Ambiance de fête, plein d'excellentes chansons

Note globale


La voix dérape parfois, la mise en images pas toujours heureuse

Editeur : Island
Durée totale : 3 h 46

- (PCM)

Image        PAL

Making-of du concert (23 min non st)
Caméra embarquée sur la tête de Bono (4 min)
"Another perspective" : direct pendant la réalisation (66 min non st)
Trailers de Zoo TV et de PopMart (4 min)
Clip en accéléré, montage scène (6 min)
4/3 (dommage) avec une définition pimpante et une compression rarement défaillante malgré les halos de lumière (ne vous fiez pas à la première minute, affreuse). Parfois la réalisation s'emporte un peu trop (strobos et toute la famille) et l'image est par à-coups sombre et brouillonne, mais ca reste agréable. Les couleurs sont parfois d'une chaleur magnifique.
Efficace certes, surtout très dynamique même en 5.1, mais public trop strident et basses qui parfois partent dans les infra sans pour autant dynamiter votre salon.
Ca donne dans le tube sans arrêt, un vrai best-of live bien agencé. L'essentiel de la première partie est calquée sur le dernier album, et le public l'accueille très bien : excellent signe.
Un documentaire bien fichu - quoi que trop court - et quelques gâteries sympathiques - rien d'essentiel mais rien d'inintéressant non plus.

Deux ans, il m'a fallu deux ans pour me décider à pondre, pour la troisième fois d'ailleurs, cette chronique. Ca devait être une des premières pages du site. Deux ans pour écrire quatre paragraphes, c'est louche. Ca peut vouloir dire que c'est tellement bien (lisse ?) qu'on ne sait pas quoi dire; ou que c'est si mauvais qu'on a du mal à le croire. Ou alors qu'on n'en pense pas grand chose. Et en fait, j'ai tellement voulu me convaincre de toutes les qualités (et il y en a) de ce DVD que j'ai dû mettre dans le grenier de ma mémoire les défauts. En me forçant (pas tant que ça, rassurez-vous) à regarder de nouveau l'intégrale, ils m'ont explosé aux yeux et oreilles, et du coup j'ai pu trouver le petit pivot inhérent à chaque chronique digne de ce nom. Simple, si simple qu'on a du mal à y croire. U2 est un des groupes de rock qui, avec Pearl Jam, Springsteen, Motorhead, est aussi réputé pour l'excellence musicale sur disque que pour ses concerts où seule la musique prime. Sauf que parmi tous les exemples précités, pour U2, ça ne fonctionne pas. Non pas que la musique ne soit pas digne de se tenir toute seule. Ni le groupe. Ni le public. Mais le trio amoureux ci-formé ne peut décidément et (pour l'instant) immuablement pas se satisfaire d'un simple concert.
L'histoire live de U2 débute pour nombre d'entre nous en 1985 où, au Live Aid, un Bono en costard et cheveux longs fend une foule que des Sting, Rob Halford ou Madonna n'ont pas osé affronter. Ensuite, c'est un peu le blackout que seul le magnifique premier film de Phil Joanou, Rattle & Hum, nous remémorre. Puis vient 1991, le ZooTV Tour, premier fiasco financier de l'histoire du rock. Je précise : premier fiasco assumé et clâmé. Ils ont perdu de l'argent, ou sont à peine rentré dans leurs frais. Mais à quel prix, justement ! Un public complètement hypnotisé, se prenant dans la gueule un mélange tiers-discours du Che, tiers-lasershow de Jarre, tiers-concert de gros rock qui tâche avec synthétiseurs à l'ultra-basse et riffs qui humidifient le double-protection de ta génitrice. 1997, tournée "pop", pire tournée niveau musique mais presqu'aussi hallucinante et fédératrice que sa déïfique prédécessrice. Bref, deux tournées qui existent déjà en version filmée (l'une officielle, l'autre pas ou si peu), et qui, avouons-le, font partie des DVDs les plus attendus de la rédaction. Et vient l'album de 2001, où pour une rare fois les rumeurs de "retour aux racines" était parfaitement valable : All that you can't leave behind (titre dédié au père de Bono avant sa mort, le second album l'étant à dessein post-icelle) est le digne successeur de Joshua Tree. Si si. Moins bon, mais successeur quand même. Et là où le problème se situe, c'est que U2 a voulu défendre son album avec la même fougue qu'en 87. Donc les mêmes moyens, la même approche du public, la même spontanéïté. Mais trois albums, des millions de dollars et deux tournées pharaoniques les séparent, et le résultat est inévitable : un fossé des générations que, pour reprendre Queensrÿche, aucun pont ne pourra relier.
Bono essaie donc de se mettre au maximum le public non pas dans la poche, ou dans le creux de la main, mais au milieu de la baraque au coin du feu avec quelques instruments et un buffet froid. Seulement, ça ne marche pas formidablement. Pas quand on est devant des dizaines de milliers de personnes qui crient, hurlent et piaillent pendant toute la durée du concert, y compris pendant les moments les plus calmes. C'est assez gonflant car ledit public est mixé très en avant, comme pour Rush par exemple, sauf qu'ici le son est extrêmement nasillard, et casse presque les oreilles. Ca casse vraiment avec le son du groupe qui lui est très clair, chaleureux, laissant passer quelques pains mignons et bruts. Et musicalement, ça ne fait que rarement mal, mais quand c'est le cas, c'est emballant : ainsi l'emblématique Bad est le moment le plus fort du concert, et son enchaînement est tout simplement merveilleux à tomber. De même, les rares fois où le groupe retrouve une certaine emphase dans la mise en scène grandiloquente, ça marche : ainsi cet halluciné Bullet the Blue Sky où là, pour la seule fois mais quelle fois, Bono réussit à faire fermer sa gueule au public, un public pris pour cible et qui n'applaudit pas que par dévotion. Bono, toujours aussi fort, aussi charismatique, mais qui question voix est vraiment de plus en plus limité. La preuve ce Sunday Bloody Sunday charcuté 5 tons en-dessous, ou encore The fly où, en voulant s'amuser à pousser, cet abruti se casse carrément la voix en direct live ! (Et The Edge nous prouve qu'il chante mieux que lui !). Quand je pense qu'à un moment il dit que sa voix est revenue après un concert "épouvantable" (selon ses propres termes), brrrr... j'espère qu'il n'existe pas de bootleg de cette date, ou sinon on aura un prétendant pour détrôner Enrique Iglesias !

Pour en rester dans la musique, outre le fait que j'ai enfin compris que la batterie de I will follow était la même que Loveless de Luna Sea (et quand je dis que c'est le U2 japonais, hein !!!), on regrettera amèrement que le clavier soit hors-scène. Il s'appelle Terry Lawless, il est crédité entre deux machinistes lumière au fin-fond du générique, et on ne le voit absolument jamais, même dans le making-of où l'on voit par contre ses claviers. Ah ! le making-of. D'une durée de 20 minutes assez soutenues (et très bien fichues), il s'attarde autant sur la préparation du concert que sur celle du filmage. Et d'ailleurs le reste des bonus est également réservé à la mise en images de ce concert, comme s'ils avaient préféré passer sous silence la musique en prenant pour prétexte la complexité de l'image. Pourtant, on sait depuis longtemps que The Edge a énormément de choses à nous dire. Du coup, alors même que le concert se contente, un peu trop hélas, de miser uniquement sur la musique, nos bonus prennent le contre-pied. Le gros pavé par exemple est un multi-angles montrant entre autres l'ambiance dans la cabine de réalisation, puisque le concert a été monté en direct : eh bien je n'aimerai décidément pas faire ce métier ! L'ambiance est électrique, le réalisateur gueule comme un putois, et d'ailleurs le résultat est là : question image, ce DVD n'est pas à la hauteur. Le montage fait mal à la tête, il y a des gros strobos gerbants, des caméras embarquées hideuses, pendant les vingt premières minutes chaque changement de plan s'accompagne d'un magnifique flou, et l'un des grands moments musicaux, New-York, est tout simplement irregardable tant c'est laid, aggressif, débilement "rock". C'est le gros point faible de ce disque qui gagne un gros capital sympathie, n'est pas hideux ou ennuyeux, ni froid, ni inutile, mais souffre de la présence de deux bonus qui achèvent de le rendre relativement anecdotique : les trailers de PopMart et ZooTV. Deux grandes messes du rock apocalyptique qu'on espère voir arrive rapidement sur notre support préféré car, si musicalement on n'est pas toujours au top, on assiste là à deux spectacles ébourrifants que la réalisation "djeunz' à donf" de ce Elevation Tour n'arrivera jamais à rattraper. Donc comme dit l'autre : vivement la précédente.

6 juin 2001 - Fleetcenter (Boston, U.S.A.)


01. Elevation
02. Beautiful day
03. Until the end of the world
04. Stuck in a moment you can't get out of
05. Kite
06. Gone
07. New York
08. I will follow
09. Sunday bloody sunday
10. In a little while
11. Desire
12. Stay (Faraway, so close)
13. Bad
14. Where the streets have no name
15. Bullet the blue sky
16. With or without you
17. The fly
18. Wake up dead man
19. Walk on
20. Beautiful day - Bonus
21. Elevation - Bonus
22. Stuck in a moment you can't get out of - Bonus


Bono - Chant, guitare   
   The Edge - Guitare, choeurs
Adam Clayton - Basse   
   Larry Mullen Jr - Batterie
Terry Lawless - Claviers (hors-scène)