Frais et sans aucune prétention, de bons acteurs, bonus enthousiasmants

Note globale


Quelques opportunités ratées et ton général consensuel, VF pas à la hauteur, technique tout juste bonne

Editeur : Paramount
Durée totale : 2 h 43

Image        PAL

Commentaire audio de Jack Black et Richard Linklater (st fr uk)
Commentaire audio des enfants (st fr uk)
Making-of : Leçons apprises (24 min st fr uk)
Jack Black sollicite Led Zep (3 min st fr uk)
Clip (3 min)
Les élèves du Festival de Toronto (8 min st fr uk)
Journal de bord de Jack Black (16 min st fr uk)
Bande-annonce (2 min non st)

Ce n'est pas mal mais il y a un quelque chose de "sale" dans l'image, de terne, sûrement dû à la compression qui a tendance au fourmillement. Pas tout à fait à la hauteur des canons désormais habituels, rien de dramatique non plus.
Uniquement du 5.1, en français comme en anglais, ce qui est idiot tant vos enceintes arrières resteront bien tranquilles. En prime, le son est par moments mal balancé et la VF est franchement pas terrible. Un son décevant pour un film sur le rock, mais pas non plus inécoutable.
Il y avait un potentiel fabuleux mais l'optique "tout ado" a considérablement réduit l'impact. Reste pour les fans de Jack Black un monumental one-man-show, et pour vos têtes blondes un sommaire, trop léger mais rafraîchissant, de l'histoire du rock.
Tout sous-titré (sauf une bande-annonce ultra-calamiteuse), presque sans erreurs en plus, avec des commentaires bon enfant et un making-of où la rencontre entre Jack Black et Miranda Cosgrove vous redonnera confiance dans les générations futures. Si si.

Le Cercle des Poètes Disparus a marqué le monde entier. Suis ben placé pour l'savoir. Et il a réussi à montrer, non pas LA voie comme certains esprits chagrins l'ont fait croire, mais une voie, différente pour chacun. Un film bénéfique, cathartique. Seulement voilà, il est une scène dans cet absolu chef-d'oeuvre de Peter Weir qui n'est pas tout à fait montrable au commun des ados se cherchant encore. On peut même dire qu'elle fait désordre. Alors s'engouffrant dans cette brêche, des tas de producteurs ont créé des films pour mômes qui sont en réalité des cercles de poètes édulcorés, avec le même système ("Tes rêves peuvent devenir réalité, il suffit de le vouloir très fort"... ouais ben j'attends toujours d'épouser Isabelle Carré, moûa !) et des tas de gags pour bien faire passer le message tout en douceur. Plus gros succès de ce genre archi-usé dans les années 90 : les Petits Champions, où Emilio Estevez apprend le hockey sur glace à une bande de morveux mous de la genouillière. Film bien sympathique d'ailleurs.
Alors on peut effectivement tirer la sonnette d'alarme sur ce genre de films (exclusivement américains d'ailleurs) : c'est vrai que montrer à des gosses entre 7 et 11 ans qu'à force de travail on devient le plus fort, c'est extrêmement tendancieux et c'est courir à la catastrophe psychologique à rebours. D'autant plus critique que, à rebours, on n'est plus forcément là pour aider. Mais, mais mais mais, ami lecteur, toi qui va peut-être bientôt avoir des enfants de cet âge, le plus important dans tout ça, ce n'est pas que les gosses ayant vu le film deviennent champions. Meme s'ils finissent derniers, rétamés, humiliés, l'important n'est pas là, oh non. L'important, c'est que ces gosses, après avoir regardé la télé une heure et demie, ne vont pas rester avachis devant huit heures de plus : pendant un an, ils vont faire du sport, acheter des équipements, se faire des amis, des ennemis aussi, comprendre la beauté de ce sport, ses limites, ses connards, la sueur qu'il requiert, et pour finir que victoire ou défaite, l'essentiel se situe ailleurs. En un mot comme en cent : il s'épanouit. C'est un lieu commun qui d'ailleurs ne marche pas toujours, mais pour ce film, l'effet a été réel. Et c'était le hockey sur glace. Alors imaginez si le même genre de films pour ados traitait, sur un schéma identique, le thème du rock.
Jack Black joue (vraiment ?) le role de Dewey Finn, un guitariste et chanteur de rock qu... Ah pardon, il semble extrêmement important de rappeler que School of Rock est un film américain. Autrement dit, pour eux, le rock, c'est pas les Beatles, Kyo, Téléphone ou Superbus. Non, dans ce film, les références s'appellent Led Zeppelin, Cream, AC/DC, Motörhead. Du HARD ROCK ? Doux Jésus, Satan t'habite, fi ! Pleutre cocaïnomane sodomite ! Ben... non. Les Américains sont peut-être parfois très stupides, mais chez eux, ces groupes-là, c'est du rock. Point. Vous n'êtes pas d'accord, vous voudriez connaître ce qu'ils appellent "hard rock" ? Pas de soucis, on va vous sortir Machine Head et Slipknot. Vos oreilles vont adorer. Et vos kids aussi. Donc, Dewey, qui vient de se faire larguer par son groupe, décide d'accepter par un triste subterfuge un poste d'enseignant en CM1. Totalement inexperimenté, il va avoir une révélation en decouvrant que tous ses petits élèves jouent d'un instrument. Sa mission sera désormais d'insuffler l'esprit du rock dans leurs jeunes cerveaux et former un groupe qui déchire tout.
A partir de ce postulat, ne cherchez plus la moindre trace de crédibilité. Il n'y pas l'ombre d'une cohésion narrative quelconque. La pellicule qui défile sert uniquement de tremplin à trois éléments : l'énergie hors du commun de Jack Black (qui en fait des mégatonnes au cube), les gosses pour lesquels le réalisateur (Rich Linklater, très sage, bien loin de ses frasques habituelles) a tout fait afin que vos propres enfants s'y identifient, et le placement d'un maximum de références. De ce côte-là, on pourra trouver le film pas encore assez poussé, et certains auraient carrement préféré laisser tomber ce qui reste de trame narrative au profit de séquences plus "didactiques". Il n'en reste pas moins que les enfants regardant le film seront confrontés à AC/DC, Led Zep, les Doors, Cream, et se prendront même dans les dents des références plus que flatteuses à Pink Floyd, Rush (yes !) et... Yes justement, via Rick Wakeman. Je sais, arrêtez de faire la grimace, c'aurait pu être pire : je vous rappele que le film est américain. Ils auraient donc pu initier vos têtes blondes à Keith Emerson. Brrrr...
Une fois qu'on a accepté le postulat de "film pour ados", il faut reconnaître certaines qualités, à commencer par la délicieusement dingue Joan Cusack, spécialiste de ce genre de rôles allumés (rappelez-vous sa composition dans le très mésestimé film Toys), mais il faut également tirer un coup de chapeau aux gosses, qui dans l'ensemble s'en tirent plutôt très bien. Tous réllement musiciens, ils ont dû apprendre à jouer la comédie et à... mal jouer de leur intrument ! Chose pas évidente et qui d'ailleurs ne passe pas très bien - là aussi, moins de grimaces, moins de psychologie et plus de technique auraient peut-être été payants. Musicalement il vous faudra oublier tout ce que vous savez pour réellement apprécier le film (en gros, faire le chemin inverse de vos marmots... vous finirez par vous retrouver au milieu !). Côté comédie par contre, il y en a deux qui se détachent du lot (sans compter Maryam Hassan qui est promise à une belle carrière) : Kevin Clark, qui crève l'ecran et est confondant de naturel et de patate (il rappelle fortement Corey Feldman ; il est vrai qu'il est le plus vieux du groupe), et l'adorable petite Miranda Cosgrove qui campe un délicieux personnage de manager du groupe (et là, les Sharon Osbourne, les Yoko Ono, les Constance Mozart en herbe se mangent des missiles sol-sol à trajectoire indirecte pas piqués des vers, rappellant furieusement Spinal Tap). D'ailleurs, à bien y reflechir, c'est peut-être ce côté Spinal Tap qui empêche les plus adultes et musiciens d'entre nous d'apprécier le film à sa juste valeur. Diantre, le film de Rob Reiner trouverait-il encore un écho de nos jours ?
Le film, succès outre-Atlantique oblige, est présenté par Paramount dans un écrin assez flatteur, nonobstant une jaquette repoussante. L'image est d'assez bonne qualité, avec un léger grain cinéma comme on les aime. Côté son par contre c'est nettement moins reluisant. Pour un film basé sur le rock, on peut dire que le 5.1 est aux 32 heures : à part sur le concert de fin et deux/trois titres, vous aurez l'impression que vos enceintes arrières ont été débranchées par un Gremlin vicieux. A noter que la VF est assurée par Sébastien Cauet (le Kali des merdouilles), qui s'en tire pas terriblement, avec une voix monocorde type Ségolènitude, rendant donc la VO sincèrement conséillée (seulement voilà : avec des ados, la VO est périlleuse). Le film est affublé de deux commentaires audio, tous deux sous-titrés : l'un est du tandem star/réalisateur, et est sympathique ; l'autre signé de tous les gamins a un défaut (ils racontent le film la moitié du temps), et une qualité : ces gosses ont autant de culture musicale que les grands et en font joyeusement étalage !

Vous trouverez aussi des bonus sympas bien en accord avec le film : making-of assez intéressant, et didactique autant pour les gosses que pour les cinefreaks, présentation du film à un festival où vous pourrez découvrir les ados dans un jour très important de leur vie (et vous rendre compte que la petite Rebecca va devenir une pure bombe d'1 m 90), vous avez même un "journal de bord" de Jack Black, mais là, c'est réservé à ses fans, et uniquement eux. Enfin, que deviendrions-nous sans la bande-annonce traditionnelle ? Ben euh... heureux : elle est exceptionnellement pourrie. A ne surtout pas montrer à votre marmaille. La bande-annonce, pas le film, car si vous possédez un ou plusieurs exemplaires de la marque "gosses" en taille 8-12 ans, ça vaut le coup de tenter ce déniaisage musical drôle et au final plus innocent que hâleur. Après, si votre cadet se met à taper sur les poubelles en se prenant pour John Bonham, c'est vous que ça regarde et les voisins que ça dérange...


13-04-2007

PS : Pour les voisins, vous pouvez toujours mettre vos enfants devant un bon vieux Rocky...