Un groupe de plus en plus exceptionnel, chaleur du son, titre d'intro ahurissant, public généreux

Note globale


Image bien trop trafiquée, édition un peu trop bare-bones, et surtout ENCORE des coupures, nondidiou !

Editeur : Warner / Helium-3
Durée totale : 1 h 53

 - (PCM)

Image        PAL

Menus interactifs énervants à un point que vous n'imaginez pas
Making-of (11 min, PCM, non st)
Galerie de photos (3 min)
Trois photos en forme de sous-bock
CD audio d'extraits du live, avec un inédit : Micro Cuts

Il y a eu des efforts visibles, un gros budget, des gens bien derrière les caméras. Et donc ce n'est pas désagréable de regarder ce concert. Mais ce n'est pas agréable non plus : montage à la con, shutter qui filerait la migraine à Brandy Talore, et surtout couleurs entre Picasso période schmourf et queues de renard sur la ligne 1. Très identitaire, et très sujet à caution.

La stéréo est brillante et pleine de peps, surtout la batterie qui claque comme un fouet et le public en transe. Le 5.1 est hélas moins exceptionnel, les spatialisations étant excellentes mais trop éparses. Mais un effort a été fourni et c'est tout à fait charmant.
Malgré un léger flottement au milieu du concert, on retrouve tout ce qu'on aime : des hymnes purs, des solos de fou, beaucoup du dernier album, des versions toujours plus ultimes de grands classiques. Mériterait neuf sur dix... mais 5 titres carotte, c'est pas bezef, comme dirait Le Clezio.
Hem hem... Depuis Hullabaloo ça baisse, ça baisse... Si le CD live est très bien fichu en tant que sélection, le reste des bonus confine au minimum syndical. Manque de bonus, manque de titres, c'est à se demander si dans un an ce Haarp ne va pas ressortir en director's cut...

Eh bien voilà, ils l'ont fait. Sans compromission, sans heurts, Muse est devenu l'un des plus importants groupes du monde. La prophétie de Saint Kaworu s'est réalisée, et le groupe de Matthew Bellamy, bien que très fortement sujet à polémiques diverses, est devenu l'une des valeurs sûres du rock en live, à tel point qu'ils eûrent ici l'insigne honneur d'inaugurer le nouveau stade de Wembley, entièrement rénové. Un honneur double puisque l'une des grandes dates de l'ancien stade n'était autre que la venue de Queen, une des principales influences du groupe. Budget démesuré, public chaud, sortie d'un dernier album enchaînant les tubes, ce DVD faisait l'objet d'intenses tractations : allait-il être parfait, ou "seulement" génial ?
Il faut avouer qu'il part bien. Le groupe arrive dans un Wembley archibondé, le public est très jeune, très sautillant, excessivement bruyant. Frime ultime, c'est un véhicule téléguidé en forme d'aspirateur qui apporte sa guitare à Bellamy. Quelques notes d'échauffement venues du troisième type, et la machine de guerre est lancée : Knights of Cydonia. Une tuerie. Imaginez un parfait croisement (plagiat ?) entre Ennio Morricone et Iron Maiden, avec une première partie héroïque et une seconde à en faire headbanguer un journaliste de M6 (la petite chaîne qui monte les gens contre le metal). Une chanson non seulement aussi surpuissante que vivifiante, mais en prime reprise en chœur par un public volcanique. Bonne humeur immédiate, folie communicative, mais également virtuosité : la recette est donnée, et tout du long, ne cessera de fonctionner à plein régime.
La virtuosité, parlons-en : on savait que Matt Bellamy était un prodige, mais ici il laisse exploser son talent de façon insolente. Au piano, il détruit tout, comme dans ce break hallucinant de Butterflies and Hurricanes tout droit sorti de Rachmaninov. A la guitare, il ne perd pas une occasion d'en foutre plein la vue, shreddant à tout va mais surtout diversifiant son jeu de manière spectaculaire : riffs metal, cocottes funk, guitare synthé aux effets tarabiscotés (l'intro de Map of the Problematique rejouée presque intacte, à en dégoûter Martin Gore et Robert Smith), solos Satrianesques, bruitages chelous typés Vai, tapping privilégiant les cordes à vide comme Van Halen, il n'est plus permis de douter de ses capacités. Mais c'est surtout à côté de lui que les progrès sont phénomenaux : outre deux musiciens additionnels présents sur scène (putain que ça fait du bien !), on se rend compte à quel point Chris est un monstre de régularité, indispensable (ces chœurs au vocoder !), et combien Dominic a amélioré son jeu, passant de batteur fonctionnel à pieuvre expansive. Un régal. Et leur succès est d'autant plus incroyable : devant un monde qui de plus en plus porte aux nues la médiocrité, comment expliquer qu'autant de jeunes soient dingues d'un groupe qui écrit des chansons épiques, pas toujours simples, et pire, nécessitant de la technique ! Inexplicable. Et foutrement jouissif. Comme si l'on balayait d'un revers de main une certaine hégémonie de la "simplicité authentique" qui a tendance à s'ériger en dogme depuis quinze ans.
Le concert en lui-même est donc fantastique, car les chansons, les musiciens et le public le sont tout autant. Tel quel, ce Haarp avait pour but, atteint par ailleurs, de détrôner le Absolution Tour, déjà fabuleux mais amputé façon John Bobbitt (ah ! qu'on eusse aimé l'avoir en intégralité ! Mais que cela n'eût été que vain rêve : tout ceci relève du subjonctif, et pour utiliser le subjonctif, on a besoin de que). Finissant sur un Take a Bow qui est un choix à priori bizarre, et dont malheureusement l'accord de fin ne dure pas soixante grosses secondes comme sa mégalomanie rampante le suggérait, voilà donc un live varié (tous les albums sont représentés, n'est-il pas ?), plein de bonne humeur, coupé en son milieu par une série de ballades un peu contemplatives mais pas molles, et qui laisse la part belle au fun. En profitant au passage pour balayer désormais absolument toute tentative de comparaison avec Radiohead. Voir les fans des deux groupes se taper dessus est d'ailleurs un spectacle aussi navrant que voir un tourneur-fraiseur-ajusteur s'engueuler avec un éleveur de chèvres parce que Biquette n'a pas été taraudée dans le bon sens...
Malheureusement, malgré tout le mal que se donne le trio anglais, ce DVD n'est pas la tuerie annoncée. C'eût été trop beau, et trop facile. Déjà, le spectacle a été filmé sur deux jours ; manque de pot, sur la première soirée, un horaire mal placé et une météo exceptionnelle ont fait que la nuit a mis un temps fou à tomber. D'où une lumière naturelle entre chien et loup, un ciel gris pétrole rendant particulièrement mal. Ensuite, et là c'est beaucoup plus grave, le show est encore coupé : 5 chansons qui passent à la trappe, parmi lesquelles le si attendu City of Delusion, où le trompettiste invité, trop rare à l'écran, aurait fait merveille. Mais pourquoi couper dans le lard de cette façon ? Pour garder un "flow" constant ? Eh, n'allez pas me dire que City n'aurait pas foutu le feu dans les chaumières ! Couper un concert pareil est idiot, rajouter un titre sur le... CD (Micro Cuts) est insultant, et les raisons techniques tombent à plat puisque le tout a été filmé sur deux soirs. Comme dirait De Kersauzon : y'en amarre !
La technique est également sujette à caution. Pas trop du côté sonore : la stéréo est incroyable. Un peu brouillonnée, un poil déséquilibrée niveau balance, elle donne quand même la part belle au public, à la chaleur du chant, et avant tout à la batterie qui sonne de façon exceptionnellement précise, surtout vu les conditions. Le 5.1 est gros et gras, il donne également une grosse part au public (de toutes façons Haarp sans public n'existe pas) et spatialise de temps en temps des séquences, des bruitages ou des guitares folles. Les passages derrière vous sont hélas trop rares, et comme pour le dernier Toto les premières minutes font illusion, le reste étant moins léché, tout en restant très correct pour un live. C'est l'image qui se montre moins performante. D'abord, on a vu que la lumière ambiante était très laide, la scène et son capharnaüm entre poutres, écrans géants et antennes satellites l'est également. La colorimétrie semble même avoir été entièrement retouchée, donnant un résultat fort peu naturel. Il y a un avantage : on sait en deux secondes qu'on est en train de regarder Haarp. Mais globalement, c'est si décevant et fouillis que le piqué de l'image lui-même en pâtit. Enfin, toutes les caméras ont leur shutter ouvert au maximum : c'est bien pour une partie de tennis, pas pour un concert, surtout que le montage prend par moment des coups de sang. Montage trop rapide + couleurs moches + shutter : ça ne vous rappelle personne ? Si. Effectivement, on se croirait devant un Gérard Pullicino.

Passée cette déception, il convient d'admettre que le concert est tuant. Et qu'il est indispensable à tout fan de Muse, même possédant déjà Hullabaloo et Glastonbury. Heureusement d'ailleurs, car vous n'aurez pas grand-chose de plus à vous mettre sous la dent : trois photos, le CD best-of du live, et un petit making-of sympathique mais loin d'être un colosse du genre. Et c'est tout. Rien sur la préparation ou presque, alors que la technique utilisée pour ce spectacle est hallucinante. Surtout côté effets de guitare, un domaine où hélas bien peu de DVD se sont encore aventurés. C'est donc avec un peu d'amertume que l'on referme cette page, car ce disque AURAIT dû avoir 10 : une image moins trafiquée, pas de coupes, et même sans bonus on avait une des meilleures galettes existantes. Que cela ne vous empêche pas de prendre un monstrueux panard avec Haarp, témoignage sur le vif d'un groupe en pleine explosion qui a trouvé le moyen de bousculer le paysage musical à un point tel que même les ados se remettent à écouter des bons disques. Alors où va-t-on !


10-10-2008

16 & 17 juin 2007 - New Wembley Stadium étrenné pour l'occasion (Londres)


01. Knights of Cydonia
02. Hysteria
03. Supermassive black holes
04. Map of the problematique
05. Butterflies and hurricanes
06. Hoodoo
07. Apocalypse please
08. Feeling good
09. Invincible
10. Starlight
11. Time is running out
12. New born
13. Soldier's poem
14. Unintended
15. Blackout
16. Plug-in baby
17. Stockholm syndrome
18. Take a bow


Matthew Bellamy - Chant, claviers, guitare, bruits, génie   
   Chris Wolstenholme - Basse, choeurs, guitare, séquenceur
Dominic Howard - Batterie, choeurs, percussions, séquenceurs   
   Morgan Nicholls - Claviers, guitare (me semble-t-il !)
Dan Newell - Trompette