Ambiance irrésistible, variété musicale, dextérité hors du commun, émotion à fleur de peau, son surround extraordinaire

Note globale


Image pas à la hauteur de l'évènement, manque d'un petit titre de musique contemporaine en plus (never enough)

Editeur : Epic
Durée totale : 2 h 11

- (PCM)

Image        NTSC

Commentaire audio (non st)
Discours final de Steve (5 min non st)
Répétitions (7 min non st)
Interview de Steve (11 min non st)

C'est en 16/9, dynamique, plutôt sobre dans l'ensemble, sans grosses fautes de goût, mais on sent que certaines parties ont été filmées à l'arrache et que le budget n'était pas à la hauteur. La définition fluctue d'un plan à l'autre, et la compression n'a rien de fabuleux. Mais c'est pour mettre au niveau du son, car le tout se laisse regarder avec plaisir.
C'est un peu culotté de mettre dix au regard de la compression, mais franchement, écouter ce DVD en 5.1 avec une bonne installation revient à redécouvrir la Musique - pas la musique de ce DVD, mais la Musique tout court. Disque de démo envers les réfractaires au 5.1. Et disque de référence pour ceux qui veulent s'attaquer au remixage surround d'un orchestre.
C'est un petit peu trop court, car pour ce premier DVD du genre chez Vai on en aurait aimé vingt fois plus, mais vu le nombre d'albums représentés, de styles abordés, d'émotions exprimées, et la bonne humeur permenente, très dur de mettre moins.
C'est un peu facile de commencer toutes les phrases par "c'est". Mais a part ça, les bonus sont fort sympathiques. Le commentaire audio est assez technique et bien fichu, dommage qu'il ne soit pas sous-titré et surtout que sur trois protagonistes seul Vai ose vraiment parler. Ca plus quelques modules tout à fait dignes d'intérêt rend les bonus plutôt à la heuteur de l'ensemble.

Cela fait bientôt 25 ans que l'on compare et met dos à dos Joe Satriani et Steve Vai. A première vue il y aurait de quoi. Les deux hommes sont des virtuoses qui ont révolutionné la guitare électrique, ils partagent une certaine frange du public, quelques influences communes, parfois la même maison de disques. L'un a même donné des cours à l'autre, c'est dire. Pourtant, à y regarder de plus près, les deux géants (l'un au propre) n'ont pas grand-chose à voir. Le titre du dernier DVD de Satriani donne bien le ton : I just wanna rock. Vai, lui, a débuté chez le grand Frank Zappa, une autre école. Plus orchestrale, plus rigoureuse, et paradoxalement plus folle et deshinibée. Le résultat est éclatant, même en pleine lumière : avec ce Visual Sound Theories, on comprend vite que Vai et Satriani ne jouent pas dans la même catégorie. Loin s'en faut. Ce qui n'est pas pour dénigrer l'un, plutôt pour surélever l'autre. Comme s'il en avait besoin, avec ses 2 mètres et des bananes...
Le principe peut sembler simple et banal : Vai, en guitariste soliste, se faisant accompagner par un orchestre symphonique. Quelle surprise ! Quelle originalité ! Voilà qui n'a jamais été fait dans l'histoire du rock ! entends-je. Certes, le principe du mélange heavy metal/classique, révolutionnaire il y a encore 15 ans, est aujourd'hui banal et désuet (NDBaker : C'est d'ailleurs une des seules formes de progrès de notre siècle naissant). Seulement attention, c'est de Vai dont on parle ici. Un homme qui à l'âge de 20 ans écrivait déjà des partitions entières, prêtes à l'emploi, tout seul, avec un papier, un crayon et une tête bien remplie. Ses désirs d'avenir philharmonique sont donc bien fondés. Du reste, le garçon a été engagé chez Zappa non pas pour ses délires six-cordistes au départ, mais pour sa transcription sur papier de The Black Page. Vai n'est donc pas un débutant en matière de violons et tubas.
Côté interprètes, il fallait du lourd et du solide, la musique du petit Steve n'étant pas réputée pour faire dans la dégoulinance violonideuse facile. Il trouvera pointure 52 à ses pieds avec le Metropol Festival Orkestra, formation hollandaise jeune et dynamique qui se montre ici parfaitement à l'aise, dans toutes les situations, avec un chef d'orchestre entreprenant, très ouvert d'esprit et totalement connecté à l'artiste qu'il défend. Bref, pas un croûlant sectaire, mais une des ces personnes qui représentent le pont intergénérationnel rendant la musique d'aujourd'hui si excitante, à l'image de Kamen pour Metallica ou Kolonovits pour Scorpions. L'orchestre étant lui-même dôté d'un batteur, d'un guitariste et d'un synthétiseur, les aspects modernes de la musique peuvent être assurés sans aucun problème. Le problème de l'écriture est donc résolu, celui des interprètes aussi, restait à savoir si le résultat ne serait pas décevant.
Et il ne le sera pas. D'un bout à l'autre de ce petit concert, la musique prend feu, se dédouble, quadruple, multiplie à l'infini, l'osmose est parfaite entre l'orchestre attentif, très punchy, ayant fortement répété pour éviter les nombreuses embûches (les cassures de rythme par morceau ne se comptent même plus), et Seigneur, que dis-je ? Darth Vai à la six et sept cordes qui comme à son habitude vit pleinement sa musique et sort de son instrument des dizaines de sons incroyables. Devant tant d'excellence de la part de l'orchestre, avec en particulier une violoniste dont les double-doigtés sont redoutables, un "guitariste de rock" aurait fait pitié, mais c'est sans compter que nous avons affaire à un vrai génie. Plus qu'une leçon de gratte, car certains plans sont simplement incompréhensibles, c'est à un précis de musicalité que Vai nous convie, toutes émotions dehors, au bord des larmes ou de la crise de nerfs, sans jamais oublier l'humour et l'auto-dérision.
Plus important encore, non seulement le concert est excellent et fascinant, mais il est également passionnant, d'un bout à l'autre, du moins pour peu que vous supportiez une musique aussi dense et peu évidente (car orchestralement Vai est bien plus proche d'un Boulez ou un d'un Ravel que de votre Purcell-serpillère standard). Les styles visités sont très épars, du heavy metal sous gasoline à la ballade harpiste, de la cacophonie arrangée à la fanfare joyeuse, en passant par un Salamanders... où l'on jurerait entendre du Morricone ! Showman dans l'âme, Vai réussit à se mettre le public dans la poche en moins de deux minutes chrono, et ce à DEUX reprises puisque, c'est un des seuls défauts, ce DVD possède deux départs (inversés pour des raisons compréhensibles mais qui cassent le mythe). Et si vous avez peur de la froideur inhérente au style, rassurez-vous, il y a toujours un petit détail qui rend la vision digeste même aux semi-réfractaires. Plus fort encore, Vai, Dieu parmi les Dieux de la gratte, a laissé au guitariste résident de l'orchestre l'occasion de briller à son tour, et c'est réussi. En bref, artistiquement, ce DVD est déjà un tour de force magique dont le seul vrai défaut est de ne pas aller encore assez loin dans le délire contemporain - mais... qui sait ce que l'avenir nous réserve ? (NDKaworu : Kirk ? C'est vous ?)

La technique se devait de suivre, mais ce n'était pas forcément évident, preuve en est l'image. Elle n'est pas mal du tout de prime abord : 16/9ème, quelques jolis plans, mais on se rend vite compte que sa bonne tenue est dûe surtout à un sauvetage désespéré du monteur : la définition change d'une caméra à l'autre, et certains panoramiques à la sauvette trahissent le manque global de belles images qui étaient à sa disposition. Au monteur. Les bonus sont déjà plus alléchants, avec une surprise pour Mme Vai touchante, de l'humour dans tous les domaines, un commentaire audio (non sous-titré hélas) et une interview comme toujours pertinente (bien que troublante : Vai est filmé par une Betacam, et le DVD le montre... filmé par la Beta. Question : pour faire beaucoup plus simple et moins moche, où est donc passé le film de la Beta ?!?). Du plutôt solide donc, mais le coup de grâce viendra du son. La stéréo se défend très bien, donnant la part belle à la guitare et toutes ses nuances. Mais c'est le 5.1 qui tue. Certes, il n'est pas en DTS, rendant les cymbales et violoncelles parfois crispants. Mais la spatialisation des instruments est rien de moins qu'exceptionnelle. La précision dans l'espace, la séparation de chaque musicien, l'inventivité dans les effets pour toujours redonner du jus aux compositions, c'est simplement magnifique. Augmentez juste la centrale (car la guitare du coup est parfois juste) et vous avez l'un des meilleurs mixages 5.1 de musique symphonique que j'aie eu l'occasion de rencontrer jusqu'à présent. Disque de démo par excellence, ce V.S.T. en surround est une expérience sensorielle et cérébrale unique, sans aucune autre prétention que de donner un maximum de plaisir. Et si on doit vraiment continuer dans les comparaisons, alors oui, c'est évident. Jamais Steve Vai n'aura été aussi proche de Frank Zappa.


18-03-2010

2 juillet 2005 - De Oosterport (Groningen, Hollande)


01. Kill the guy with the ball
02. The God eaters
03. The (new) murder prologue
04. The murder
05. Answers
06. Lotus feet
07. I'm becoming
08. Salamanders in the sun
09. The attitude song
10. Gentle ways
11. Liberty
12. For the love of God
13. Shadows and sparks
14. Frangelica I & II
15. Bledsoe Bluvd - Bonus


Steve Vai - Guitare   
   Dick Bakker - Direction d'orchestre (en plus il a un joli nom)
Holland Metropole Orkest - Cordes, cuivres, percussions, voire plus   
   Bryan Beller - Basse