D'excellentes interventions parlées, de rares mais splendides guitares acoustiques

Note globale


Un groupe bancal, des versions mal rendues, une setlist bizarre, pas ce qu'on attendait de Suzanne

Editeur : Eagle Vision
Durée totale : 1 h 30

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Image        PAL

Petit livret

Pour une fois, on trouvera les noirs trop profonds. Ils sont magnifiques mais font baver les couleurs ocres. La réalisation est très sobre, peut-être trop elle aussi. Techniquement, c'est chaleureux comme tout. La définition est simplement parfaite (matez les captures).
Le dolby 5.1 est absolument hideux. Il ne respecte en rien le spectre sonore de la stereo qui elle est brillante mais ne fait pas sonner correctement les musiciens accompagnateurs. Seule la piste DTS, douce et précise, vaut le coup.
De belles chansons, pas toujours bien interprétées, des sketches parlés mais pas assez, une intrusion très discutable des samples et loops, et quelques trop rares mais comme toujours sublimes parties de guitares cristallines.
Comme d'hab', le petit livret sympa et marrant..

Discrète, gentille et coquine à la fois, Suzanne Vega a un peu disparu du paysage musical depuis 1992, année où sa carrière et sa popularité ont pris un tournant presque radical. Sortant un album, 99.9 F°, carrément différent de ce qu'on connaissait d'elle, à savoir des comptines cruelles et angéliques à la fois sur fond de guitares acoustiques diaphanes. Pourtant, l'excellent Days of Open Hand possédait déjà un côté rock assez prononcé, mais ce quatrième opus s'est permis une incursion remarquée dans les machines. Remarquée car de toutes façons, c'est difficile de la louper. Marquée, peut-être à vie, par cet album hautement discutable, elle revient en concert à l'occasion du Festival de Montreux, qui actuellement s'amuse à sortir des DVDs par paquets de douze, et en prime d'une qualité globalement bluffante. Et on peut ainsi se rendre compte, au fur et à mesure des concerts présentés, que Montreux est vraiment un festival de jazz, et que (et là ce n'est pas la faute de Nobs ni celui du public) chaque fois qu'un artiste plus pop que jazz s'y présente, il se banane.
Le concert présenté ici est donc d'une redoutable bancalité. Suzanne, en tant que femme, est toujours aussi gentille et drôle, se permettant quelques longs monologues avec le public, non sous-titrés mais délicieux, à tel point que la jaquette du DVD en fait ses choux gras. Et c'est vrai qu'il y a de quoi rigoler par moments, avec des petites phrases bien assassines (Rod Stewart : et paf ! dans la gueule ! de rien, c'est gratuit). Le public est macho, limite gros boeuf heavy metal, mais elle le prend très bien et se montre très généreuse avec l'audience helvétique. Seulement, Suzie ne parle de cette façon qu'environ une chanson sur trois. Le reste du temps, c'est un enchaînement de titres sans beaucoup de génie, ni de passion, mais surtout avec peu de réussite. Vous savez, celle qui fait qu'en écoutant le concert, on ferme les yeux, on sourit et on se dit "oui... je suis bien à ma place, et les gens sur scène le sont aussi". Mais là, non.
La faute d'abord à son groupe. Sincèrement, même s'il est vrai que jouer, pardon, accompagner du Vega n'est pas facile, il faut quand même y mettre de la flamme, mon capitaine. Or, le guitariste s'ennuie, le bassiste essaie de se la taper Patittucci alors que c'est plutôt pas touche E.T., et le batteur doit se démerder comme il peut entre un manque de groove assez clair, un kit minimal et une synchro avec les boîtes à rythmes. Car c'est certainement ce qui plombe le plus le concert : comme on l'a vu plus tôt, Suzanne a découvert la technologie en 92. Et sur scène, elle se croit obligée de la reproduire. Telle quelle. Et ça ne marche pas. Eh oui, si c'était déjà bancal en disque, imaginez sur scène avec un groupe mou et un public chauffé à bloc côté fesses et quémandeur de fantaisies jazz ultra-léchées à la limite de la décence. Le concert dans son ensemble est donc plutôt froid, pas du tout ce qu'on aurait pu attendre, et il faut arriver à Solitude Standing pour avoir droit à un joli jeu de guitare. Ca fait 45 minutes de passées, ce qui est quand même plutôt important.
Finissant son set sur une mine de tubes, pas toujours très bien rendus (In Liverpool est bancal, tout en restant craquant), la jolie Suzie réussit même à laisser un arrière goût bizarre lorsque Tom's Diner finit le concert, cette version acapella interminable et faisant largement trop appel au public étant la pire façon de terminer sa prestation. C'est avec un soulagement immense qu'on a quand même droit à deux rappels, car l'absence d'iceux aurait sacrifié ce DVD sur le bûcher derechef. Deux rappels mignons dont un standard de jazz, qui franchement donne l'impression (peut-être fausse) de n'être là QUE parce que c'est Montreux. On en revient donc au problème posé au début de cet article... Sauf que contrairement à d'autres, Suzanne Vega n'a à l'heure de cette sortie aucun autre live à son actif, ce qui rend cette Suisserie un peu malvenue.

Trois titres bonus viennent enfoncer le clou : la première venue de Vega au festival, avec trois titres en acoustique, guitare et basse, et encore vous entendrez plus la basse (même bassiste au fait, plus volubile ici). Et si le côté épuré peut plaire, si les versions sont vraiment adaptées, désolé, notre copine n'a toujours pas sa place (en plus le mixage de ses claquements de mains est insupportable, ça aide pas). L'image est croquignolette (un poil baveuse), plus que le son qui, allez savoir pourquoi, est infâme en 5.1, terriblement énervant en stéréo et bien seulement en DTS. La chaleur des cordes acoustiques de SV rend magnifiquement mais, vous l'aurez compris, c'est l'élément le moins présent de tout le concert, alors que c'était sa seule arme contre le public exigeant (pas seulement celui dans la salle... mais nous aussi !). En attendant une archive ou un live plus libéré, on a donc des regrets vis-à-vis du potentiel rêvé de ce DVD, où la seule chose qui décidément rallie tous les fans de Suzanne, c'est sa langue. Et je ne veux pas entendre un seul commentaire déplacé !!!

13 juillet 2000 et Juillet 2004 - Festival de Montreux (Suisse)


01. 99.9 F°
02. Marlene on the wall
03. Caramel
04. When heroes go down
05. Gypsy
06. (I'll never be your) Maggie May
07. Penitent
08. Solitaire
09. Left of center
10. The queen and the soldier
11. Behind blue eyes
12. Solitude standing
13. Blood makes noise
14. In Liverpool
15. Luka
16. Tom's diner
17. Calypso
18. Have you met Miss Jones
19. Small blue thing - Bonus
20. Room off the street - Bonus
21. Knight moves - Bonus


Suzanne Vega - Chant, guitare   
   Doug Yowell - Batterie
Mike Visceglia - Basse   
   Billy Masters - Guitare