ne vous laissez pas embobiner : c'est du lourd, du concentré. L'album Bat Out of Hell y est très grandement représenté, notamment via la chanson For Cryin' Out Loud qui n'avait pas été jouée en entier depuis 25 ans, ainsi que le très opératique Paradise by the Dashboard Light (qui devient une vraie mini-comédie de 15 minutes), mais vous avez aussi des perles plus récentes, et qui jusqu'à présent avaient peut-être été sous-estimées, comme l'exceptionnel "Life is a lemon" qui ouvre les hostilités (avec ce refrain dont je partage complètement le sens : "la vie est une grosse arnaque, je veux qu'on me rende mon fric !"), ou encore ce Testify sublimé par une chorale d'enfants. Oui, une chorale d'enfants, sublimé, vous avez bien lu ! C'est dire si tout est réussi dans ce concert. Et si il était stupide de notre part (j'inclus tout le monde dans le lot) d'en avoir présumé du mal sans y avoir jeté un oeil. En tous cas, Warner et Meat Loaf, eux, ont bien compris que ce concert n'était pas banal. La preuve dans le traitement en DVD.
Déjà, vous allez avoir la surprise technique. Si les spectateurs présents ce soir-là en ont pris plein la gueule, et je reste poli, il n'y avait pas de raison pour que vous, bien calé au fond de votre fauteuil (ça durera pas longtemps), n'en profitiez pas non plus. Le concert a donc été filmé dans un glorieux 16/9 coloré et fluide comme pas permis, avec une des toutes meilleures réalisations jamais faites pour un concert : la caméra est toujours là où il faut, les angles sont magnifiques, on ne perd rien de la mise en scène, des détails, des gags, c'est un pur délice. Quel dommage que la compression, victime de la longueur du show et des 4 pistes sonores, ne soit pas toujours à la hauteur, surtout à la fin où les carrés de pixels s'amoncellent, car dans l'absolu c'est l'un des cinq plus beaux DVDs qui existent. Celà ne retire que peu de plaisir, surtout que soniquement vous serez également gâtés avec une stéréo parfaite et un DTS très chaleureux, manquant un peu de folie spatiale et de puissance pure, mais certainement pas de subtilité ni d'ambiance (entendre les rires des spectateurs derrière vous provoque un gentil frisson de bonheur dans votre colonne vertébrale).
Comme si ça ne suffisait pas, Meat a voulu bourrer ce disque avec des bonus. C'est le geste qui compte, et il est très généreux, mais peut-être que le résultat fera grincer des dents. Signalons avant tout que l'intégralité des bonus est sous-titrée en plusieurs langues, phénomène qui devient malheureusement un peu plus rare de nos jours. Le gros morceau (no pun intended), c'est un commentaire audio de Meat Loaf sur toute la durée du concert. Commentaire ? Sous-titré ? Warner ? Oui, parfois les miracles se réalisent. Le hic, c'est que Meat n'est pas particulièrement à l'aise dans cet exercice : comme un certain nombre de commentateurs, il se contente de nous décrire ce qui se passe à l'écran, et il a un rythme de parole peu entraînant, la durée conséquente du concert n'aidant pas. Au final, malgré quelques bons rires gras, vous n'apprendrez pas énormément sur la préparation du concert, et pire, une partie de la magie risque de s'envoler pour pas mal d'entre vous. Si vous n'aimez pas particulièrement les commentaires audio d'habitude, je vous conseille pour une fois de ne pas vous forcer à écouter celui-ci.

Pareil avec les autres bonus, dont une featurette un peu bizarre car on sait bien que ce n'est que de l'humour, mais très, très très tongue-in-cheek, et même dérangeant (est-ce du lard ou du cochon ?). Au final, l'unique chose que l'on apprendra de tous ces bonus, c'est comment il a fait pour faire jouer un orchestre pendant presque 2 heures sans interruption. Je vous laisse découvrir la solution, elle est tellement simple que c'en est à s'étrangler (côté budget surtout). Ca fait donc peu et à la limite on se serait presque passé des bonus, chose rare mais bien réelle. Celà dit, à part l'inévitable curiosité qui sommeille en chacun de nous, rien ne vous empêche de vous en passer, justement. En revanche, il serait totalement incongru de vous passer de cette pure merveille de concert, qui a rarement aussi bien mélangé le rire, l'émotion, le grandiose, la virtuosité instrumentale et la communion avec le public. Comme quoi, réussir un DVD musical, c'est pas si dur : il suffit d'être plein de talent, bourré de fric, de confier la réalisation et l'orchestration à des gens doués, et sortir le tout chez un éditeur compétent. Tout un chacun devrait pouvoir le faire, non ? Hein ? Non ? Ah oui, c'est vrai que ce n'est finalement pas donné à tout le monde. C'est pour ça qu'on aime tant ce genre de réussite : c'est la rareté qui en fait l'onctuosité. N'hésitez pas, mordez à pleines dents dans ce "tas de viande" qui n'a pas encore été bouffé par les vers.. sinon ceux de Jim Steinman !


17-09-2006

20 & 22 février 2004 - Melbourne (Australie)


01. Life is a lemon (and I want my money back)
02. Mercury blues
03. Dead ringer for love
04. Testify
05. All revved up with no place to go
06. You took the words right out of my mouth
07. I couldn't have said it better
08. Two out of three ain't bad
09. Out of the frying pan (and into the fire)
10. For cryin' out loud
11. Paradise by the dashboard light
12. I'd do anything for love (but I won't do that)
13. Bat out of hell


Meat Loaf - Chant    
   Kasim Sulton - Basse
Randy Flowers - Guitare, claviers    
   Paul Crook - Guitare
Mark Alexander - Claviers    
   John Miceli - Batterie
Patti Russo, CC - Chant, choeurs    
   Keith Levenson - Direction d'orchestre
Melbourne Symphony Orchestra - Cordes et cuivres