Concert super-rare, magnifiquement restauré, indispensable aux purs fans

Note globale


Multi-angles quasi-inutile, son stéréo seulement, réservé auxdits purs fans

Editeur : Virgin
Durée totale : 1 h 51

Image        PAL

Multi-angles sur tout le concert (3 + split screen)

Difficile de donner une note : c'est très propre, mais on ne voit rien. C'est souvent très sombre, et les prises de vue confinent parfois au n'importe quoi. Multi-angles ou pas, ce n'est pas le plus agréable de tous les concerts, loin de là.
Mouaif. 40 musiciens, un système quadriphonique, et au final une stéréo toute bête. Assez propre, presque du niveau du CD Exposed, elle n'est cependant pas assez massive niveau orchestre, et la prise de son laisse passer quelques bruits et erreurs qui feront grincer des dents.
Première incursion de Mike Oldfield dans le live, avec des titres répétitifs mais à la complexité effarrante. Les amateurs apprécieront, les autres risquent de s'ennuyer un peu.
Je mets trois points au multi-angles pour disons... bonne volonté. Mais ce n'est pas la panacée.

Ca, c'est un DVD qu'on n'attendait pas du tout. Et encore moins sous cette forme. Qu'il soit bon ou pas n'est à la rigueur même pas le sujet : c'est rien que son existence qui titille notre curiosité. Petit résumé des faits : en 1978, après deux ans de hiatus, Mike Oldfield sort son quatrième album, un 'Incantations' double très symphonique, très complexe dans sa composition et très difficile d'accès. Mais très beau. Typiquement le genre de disque qui ne peut pas se défendre en live, surtout quand on sait qu'à l'époque, Oldfield avait toujours une trouille bleue de la scène. Sauf, évidemment, si on prenait le risque de partir en tournée avec une infrastructure de tarés, avec un budget colossal, des dizaines de musiciens, un système quadriphonique, et ce en gardant dans un coin de la tête le fiasco absolu qu'a été la tournée symphonique d'E.L.P. un an auparavant. Mais en 1979, Oldfield prend le pari, et d'une tournée gonflée sortira le double album live Exposed, proposant des versions un peu raccourcies, et plus rock, des cultes Incantations et Tubular Bells. Alors qu'on s'attendait tous à voir débarquer le live au Knebworth de 1980, très connu et apprécié en VHS, voici qu'EMI et Virgin s'associent pour nous livrer un live de Exposed. Un vrai. Autrement dit, exactement ce à quoi on ne s'attendait pas. Comme quoi même au plus faible (c'est peu dire) de son génie créatif, on peut encore trouver dans les magasins des nouveaux disques signés Oldfield qui arrivent à nous surprendre.
Quand on a quatre albums en banque, en général on a une quarantaine de titres à son actif. Chez Oldfield, on en a dix. Et encore, pour recentrer le sujet, il a décidé de grouper ses Incantations en groupes de deux (comme quand on va aux alcools et aux légumes, et d'ailleurs Oldfield en a gagné un quart-d'heure ! ^^). N'ayant pas encore les ******* de jouer Ommadawn (il le fera à peine un an plus tard. Ca pousse vite, les *******), il donne ici une représentation du dernier album... et du premier, succès oblige. Et si Exposed, le CD, était enregistré un peu partout, Exposed, le DVD, est donné devant un parterre d'étudiants (un gros parterre, genre massif de thuyas) dans une salle pas du tout faite pour la musique. Autrement dit, déjà qu'à l'époque un Mike qui joue en live c'était pratiquement un miracle, mais cette date-ci semble carrément venue de nulle part. Et d'ailleurs, l'ambiance générale du concert est éloquente : on nage entre perfectionnisme, happening improvisé et joyeux foutoir de cancres, sans qu'une seule seconde la gigantesque infrastructure ne les dérange, les caméras non plus d'ailleurs.
En prime, on débute par 55 minutes d'Incantations, qui est une des musiques les plus complexes qui soient : on est loin des frasques démesurées du jazz-fusion, mais une note de travers et il faut trois ou quatre mesures pour se remettre dans le bain. Le tout avec des changements de rythme à faire passer Tubular Bells pour un single de Sabrina. Manquant peut-être de répétition, mais aussi de repères, l'orchestre (qui semble gigantesque) est souvent hésitant mais n'a au fond pas à rougir. Se baladant au milieu, Stratocaster à la main, Mike joue plutôt à l'économie, n'essayant pas à tout prix d'écraser ses copains avec sa virtuosité légendaire. Relativement peu de notes, relativement peu de pains, un trac cependant bien présent, et pas que chez lui : les choristes (nombreuses) ont aussi un peu la trouille.
Il y a en revanche deux musiciens qui eux se donnent et en font des tonnes pour notre plus grand bonheur, et pourtant ils n'avaient pas un rôle facile, ce sont les xylophonistes. Ils sautent partout et donnent aux violons et contrebasses une belle leçon de self control. Incantations dans cette version écourtée est relativement fidèle au studio, et Tubular Bells, également coupée par endroits, s'est "Incantationnée", dans une interprétation un tout petit chouïa moins rock et plus sympho/jazz/Canterbury que Exposed - le CD. C'est tout ? C'est tout. A part une version un peu ratée de Guilty, qui en prime est jouée deux fois (la seconde étant le rappel, et c'est loin d'être le sommet du DVD). Pour contrebalancer ce ratage qu'est le rappel, il faut rendre justice au public : trop jeune, trop dissipé, et qui sait peut-être pas du tout fan d'Oldfield, il termine le set par un boucan du tonnerre et des jets d'avions en papier qui font plaisir : tant de crispation, d'approximations, de doutes sur scène, pour au final une extase collective, ça fait plaisir.
Où vient alors la surprise, mis à part le simple fait que ce live soit enfin disponible avec des images ? Eh bien justement, des images. Ou plutôt, du choix des images. Jamais à court d'idées, Virgin, retrouvant l'intégralité des bandes vidéo de ce concert, et les ayant toutes restaurées, s'est amusé à nous pondre un DVD entièrement multi-angles. Nous, étant donné que le concert étant en quadriphonie, on aurait préféré un DTS, plutôt que de la simple stéréo. Bref, passons. Donc, tout le concert est en multi-angles. 4. Et c'est là qu'est l'os. Il s'agit probablement du multi-angles le moins intéressant de l'histoire du DVD musical, si on prend le ratio nombre d'angles + durée divisé par plans intéressants sur des musiciens. Déjà, sur les 4 angles, il y en a un qui récapitule les 3 autres. Et un autre qui est pris du fond de la salle et qui très souvent n'est qu'un plan fixe sur la scène entière. Ne restent que deux angles : l'original, tel qu'il a été diffusé à la télé, et un "alternatif" qui de temps en temps est le même, et d'autres fois, il faut être honnête, donne quelques gros plans sur les xylophonistes et les doigts de Mike. Mais il y a pire que ça : l'indigence absolue de ladite image.

Côté définition, elle est exceptionnellement bien conservée pour un truc d'archive de 1979. Cependant, vous ne verrez pas grand chose. La prise d'images semble avoir été faite dans le plus total bordel, la scène est bien trop immense pour les caméramen dont le souci principal est de ne pas se cogner contre les zicos, et globalement la vision de ce concert, si elle n'est pas désagréable, se frotte aux frontières du léger ennui. L'exceptionnelle fadeur de la mise en scène et des couleurs rajoute au côté anecdotique de la chose. Bref, un multi-angles pour un concert qui visuellement n'a rien d'attractif, ça fait tâche. D'autant que vous n'aurez rien d'autre à vous mettre sous la dent, pas un bonus, vu qu'un multi-angles, ça prend une place phénoménale. Si j'avais voulu être méchant, j'aurai bien dit que Virgin a voulu péter plus haut que son cul, mais soyons raisonnables : si ce concert n'est peut-être pas le meilleur de la tournée Exposed, il mettra le sourire jusque là aux fans du "vieux" Oldfield (qui a dit : du "vrai" ?), et reste un document de valeur. Bref, ce DVD est un cas d'école car il est à la parfaite croisée des chemins entre le purement anecdotique et l'exhumation d'archives rarrissimes. Note élevée à la hausse cependant, car il faut dire ce qui est : on a beau être un poil déçu, la musique, elle, reste éternelle. Ne reste plus qu'à prier pour un DVD-Audio d'Incantations, sur lequel Mike est supposé travailler en ce moment. Les bonnes choses se perpétuent et, comme le bon vin, ont tendance à plaire à mesure de leurs années. Même si parfois il y a un peu de bouchon au fond, après tout, c'est du bouchon d'époque, pas des bouchons en plastique de merde, qui modifie le goût, qui ...

Jean-Pierre Coffe
17-09-2006

1979 - Wembley Conference Center (Londres, Angleterre)


01. Incantations parts 1 & 2
02. Incantations parts 3 & 4
03. Tubular bells part 1
04. Guilty
05. Tubular bells part 2
06. Guilty (encore)


Mike Oldfield, Nico Ramsden - Guitare, basse   
   Phil Beer - Guitare, chant
Pierre Moerlen - Batterie, percussion    
   Mike Frye, Benoit Moerlen, David Bedford - Percussions
Ringo McDonough - Bodhran   
   Pete Lemer, Tim Cross - Claviers
Maddy Prior - Chant (...plus une vingtaine d'autres musiciens)