Formule musicale audacieuse, punch de certaines compos, un excellent clip, zéro prétention en live

Note globale


Image peu intéressante, style vite redondant, DVD décousu, interview tout bonnement incroyable

Editeur : Metal Mind
Durée totale : 2 h 00

-

Image        NTSC

Biographie
Discographie
DVD-ROM : 4 fonds d'écran (beaux... un peu granuleux...)
Logo (3 min... je ne sais toujours pas à quoi ça sert mais là en plus, trois minutes !?!)
Galerie de photos (3 min)
Interview avec Peter (16 min non st)

Surprenant de mettre à peine la moyenne à un DVD Metal Mind, et pourtant c'est la vérité. Il y a de la louma partout, un montage non épileptique, beaucoup de caméras, reste que vous avez la sale impression de ne rien voir. Sur le premier concert, c'est pas qu'une impression.
La stéréo est brutale, efficace, mais souffre un peu de la compression - il faut dire que le matériau d'origine est exigeant. Le 5.1 navigue entre pas trop mal et franchement mauvais. Les clips sont honnêtes.
On ne peut pas dire qu'on s'ennuie, et les deux mini-concerts sont complémentaires, mais il manque à ceux-ci un supplément d'âme - soit metal soit pop, mais au moins un des deux aurait mérité d'être poussé.
La moyenne pour les clips, presque tous très bons. L'interview en revanche est un calvaire.

Tägtgren est un sacré musicien. Ou plutôt Peter. D'ailleurs, ça m'arrange de l'appeler Peter. Peter, donc. Producteur émérite propriétaire des Abyss Studios, Peter angulaire de la scène suédoise (metal bourrin et très grave mais toujours mélodique), Peter est également connu pour son groupe Hypocrisy, un combo tout ce qu'il y a plus metal suédois justement. Mais quand on est producteur et musicien à la fois, il est souvent tentant d'aller brouter dans le pré du voisin pour voir si l'herbe n'y est pas plus verte. C'est donc avec un mélange de culot et de curiosité que Peter a créé un second groupe, mélangeant toujours le metal, toujours la mélodie, mais également un format pop single complètement assumé et de très nombreuses influences modernes et électro - ce qui n'est pas étonnant quand on sait que Peter est un fan de Jean-Michel Jarre. Mélange qui était destiné à faire bouger les popotins tout autant que les cervicales, mais aussi à choquer la populace passéiste metalleuse de l'époque. Et Peter d'intituler ce groupe désormais légendaire : Pain. Mot d'origine anglaise qui signifie "douleur".
Menant son nouveau projet à la baguette, et utilisant toutes les ficelles du métier, Peter a donc sorti plusieurs albums mais s'est essayé aussi à l'exercice du live. Pétri de bons sentiments, mais pas sans accrocs : le projet avait besoin de deux claviéristes émérites, Peter choisira la voie des bandes préenregistrées, rendant les concerts plus mécaniques que prévu. A ce niveau, Pain aurait pu faire un four, pris en sandwich entre le public typé metal et les clubbeurs, mais le succès croissant dans son pays natal ne fît que confirmer la solidité du Pain suédois. Toujours à l'affût, le sympathique label Metal Mind a profité du passage de Pain en Pologne pour sortir le DVD live qui nous intéresse. Non pas un gros live best-of, mais deux demi-concerts totalisant une heure à eux deux, Metal Mind ayant sûrement pensé que deux Pain demi équivalaient à un Pain complet. Une plutôt bonne idée car s'enfourner tous les titres du groupe à la suite serait fatal tant le style est répétitf, le son froid et le Pain polaire.
Cap donc sur le premier live, capté au festival MetalMania. Public un peu clairsemé, pas de huées, c'est déjà ça. Première impression, l'image a été décalquée sur le grand chef d'oeuvre de science-fiction anticipative Battlefield Earth : il n'y a pas un seul plan bullé ! Seconde impression : Peter ne s'est pas ennuyé, complétant son groupe avec une bassiste et une guitariste aussi ravissantes qu'expressives. Pain attirerait l'oeil avec de belles miches ? Pas que : les deux demoiselles possèdent un son très gras et assurent l'intégralité du concert sans un pain. Derrière, le batteur mouline, tapant comme un sourd du Pain azyme bam boum, tentant de ne jamais quitter le tempo des bandes, ce qui serait aussi fatal que ridicule. Le style est glacial, le son aussi. D'ailleurs le 5.1 est totalement indigne de nos hautes attentes. Heureusement, le mélange gros riffs / refrains à hurler fonctionne bien, assurant quelques Pains à la chataîgne, et nos deux donzelles prodiguent des choeurs relevant le tout par un savoureux Pain d'épices.
La fin du premier gig arrive cependant juste à temps pour ne pas lasser, car malgré un capital sympathie évident et un style assumé jusqu'au bout, Pain se crame sur la longueur. Une petite pause, on peut attaquer le second concert, non considéré comme le programme principal. Diantre ! C'est pourtant meilleur ! Il y a des couleurs, le groupe est un peu plus vivant, et le son 5.1 est un vrai (pas extraordinaire mais le gain est énorme). Problème : outre la redondance du style qui commence à apparaître, les caméras sont de nouveau en mode Dahu, et pire, au bout d'une heure, on n'a toujours pas compris ce que jouaient les trois principaux protagonistes. Ce qui n'aide pas à faire passer le Pain. D'autant que si certains riffs de synthé puisent dans le meilleur de la trance, d'autres sont clairement du Pain à la noix, sons 8-bit à l'appui. Un peu plus grave pour les historiens du rock : du Pain rassis avec une reprise d'Eleanor Rigby qu'on pourra avoir du mal à avaler.
Les deux concerts terminés, on pourrait se dire qu'on a mangé notre Pain blanc. Preuve en est ce bootleg de deux titres au son plus spartiate et à l'image amateur. On passera rapidement sur les miettes habituelles de Metal Mind : biographie, discographie, fonds d'écran un peu... granuleux (NDBaker : Celle-là je l'ai pas faite exprès !). Bonus habituellement pâteux, les clips se montrent ici plus fouillés que d'habitude. On pourra même dire qu'ils sont un petit peu supérieurs aux lives. Faisant l'objet d'un soin plus ou moins grand, ils sont globalement au-dessus du lot habituel, grâce en partie aux talents d'acteur réels de Peter (qui d'ailleurs ressemble étonnamment à Christopher Walken !). Point fort : Just Hate Me est un petit bijou entre Wall-E, du Nick Parks et le Insanity de Oingo Boingo, à voir absolument. En serions-nous restés là que les quatre quarts du DVD seraient restés digestes.

Trois fois hélas, par peur de manquer, Metal Mind refuse de laisser du Pain perdu, et nous offre (nous inflige plutôt) une interview de Peter Tatge Tagte Tgat... de Peter (je savais qu'il fallait pas la tenter celle-là). Et là, sortez vos couettes, éteignez la lumière, calefeutrez-vous bien au fond de votre lit : les hosties litées peuvent commencer. Montrant sans équivoque qu'il se fait plus chier qu'à un concert de Richard Antony, Peter grommelle quelques réponses évasives à des questions rapidement saoûlantes, et réussit l'exploit en l'espace de 16 minutes 40 de prononcer 141 fois "you know". Cent quarante-et-une fois. Je les ai comptées. On dirait le Tony Parker des Guignols, tu vois, t'as vu ? La molesse extravagante de cette "interview-know" finit de rendre le personnage et sa musique beaucoup moins attirants qu'on l'aimerait, car si ce DVD est bourré de petits défauts, il ne reste pas moins que la démarche artistique était, et est toujours, à la fois intéressante et botteuse de culs. Reste à espérer des jours meilleurs avec plus de rage et moins de poudre de perlim Pain Pain.

, mot d'origine anglaise qui signifie "boulanger"
23-03-2010

12 mars 2005 - Festival Metalmania (Katowice, Pologne)
13 janvier 2005 - Krzemionki TV Studio (Cracovie, Pologne)


   MetalMania
01. Supersonic bitch
02. End of the line
03. On your knees
04. Dancing with the dead
05. It's only them
06. Just hate me
07. Same old song
08. Shut your mouth

   TV Studio
09. Greed
10. Breathing in breathing out
11. Suicide machine
12. Nothing
13. Eleanor Rigby
14. On and on

15. Supersonic bitch - Bonus
16. End of the line - Bonus

   Clips
01. End of the line
02. Suicide machine
03. On and on
04. Shut your mouth
05. Just hate me
06. Same old song
07. Bye / Die


Peter Tägtgren - Chant, guitare, programmations   
   Andrea Odendahl - Guitare
Alla Fedynitch - Basse   
   David Wallin - Batterie