Encore un concert génial, le meilleur public que Springsteen ait jamais eu

Note globale


Le Boss n'a pas de voix cette nuit-là...

Editeur : Sony Music Video
Durée totale : 2 h 56

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Image        PAL

Featurette (9 min non st)
Clip de la tournée (5 min)
Une image presque parfaite. Ce fourmille un chouia et c'est surtout trop lissé, mais les contrastes sont fabuleux.
Même chose que sur le live à New York : très puissant, parfois muddy (surtout sur la voix, comme en plus il lutte un peu...), et le public est immergeant.
Beaucoup de Rising, des redites par rapport au New York Concert sans trop de gravité. Et quelques perles : Incident on 57th Street en tête. Ne manquait qu'Adam raised a Cain et c'était le bonheur total.
Là ils ont assuré le strict minimum : une petite interview consensuelle et non sous-titrée et la liste des DVDs du Boss. Peut (largement) mieux faire.

On pourra légitimement s'étonner de la parution d'un live du Boss, si peu de temps après son (magnifique) DVD de "réunion" à New-York. D'autant que les anciens fans s'en rappelleront : il a fallu lui tirer les vers du nez, à Bruce, pour qu'il daigne sortir son premier live en 1986 ! La surprise est d'autant plus grande que la setlist, à première vue, a quand même certains points communs avec le live de 2001. D'où vient alors la différence? Elle vient naturellement de "The rising", ce fameux nouvel album enregistré avec tout le E Street Band, le premier depuis 1987. Ce genre de réunion à l'arrachée de vieux line-ups, en général, ce n'est pas toujours pour le meilleur ; mais ici c'est du Boss qu'on parle. Et l'homme sait depuis belle lurette comment bien faire les choses.
Donc Springsteen est là pour défendre un nouvel album, de nouvelles chansons. Et il le fait bien sentir en débutant le concert par de nouveaux morceaux. Parfois c'est un peu risqué ; mais l'avantage avec ce chanteur, c'est qu'on a toujours confiance en ses setlists, et que globalement il n'a jamais eu tort. Le public le sait aussi, et fait un triomphe à ces nouvelles mélodies éructées avec toute la puissance d'un homme dédié au rock'n'roll. L'homme, oui ; pas forcément sa voix. Ce soir-là, Springsteen a bien du mal à lutter contre l'amicale des chats de gouttière qui se tient au fond de sa gorge ; la puissance vocale ahurissante qui le caractérise d'habitude est ici presque absente. Beau joueur, Bruce ne se laisse pas abattre, il prend cette défaillance comme une fatalité, avec le sourire, et se concentre sur son jeu de guitare et de scène.
Du coup, on a droit à une symbiose bluffante entre un public chauffé à blanc, hystérique à la moindre intro, et un groupe galvanisé par un chanteur heureux, qui ne se torture plus pour sa voix - vu qu'il a déjà perdu la bataille - et donne de l'énergie à tout un stade. Alors bien sûr, le concert se rapproche musicalement du live à New York, surtout qu'au niveau des arrangements peu de changements sont apportés; mais l'émotion n'est plus la même. Si en 2001 il règnait une ambiance de grande messe du rock comme on n'en avait pas connue depuis les tournées en plein air de 1984, on a ici un public européen, donc très différent et trop longtemps laissé pour compte, un nouvel album à défendre, et la volonté d'en mettre plein les oreilles. Ce n'est plus une communion, c'est un baptême - du feu. Weinberg bastonne ses fûts, Van Zandt casse des cordes, et il n'y a pas un centimètre carré de la scène qui ne soit pas visité par les baskets du Maître.
Comme musicalement on se rapproche de 2001, il est naturel que le DVD, techniquement, soit son frère jumeau. On retrouve donc une image en 16/9 d'une qualité bien agréable, même si ici le rouge vif et le bleu de New-York ont fait place au noir profond et au jaune/ocre de Barcelone. La réalisation est plus chaotique que New York, c'en serait même parfois gênant si la raison n'en était pas aussi évidente : le foutoir complet et absolu au milieu de la foule comme sur la scène. Le son aussi est moins pur, plus agressif, bien que toujours aussi énorme, là aussi c'est finalement un bon point. A New-York, vous tapiez des mains. Ici, vous chanterez comme des boeufs. Même - surtout - pendant les titres les plus nouveaux ou les plus obscurs. En revanche, côté bonus, les deux concerts n'ont pas tout à fait les mêmes valeurs. Exit les sous-titres sur le documentaire, et je dirai même : exit le documentaire. La featurette donnée en pâture est d'une pauvreté qui fait mal au coeur quand on sait que Springsteen pourrait facilement parler pendant au moins un quart-d'heure de TOUTES ses chansons, et que nous ne nous priverions pas pour l'écouter religieusement. En gros ici, tout le monde est content d'être là. Franchement, au lieu de faire semblant de l'apprendre, remettez le concert : vous ne l'apprendrez pas; vous le serez.

Reste la question que tout le monde se pose : quid de la gemellité avec New York ? Un amateur occasionnel possédant l'un devra-t-il acheter l'autre ? En tant qu'amateur plus qu'occasionnel, mais pas fan autant que d'autres groupes, voici ma position : si vous n'aimez pas Springsteen, mais alors vraiment pas, aucun des live ne changera votre opinion vu qu'il reste ancré dans une certaine identité musicale sans s'en éloigner. Si vous possédez déjà New-York, vous avez déjà un bon best-of ; si vous ne l'avez pas, il sera plus intéressant en tant qu'introduction à Bruce par rapport à ce Barcelone. En revanche si vous recherchez un concert de rock plutôt sauvage et direct, Barcelone est bel et bien un morceau d'anthologie. Enfin, si vous aimez le Boss, malgré les quelques similitudes, vous n'avez aucune crainte à avoir : procurez-vous rapidement ce bijou hot de concentré d'énergie.

16 octobre 2002 - Palau Sant Jordi (Barcelone)


01. The rising
02. Lonesome day
03. Prove it all night
04. Darkness on the edge of town
05. Empty sky
06. You're missing
07. Waitin' on a sunny day
08. The promised land
09. Worlds apart
10. Badlands
11. She's the one
12. Mary's place
13. Dancing in the dark
14. Countin' on a miracle
15. Spirit in the night
16. Incident on 57th street
17. Into the fire
18. Night
19. Ramrod
20. Born to run
21. My city of ruins
22. Born in the U.S.A.
23. Land of hope and dreams
24. Thunder road


Bruce Springsteen - Chant, guitare, harmonica   
   Roy Bittan, Danny Federici - Claviers
Clarence Clemons - Saxophone   
   Nils Lofgren, Patti Scialfa, Steve Van Zandt - Guitare, choeurs
Gary Tallent - Basse, choeurs   
   Max Weinberg - Batterie
Soozie Tyrell - Violon, choeurs