Groupe hallucinant, ambiance et concert sensationnels, piqué de l'image, importance culturelle certaine |
Note globale
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Son 5.1 très décevant, growl de Mikael moins percutant, mais surtout image bof bof |
Editeur
: RoadRunner Records
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Durée
totale : 4 h 22
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- Image NTSC |
Live
sur 3 CD audio (édition deluxe) |
Sept. Une note image, c'est une moyenne entre ce qu'on nous montre et comment on nous le montre. La définition de ce DVD est quasi-exceptionnelle, avec une profondeur d'image rarement atteinte sur un simple DVD. 10/10. Ce qui en dit long sur l'intérêt du reste. | ||
Une note gravement punitive pour un 5.1 raté d'un bout à l'autre. C'est limite ils auraient mieux fait de ne pas le mettre. Par contre la stéréo est la meilleure qu'Opeth ait jamais eue en live. | ||
Intégralité d'un album phare, tous les disques représentés, une ballade, un pavé de 13 minutes, un chef-d'oeuvre, une super ambiance, des musiciens au sommet : un dix bien mérité. | ||
L'interview de Mikael Akerfeldt est vraiment bonne ; il manque des sous-titres mais le gars est très compréhensible. L'autre bonus est complètement anecdotique hélas. |
A force de se dire que les temps changent, on oublie que c'est parfois pour le meilleur. Oui, les miracles existent encore, les grands comme les petits, ces minuscules détails de la vie qui vous redonnent la pêche. Qu'un groupe comme Opeth connaisse un succès croissant en est déjà un, mais qu'il ait pu investir l'ultra-prestigieuse salle du Royal Albert Hall, c'est une autre paire de manches. Comme le dit Akerfeldt sur cette magnifique scène, non sans malice mais avec un fond de vérité, il fait entrer le death metal dans ce que le peuple appelle communément la "culture". Blastbeats, growls, titres de dix minutes avec guitares hurlantes, ce n'est généralement pas l'apanage de cette salle réservée à l'élite. Alors que se passe-t-il, reconnaissance spontanée, appât du gain vu les ventes, ignorance totale des promoteurs ? Ou simplement au bout de dix minutes peut-on se rendre compte que ce groupe mérite de jouer dans toutes les plus illustres salles du monde ? Toujours est-il que, quarante ans après Deep Purple à qui l'hideuse et très drôle pochette rend hommage, un groupe de "musique brutale" envahit les lieux, lui, ses guitares, ses fans (sages et disciplinés, plus ou moins), et bien évidemment une réputation sulfureuse. Mon dieu, d'horribles satanistes violeurs de poules qui vont égorger des filles nubiles sur scène avec des têtes de bouc en hurlant des incantations sur fond de bruit ? Diantre. Où va le Royaume, my dear, où va le Royaume ? | |
Deux
heures cinquante-six minutes plus tard, et malgré quelques réserves,
il est facile de voir pourquoi Opeth continue irrésistiblement
son ascension, et pourquoi si un groupe de metal au monde méritait
de faire partie de l'intelligentsia britannique ne serait-ce qu'une soirée,
c'est bien lui. Plus encore que sur ses deux précédents
DVD, Opeth balance ses chansons en éclaboussant le public et votre
téléviseur d'une classe inébranlable. Chaque instrument
trouve parfaitement sa place avec une cohésion bluffante au dernier
degré. Solos mélodiques, riffs entêtants, batterie
variée, basse chaleureuse (qui n'a jamais été aussi
bien mixée), Opeth en tant que groupe de scène est impeccable,
presque rien à redire. Un seul bémol, le chant death d'Akerfeldt
qui est clairement moins ténébreux et prenant que ses précédentes
prestations : est-ce par peur de ne pas tenir trois heures de concert
? Ou une forme de mue dans sa voix, au ch'tit pépère qui
est quand même né pendant la merveilleuse et divine année
1974 et va donc sur ses quarante ans ? (NDKaworu
: Oui alors que toi tu ne fais que te séparer de ta trentaine,
c'est ça ?). On se consolera avec la beauté saisissante
de son chant clair, désormais maîtrisé sans un seul
accroc.
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L'excellence du groupe établie, on en oublierait presque la raison de leur venue dans le Palais Royal : une mini-tournée de 6 dates pour fêter leurs 20 ans. Et là finie la plaisanterie. Désirant célébrer en beauté, Opeth joue l'intégrale de Blackwater Park, leur album culte (pas leur meilleur mais sans aucun doute le tournant de leur carrière) et un titre de chaque autre album, en ordre chronologique. Un extrait de TOUS les albums, voilà ce que j'appelle une setlist. Et attendez, visez un peu lesdits titres. De l'effeuillé de Charolais, du Chinon 1983. Si Blackwater Park est joué d'une seule traite de façon un poil froide (mais avec une ferveur sans limites), la seconde partie du concert est goûlument commentée par un Mikael Akerfeldt toujours plus taquin, et réserve son lot de merveilles : Advent entière sublimée par les claviers de Per Wiberg, Harlequin Forest presqu'aussi envoûtante qu'en studio, Lotus Eater et son pont funky, et surtout, évidemment, The Moor, dix minutes de perfection, très bien adaptée sur scène, et qui reste un monument incontournable de la musique contemporaine. Rien, pas même des ennuis techniques dont un très éprouvant pour le pauvre Fredrik, n'arrive à destabiliser ces tueurs en série. Ce n'est peut-être pas un concert aussi prenant que Roundhouse Tapes, mais il a ce petit quelque chose de magique qui en fait un très grand live. | |
Maintenant,
parlons des choses qui fâchent. Parce qu'il y en a. Parce qu'en
l'état ce DVD ne peut pas obtenir 10, alors qu'il l'aurait mérité.
Parce que la vie est mal faite, parce que l'homme est fondamentalement
mauvais, et, vois-tu mon petit, c'est pour ça que le monsieur aux
cheveux sales grogne comme un ours dans le micro. D'abord, il semblerait
qu'il y ait un léger problème avec Jens Bögren, le
jeune et talentueux mixeur attitré. Autant son mix stéréo
est magnifique, très ample et lourd (quelques grésillements
sur les guitares électroacoustiques mais dans les conditions du
live c'est tout-à-fait acceptable), autant une fois de plus son
mix 4.0 est raté, et cette fois dans les grandes largeurs : spatialisation
de la réverb uniquement bien sûr, mais aussi son très
raboté, caisson de basse qui ne sait pas s'il doit la fermer ou
pas, fréquences destabilisantes, manque cruel d'ampleur, et même
pas de DTS pour tenter de rattraper le coup. Heureusement que ce grand
live (euh oui, on l'avait vu, qu'il était grand ? Non, faut répéter
des fois) est également en CD dans la version "deluxe"
(il existe aussi une version ultra-luxe avec vinyls que pour la première
fois depuis l'histoire d'Opeth, votre serviteur n'a pas acheté,
le prix n'ayant, lui, pas plus de classe que de beurre au cul).
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Et l'image ? Un grand live, ça a une grande image non ? Non. Si Opeth est un des tous meilleurs groupes du monde actuellement (fanboy attitude not included), il devrait songer définitivement à mieux s'entourer. Le son est à moitié réussi, l'image aussi. Impressionnante, la définition a toute latitude pour laisser éclater les couleurs et les détails, et le spectacle aurait dû être succulent, tant on l'a parfois l'impression de regarder un Blu-Ray. Comment alors pardonner l'artistique qui détruit minutieusement tout ce que la technique avait, pour une rare fois, réussi ? Les cadrages ont beau être nombreux, ils ne sont pas particulièrement intéressants, on ne sent pas la curiosité et l'énergie de la réalisation comme dans, par exemple, le Nemo (et hop, on remet une couche !). Mais en prime, encore une fois, la fois de trop peut-etre, le montage est nul. Bam bam bam bam bam bam tiens prends ça dans ta gueule, pauvre con de spectateur, tu écoutes de la musique violente, alors tu dois quelque part être bien disjoncté, tu vas aimer ça, des changements de plan sans queue ni tête, au pif, ou suivant le tempo comme un robot. Le plus grave étant que Mikael en personne a corroboré cette pagaille. Il faut urgemment donner à Opeth un vrai réalisateur, quelqu'un qui comprenne et vive leur musique aussi bien que nous, les fans. Hein ? J'ai écrit fan ? Ca m'étonnerait. C'est vrai que t'es un peu con, spectateur. | |
Evidemment, avec un tel problème, le 10/10 tant mérité s'envole : il existe une grande différence entre une technique qui est moyenne parce qu'on ne peut pas faire mieux (Luna Sea, Pink Floyd) et une autre qui est magnifique mais ouvertement salopée. Mais avouons également que les gros défauts n'empêchent que relativement de se pâmer devant trois heures bien tassées d'une musique à nulle autre pareille, d'une beauté extrême tant dans le dur que dans le doux. Les bonus ne viendront ni perturber l'ensemble général (NDBaron : Ah, joli le pléonasme !), ni le réhausser : il s'agit d'une interview d'Akerfeldt, plutôt intéressante et jamais insignifiante, et 40 minutes d'un roadmovie qui lui est par contre presqu'entièrement inutile, nonobstant le rigolo combat d'Axe contre un cintre qui l'agresse par pure cruauté. Et quoi qu'il ait pu arriver, ce DVD aurait de toutes façons été condamné à cette note de neuf qu'il porte comme une croix : trop artistiquement exceptionnel pour aller en-dessous, trop enduit de regrets pour accéder à ce fichu dix sur dix qui lui tendait les bras ! Allez, la prochaine c'est la bonne. Ca parait très difficile d'espérer un DVD qui soit cette fois totalement parfait, mais après tout, Opeth au Royal Albert Hall, dans le genre miracle ça vous calme le gaillard.
PRS : Qu'elle est belle, la guitare de Mikael ! ;) |
5 avril 2010 - Royal Albert Hall (Londres, Angleterre) |
01.
The leper affinity |
Mikael
Akerfeldt - Chant,
guitare
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Fredrik Akesson - Guitare, choeurs |
Per
Wiberg - Claviers,
choeurs
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Martin Axenrot - Batterie |
Martin
Mendez - Basse
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