Technique impeccable, groupe méconnu et très sympathique, beaux arrangements

Note globale


(9 si vous avez un Blu-Ray et plus de 50 ans)


Un petit chouïa de manque de peps (compréhensible), le son presque trop propre par moments

Editeur : Sony / BMG
Durée totale : 2 h 15

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Image        NTSC

Interview du groupe (29 min 16/9 non st)

Mazette, quel soin ! Si l'ensemble n'est pas spectaculaire, il est étonnant de contraste et d'équilibre. Tout est fluide, naturel. Certes il y a un léger souci de compression sur certaines scènes, mais c'est un DVD. Et on ne peut guère faire mieux dans ce domaine.
Le son est magnifique mais manque parfois de chaleur live. Pas de chaleur humaine, attention. Le 5.1 Dolby est si possible à éviter, en revanche le DTS, s'il ne fait pas d'étincelles sur le premier titre, passe le reste de la soirée à venir vous surprendre par derrière. Je sais que vous aimez ça, bande de cochons.
Certes, c'est un petit peu molasson pour les fans de Gojira. Mais d'une part allez faire ça à leur âge, et ensuite, je connais de nombreux groupes, et pas des moindres ni des très vieux, qui feraient mieux de prendre exemple sur comment on construit une setlist avec 15 albums au compteur.
Quel dommage qu'elle ne soit pas sous-titrée, cette interview ! Elle constitue l'unique bonus mais c'est bien suffisant pour appréhender l'état d'esprit du groupe. D'anecdotes en souvenirs de jeunesse, une demi-heure rafraîchissante aved de vrais gentlemen du classic rock anglais.

"C'est extra... un Moody Blues qui chante la nuit". Parions qu'un nombre colossal de français ne connaissent des Moody Blues que cet extrait de Léo Ferré, sans pouvoir mettre un nom, un visage, et pire un titre sur ce groupe. Pour les plus chanceux, à la rigueur fuseront les citations de Nights in White Satin, slow que ceux qui l'ont à peine écouté qualifieront de sirupeux. Quant aux autres, il y a d'infimes chances pour que le nom des Moody Blues se retrouve associé façon Professeur Bernardin avec celui de Procol Harum, et d'enterrer derechef ce groupe has-been, mort et oublié, vieillerie des années 60 que'on ne peut plus écouter de nos jours. Enfin, vous aurez la majorité, celle pour qui le nom n'évoque qu'un vide immense repeint à l'ignorance satinée. Outre-Atlantique, et outre-Manche, les données ne sont pas les mêmes. Elles ne le sont déjà pas pour Procol Harum. Alors pensez, les Moody, ce groupe précieux qui débuta sa carrière par Days of Future Passed, l'un des tous premiers albums concept de l'histoire !
C'est que les poncifs du groupe de pop aseptisée ou de rockeurs pathétiques sont tenaces. Et les différents come-backs n'ont pas toujours été pour le meilleur. Lorsque les Shadows se sont reformés, il y avait de la magie, mais aussi un côté kitsch particulièrement évident : Channing Capwell à la rythmique, Jordan Rudess à la programmation et Mana à la chorégraphie ! Les Eagles eurent un succès plus rententissant, notamment à travers un DVD qui fit date, mais le tout avait perdu de la rugosité. Même sans aller dans les années 60, il faut avouer que le retour d'Asia ne se fit pas sans heurts. Bref, les vieilles gloires ont beaucoup à faire pour ne pas décevoir, et on avait peur que nos Moody Blues soient Moo di genou. Quelle révélation alors lorsque le concert nous montre une entité qui, toutes proportions gardées, pourrait être qualifiée de Dream Theater des années 60 !
Loin de l'enquillement de chansons lancinantes avec chanteur peroxydé et groupe fantôme, ces papys font de la résistance de fort belle manière. Ils sont épaulés par quatre musiciens additionnels, dont un second batteur à la Gary Wallis et une toute mignonne deuxième claviériste qu'on ne voit pas assez souvent (objectivement). Généralement, on connait la chanson (eux aussi, parfois pas assez) : ces jeunes loups sont là parce que techniquement les ancêtres n'arrivent pas à suivre, et pour compenser on les met à l'arrière. Ce n'est pas le cas ici : si le batteur Graeme Edge a effectivement du mal à pulser tout du long, les deux autres compères montrent une fascinante aisance instrumentale, ne se contentant pas de plaquer des accords sur des titres faciles mais jouant de vraies parties peaufinées à l'extrême. C'est la première surprise pour le néophyte : Justin Hayward n'est pas un vieux beau sur le retour qui charme mamie avec son chant Polident, c'est aussi un guitariste émérite, rythmiquement inventif et soliste accompli. Certes, ça n'est pas du niveau Pantera, mais le concert est parsemé de petits larsens qui font plaisir à entendre.
Autre lieu commun : si les ballades sont nombreuses, et les chansons plus souvent molles que cogneuses, il règne sur le concert entier une volonté de symphonisme, d'arrangements luxuriants, sans pour autant tomber dans le grandiloquent. Ce n'est pas non plus du 100% progressif tout du long, mais la découverte de ces chansons avec 7 musiciens et le son des années 2000 ferait presque planer le doute sur leur âge : certaines datent de dix ans plus tôt qu'elles ne sonnent ! D'autant que la mise en place ne connaît aucune faute, même avec deux batteurs dont l'un pourrait être le fils de l'autre. Impressionnant, et pourtant vous risquez (exponentiellement selon votre jeunesse) de ne pas capter immédiatement l'excellence du groupe, tant tout est fluide et surtout... sobre. Ca ne pète pas, presque jamais. Mais soyez certains que faire sobre avec 7 musiciens et des chansons remontant à 1967, ce n'est pas une sinécure. Il sera presque regrettable que le style "so british" soit un peu linéaire, mais il ne s'agit pas d'un défaut rhédibitoire. Tout au plus la certitude qu'il ne s'agit pas d'un groupe éphémère.
La surprise est d'autant plus agréable que les fans, les rares personnes non incultes dont nous parlions plus haut, n'en aimeront que plus leur groupe fétiche. Ne vous fiez pas à la jaquette très banale, c'est un DVD haut de gamme auquel nous avons affaire - et un Blu-Ray de haute facture, tant qu'on y est. L'image est absolument splendide, avec une définition quasi-parfaite laissant place à toutes les rides, toutes les froissures de chemises, mais surtout aux couleurs, chatoyantes, parfaitement équilibrées. Le Blu-Ray est quasi-parfait, le DVD ne retire que peu de qualité (le léger flou désormais légendaire qui accompagne les versions DVD de sources en vraie haute-définition). Le montage est fluide, s'attardant souvent sur l'instrument désiré (pas toujours hélas, mais à ce stade ça tient du multi-angles). Le son ne serait "que" bon, très propre, limite trop, manquant un poil de pêche (une fois de plus, ce sont les Moody Blues, pas Mastodon), si le 5.1 (un peu à la ramasse) et surtout le DTS ne privilégiaient pas sur les arrières un public très bien défini, quelques cymbales, et moultes nappes de synthé contribuant à rendre la musique plus actuelle. Le Blu-Ray balaie le problème de définition à grands coups de piste non compressée, du bonheur.

Qu'est-ce qui pourrait vraiment clocher alors ? Les bonus ? Juste une interview collective, hélas non sous-titrée, mais avec nos trois garnements parfaitement compréhensibles, aimant leur métier et partageant à la fois une humilité séyante et une classe toute britannique. Quoi d'autre, le prix ? Tout à fait correct, surtout au vu d'une qualité inespérée. Reste le dernier point : premier DVD live, groupe ancien et culte, combien d'albums dans leur discographie seront-ils sacrifiés ici ? ...Trois. Seulement trois, dont leur premier disque pas vraiment "défendable". Ils ont donc été piocher dans pratiquement l'intégrale de leur carrière, n'oubliant pas les tubes mais ne sacrifiant pas à l'amnésie sélective. Et en prime ils ont la classe, que voulez-vous de plus ? Le vieux Léo avait bien raison : un coup d'oeil sur ce concert, et c'est bien le spectateur qui sera ferré.


17-06-2009

1999 - Greek Theater (Los Angeles, USA)


01. Lovely to see you
02. Tuesday afternoon
03. Lean on me (Tonight)
04. The actor
05. Steppin' in a slide zone
06. The voice
07. Talking out of turn
08. I know you're out there somewhere
09. The story in your eyes
10. Forever autumn
11. Your wildest dreams
12. Isn't life strange
13. The other side of life
14. December snow
15. Higher and higher
16. Are you sitting comfortably ?
17. I'm just a singer (in a rock'n'roll band)
18. Nights in white satin
19. Question
20. Ride my see-saw


Justin Hayward - Chant, guitare   
   John Lodge - Basse, chant, choeurs
Graeme Edge - Batterie, chant, danse des canards   
   Norda Mullen - Guitare, flûte, choeurs
Paul Bliss - Guitare, flute, claviers   
   Bernie Barlow - Claviers, choeurs
Gordon Marshall - Batterie, claviers