Deux reprises excellentes avec Dream Theater au complet en guests

Note globale


Très moche visuellement, presqu'irregardable tant c'est en play-back et / ou pas synchro

Editeur : Sanctuary
Durée totale : 1 h 40

Image        NTSC (et région 0 contrairement aux rumeurs)

Featurette sur la tournée (3 min non st)
Promo quotidienne (16 min non st)
Making-of du DVD (3 min non st)
Galerie de 32 photos moches

Les anti-anciens-étudiants-en-cinéma-frustrés se gausseront en pensant que c'est mon côté vieux con anar qui ne supporte pas le faux sépia prétentieux et pourri. Mais si je donne cette note, ça n'a rien à voir. C'est juste que quand j'achète un DVD, j'apprécie que la vidéo suive l'audio, voire l'inverse.
Un stereo chiche, braillard mais quand même très supportable. Le menu étant en 5.1, ça la fout mal. Un point supplémentaire pour les reprises avec 10 musiciens très bien mixés.
Un concert court, sans queue ni tête, mais avec quelques bons passages (Best I can, même si la moitié est une bande) et deux reprises du tonnerre ultra-sympas.
Des interviews bordéliques qui n'incitent pas à l'enthouziazme fou, deux fois une chanson, nouvelle en plus, en acoustique avec les zicos mal réveillés et Scott Rockenfield, Dieu parmi les Dieux, au shaker. On rajoute le logo sur le DVD à l'envers et orange vif, et ça en dit assez long.

Petit rappel à l'attention des étudiants en audiovisuel : qu'est-ce qu'un clap ? Il s'agit d'une planche de bois en deux parties, dont l'usage principal est le suivant : une fois la caméra mise en route, le clapman se met dans le champ de la caméra, montre le clap, puis, par un violent et rapide geste de la main gauche, vient taper une extrémité du clap contre l'autre, de façon à émettre un son brut et court ressemblant à un unique applaudissement. Le son doit être court, le geste précis et dégagé. A quoi ça sert ? Simplement qu'au montage, on puisse faire une synchro entre l'image et le son : au début de la bande, chaque caméra est calibrée à partir du son du clap. C'est un repère qui permet d'éviter les retards car, vous ne le savez peut-être pas, mais plus la caméra est éloignée d'un sujet, et plus le son met du temps à arriver à elle. Ca, même Gérard Pullicino le sait. Mais le réalisateur du nouveau concert de Queensrÿche, non.
Petit rappel à l'attention des chanteurs en général, et ceux de metal en particulier : qu'est-ce qu'un overdub ? Il s'agit d'un procédé, utilisé par 15 % des artistes selon les organisateurs, 85 % selon la police, et consistant à réenregistrer ses parties, souvent vocales, lorsque l'enregistrement brut d'un concert ne lui donne pas entière satisfaction. Le principe est de réenregistrer ses parties par-dessus la bande témoin du vrai concert, si possible en se mettant dans les conditions du live, simplement pour retrouver la sensation d'urgence mais en bénéfiçiant d'une forme (d'une voix) qui n'a pas été assez constante le soir de l'enregistrement. Pour les chanteurs, le système étant plus délicat, il existe des systèmes audiovisuels qui, couplés au clap ci-tôt-cité, permettent de réenregistrer facilement en synchronisant son chant avec le mouvement des lèvres. Donc on n'a pas trop l'impression de playback, et en plus le chanteur arrive à chanter juste. Celà, même Fabio Lione a appris à le faire. Mais le chanteur du nouveau concert de Queensrÿche, non.
Petit rappel à l'attention des directeurs artistiques, surtout celles qui sont mariées au chanteur du groupe ci-tôt-cité : où se situe la frontière entre l'expérimentation et le mauvais goût ? Vous faites ce que vous voulez, c'est votre groupe et c'est l'image que vous voulez en donner, mais un rappel historique s'impose : en 1920 et quelques, la couleur n'existe pas encore, et désespérés par le noir et blanc immuable de leurs films, des réalisateurs et directeurs de la photographie s'amusent à apposer des filtres de couleur sur leurs négatifs. Résultat : adieu le noir et blanc, vive le noir et vert, le noir et rouge, le noir et bleu. Meilleure utilisation : le Nosferatu de Murnau. Du coup, est arrivé le sepia, noir et ocre donnant une certaine patte. Des dizaines d'années plus tard, les millions de dollars (et françs) et les recherches incessantes ont permis d'arriver à des images du type Seigneur des Anneaux ou Matrix : une maîtrise parfaite du moindre détail, des couleurs et de la définition. Alors vous faites ce que vous voulez, mais dépenser du pognon, du temps ou quoi que ce soit d'autre pour filmer en vidéo "haute définition" (qui est la norme depuis des années) et ensuite crader tout comme un goret en rajoutant un faux effet sepia, un grain assez gros pour nourrir toute la Sarthe et des faux traits de poussière qui en plus font franchement factices, je trouve ça crétin, passéiste, prétentieux. Ce genre de choses, si Pullicino n'a pas encore appris à le comprendre, au moins des Aronofsky tendent à s'en éloigner un minimum au fil des oeuvres, c'est dire. Mais Susan Tate, non.
Petit rappel à l'attention des groupes "cultes" un peu has-been qui veulent redorer leur blason : qu'est-ce qu'un supporting act ? Il s'agit d'un, ou deux, groupes qui font un peu la même musique que vous, à qui vous voulez donner un coup de pouce, et qui est censé chauffer la salle avant que vous ne puissiez conquérir le public, VOTRE public. Donc, on évite d'engager des gens non seulement plus doués que vous, mais qui en plus vendent plus que vous, sont plus connus que vous et ont plus de fans dans la salle que vous. De même, quand on fait un concert assez court pour promouvoir un dernier album franchement surestimé, éviter le piège des reprises de gros classiques. Par exemple, Pink Floyd et les Who sont à proscrire : leurs chansons sont tellement meilleures que les vôtres que le public ne peut que voir la différence, et des reprises dix fois plus applaudies que vos chansons, ça fait mal à l'égo, surtout qu'avant une chanson de 1990 même pas "top 50" a eu elle-même dix fois plus de succès que les nouvelles. Je prends un exemple, mais si Fates Warning tournait avec Dream Theater, ils éviteraient de reprendre deux classiques absolus avec eux, avec deux batteries, trois guitaristes, et un clavier qui LUI ne serait pas hors-scène ni en playback sur bandes (hein Geoff ?). Donc ici, nous avons Fates Warning, qui était présent sur la tournée et n'est pas présent dans ce DVD (qui dure 1 h 20, reprises comprises). Mais il y a une différence entre FW et DT : le Rÿche peut à la rigueur prétendre encore rivaliser avec Fates Warning. Plus avec DT. Ca, les fans de metal progressif le savent (et le brâment depuis plus de 5 ans). Mais les ci-tôt-cités Queensrÿche, non.

Rappel important à l'attention des acheteurs de DVDs qui parcourent ce site : ne jamais se fier aux on-dit. On disait que ce live était ce qui était arrivé de mieux au Rÿche depuis des années. Passer derrière Live Evolution n'est déjà pas trop bandant, mais alors arriver à faire aussi mou mais en plus moche, il fallait oser. On disait que ce spectacle était filmé en noir et blanc façon cinéma, on se retrouve avec du sépia pourri façon Karl Zéro. On disait que les titres de Tribe passaient très bien en live et que le groupe en sortait grandi, on se retrouve avec une moitié de concert chiante (les titres de Tribe passent mal, cet album est aussi surestimé que Q2Krap, Seigneur qu'est-il arrivé à Michael Wilton ???). On disait que le Rÿche commençait ici l'arrêt de sa descente aux enfers : le simple fait que Kaworu se soit exclamé : "eh ! génial, c'est John Myung !" en dit long sur le résultat de ce DVD qui ne vaut que par sa fin. Peut-être que Operation : Mindcrime II sera le vrai renouveau du groupe mais en attendant, vous connaissez le proverbe : "fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me. Fool me thrice, shame on both" (on peut duper 1000 personnes 1000 fois... non, 1000 personnes 1 fois, mais on ne peut pas duper 1 personne 1... non, 1000... on peut du... on peut duper une... personne 1000 fois, mais... prenez un chewing-gum, Emile !). Alors dans les bonus assez nuls et non sous-titrés, Geoff Tate baragouine quelque chose parlant de ces live filmés au camescope par les fans, ce qui expliquerait la dégradation d'image pour mieux harmoniser la qualité : tous pourris ! (Et la Femis pourra ouvrir une section Ecole des Fans). On s'en tape, celui qui achète le DVD n'est pas censé savoir que c'est de la qualité amateur (en plus c'est pas vendu au prix adéquat). Il parle aussi à un moment de système 5.1, c'est rigolo parce que le menu l'est, mais pas le concert (le son est même franchement banal). Ah oui les bonus : se taper deux fois de suite une version acoustique de Losing Myself est au-delà de mes forces. Bref, on ne voit pas trop l'intérêt de ce DVD (1). Si c'est pour essayer d'intéresser les gens à Tribe, c'est clairement raté. Si c'est pour faire la promo de Dream Theater, c'est extrêmement réussi. Si c'est pour nous faire patienter, il est certains trous normands qui sont trop alcoolisés et passent la frontière entre faire digérer et saoûler la gueule. Bref, si comme moi et bien d'autres personnes, vous n'arriviez pas à avoir un avis concret sur ce DVD, maintenant vous en avez un. Et un pas très bon.

2004 - USA


01. Tribe
02. Sign of the times
03. Open
04. Losing myself
05. Desert dance
06. The great divide
07. Rhythm of hope
08. My global mind
09. Roads to madness
10. Della Brown
11. Breaking the silence
12. The needle lies
13. Best I can
14. Comfortably numb
15. Won't get fooled again


Geoff Tate - Chant, claviers en playback   
   Michael WIlton, Mike Stone, John Petrucci - Guitare
Scott Rockenfield, Mike Portnoy - Batterie   
   Eddie Jackson, John Myung - Basse
Jordan Rudess - Claviers pas en playback   
   James LaBrie - Chant (les notes justes)



 

 

(1) qui ne devrait pas exister d'ailleurs : c'est un gag.