Un sacré spectacle avec des lumières et des bipbips tout partout, des surprises dans tous les sens, une technique simplement parfaite, des bonus très intéressants

Note globale


(Un peu gonflé aux hormones. Mais c'est comme le Mindcrime de Queensrÿche, faut bien ça après le Tourmalet)


Quelques poussées de kitsch fulgurantes côté musique, et une histoire qui se finit comme un épisode de Avocats et Associés

Editeur : Universal
Durée totale : 4 h 11

 - -

Image        PAL

Quelques petits bugs d'affichage sur les menus des bonus selon votre lecteur...
Sous-titres français sur les dialogues et interventions
Interview avec Jeff Wayne (5 min 16/9 st fr)
Faire revenir Richard Burton (9 min 16/9 st fr)
Comment fabriquer un Martien (4 min 16/9 st fr)
Effets CGI (2 min 16/9 st fr)
Journal de la tournée 2006 (59 min 16/9 st fr)
Sculpture de la tête (2 min 16/9 st fr)
Répétitions de Thunder Child et Forever Autumn (17 min 16/9 st fr)
Mars débarque à Wembley (5 min 16/9 st fr)
Conversation entre Jeff Wayne et Russell Watson (11 min 16/9 st fr)
Animation des machines (3 min 16/9 st fr)
Tournée 2006 - suppléments (10 min 16/9 st fr)
Interview des interprètes (11 min 16/9 st fr)

Ce qu'il manque ? Une plus grande profondeur des noirs, impossible à avoir vu la salle, et une meilleure définition du public, ce qui revient à un miracle. Mais c'est du pinaillage : la compression est presque incroyable vu le DTS, la durée et les lumières, le 16/9 est hyper-classe, les mouvements fluides, tout est nickel.
Oui, d'accord, d'accord, ça fait trop travaillé, un peu trafiqué, presque froid. Mais vous en avez déjà écouté souvent, vous, des live aussi énormes ? La stéréo est nickel, le 5.1 est un régal. Un parfait disque de démo.
Note punitive pour la musique, car c'est un peu redondant. Et si vous trouvez Dream Theater trop années 80 et ça intemporel, je comprends plus rien. Par contre, c'est 10/10 pour le spectacle, c'est beau, vivifiant, spectaculaire, rondement mené.
Du sous-titre partout, et du bon, plein de sujets abordés, de VRAIES répétitions avec fausses notes et mises en place, et un making-of qui ressemble au film : ça tire tous azimuths dans le seul but de tuer. Un point en moins pour les censures "biiiiip" de mes deux. C'est du pinaillage là aussi. Profitez-en, ils sont pas souvent là, les pinailleurs.

Orson Welles a quand même bien foutu sa merde. Non, ce n'est pas vulgaire. Pas par rapport à ce qu'il a fait. Non content d'avoir réalisé un Citizen Kane déontologiquement sur le fil du rasoir (cf l'excellent biopic Citizen Welles), le prodige s'était surtout fait connaître par une adaptation radiophonique de La Guerre des Mondes, court roman de H.G. Wells (well...), narrant l'invasion de notre belle planète par des martiens à l'époque Victorienne. On oublie trop souvent que cette "adaptation" était en fait plus un canular, genre où Welles avait quand même une autre classe que Dahan et Lafesse (exception culturelle française), et surtout que des personnes sont mortes ce jour-là. Persuadées que le pays avait été envahi, elles se sont tout bonnement suicidées. Bien plus proche de nous, un certain Steven Spielberg a repris ce roman et l'a transposé dans notre monde actuel, accouchant d'un film très hautement discutable, mais qui possède un atout indéniable : des effets spéciaux extraordinairement réalistes (NDBaker : Et je suis très difficile sur ce sujet) n'hésitant pas à rendre dans toute sa splendeur la cruauté bestiale de l'original. Un film qui a surpris pas mal de gens, car dans l'esprit collectif, on n'arrive pas à prendre totalement au sérieux cette histoire d'invasion extraterrestre. La faute à qui ? La faute à Jeff Wayne.
Car en 1978, cet alors tout jeune requin de studio sort un pavé qui, contre toute attente, va faire un carton mondial. Son adaptation du roman est un mélange de pop symphonique, de progressif et du disco émergeant (réécoutez donc la batterie !), possédant une production riche, moderne pour l'époque, mais aussi un côté pompeux extrêmement prononcé. D'où le côté second degré qui accompagne cette Guerre comme son ombre. L'album avait pourtant de quoi être pris au sérieux, avec la présence de Richard Burton en narrateur mythique (une diction fantastique) et des chanteurs de la trempe de Justin Hayward (Moody Blues), Chris Thompson (Manfred Mann) et Phil Lynott (Thin Lizzy). Mais rien n'y fait : W.o.t.W. dans sa version 78 est un album sautillant, lourd comme un pudding à la chantilly, agréable et désespérément optimiste, même pendant les pires scènes de dévastation. Il est loin, le train en flammes de Spielberg et sa cohorte de brûlés vifs hurlant leur agonie. Voici quelque temps, WotW renaquit de ses cendres en la présence d'un remaster en SACD (et d'un coffret sublime mais au prix exhorbitant aux confins du ridicule). Un SACD dynamique, ultra-spatialisé, soigné dans les moindres détails. Bref, un bel écrin mais un album dont on pensait avoir fait le tour. Car enfin, on n'allait pas croire qu'un tel bazar sympho-prog-choucroute irait jusqu'à être joué live : ça représenterait un budget de malade et des milliers d'heures de travail pour une bonne centaine de techniciens. Pourtant, à peine le SACD sorti, quelques dizaines d'anglais débutèrent une séance ininterrompue de plusieurs mois d'insomnie et de migraines. La faute à qui ? La faute à Jeff Wayne !
Le résultat est dans ce double DVD choyé par Universal (fourreau, sous-titres partout, DTS, livret, le tout pour un excellent prix), et inutile de vous faire le coup du père François : ceux qui trouvent le disque original prétentieux, stupide, lourdingue ou kitsch auront ici le-même-en-pire. Pour le coup, rarement un album concept aura été porté à la scène avec autant de fidélité à l'original studio. C'est du niveau du Brave de Marillion ou du Mindcrime de Queensrÿche, mais en plus fort. En beaucoup, beaucoup plus fort. Tout ici respire l'argent, la sueur et la démesure. Si vous aimez les grands spectacles, peu importe le niveau de cheesiness, accrochez vos ceintures.
La salle n'est autre que la Wembley Arena pleine à craquer et filmée sous toutes les coutures : 28 (!) caméras, pas une de superflue, et sous la direction du vieux renard David Mallet. Il y a un groupe de 10 musiciens (dont une harpiste/percussionniste d'une beauté suprairréelle) qui jouent au millimètre et recréent tous les sons d'époque, même les plus oubliables. Il y a aussi un orchestre de 48 musiciens, et 5 chanteurs. TOUS sont habillés en costume d'époque. Ils sont mixés en surround au sein même de la salle, assurant l'immersion totale des spectateurs. Vous avez aussi un écran panoramique de 36 mètres de large diffusant 95 minutes d'images de synthèse calées à la note près. Enfin, un visage virtuel de Richard Burton, de 4 mètres de haut, vous raconte l'histoire en synchro avec la voix originale. Ah ça, le but n'a beau pas être le même, ça change quand même un peu de Carla Bruni qui murmure sur un tabouret ! Pour être franc, il est certain que même si vous n'aimez pas particulièrement la musique, vous regretterez de ne pas avoir été présent ce soir-là.
Car le spectacle est total, comme vous pouvez le deviner - et encore, quelques détails méritent d'être passés sous un temporaire silence. Disons pour faire bref et vague que les spectateurs présents ce soir-là en ont pris plein le museau. Même bien calé au fond de votre fauteuil, vous aussi connaîtrez quelques sensations fortes, grâce en particulier au montage époustouflant. La fin du premier acte vaut à lui seul l'achat, un sacré morceau de bravoure qui vous colle des frissons de plaisir de l'anus à la premiere dorsale. Mais que les pinailleurs se rassurent, il y a évidemment à redire. D'abord, outre une musique qui a subi les outrages du temps (mais ce n'est pas toujours un mal), le spectacle est aussi redondant que l'original : le nombre de "thèmes" principaux se compte sur les doigts d'une main, et ils sont donc repris maintes fois jusqu'à la lie. Autre souci de trop bien faire, les chanteurs sont accompagnés de leurs propres contrechants, ce qui donne une fausse impression de playback toujours regrettable. Pourtant ils se défendent tous très bien, même Justin Hayward dont l'entrée en scène est un moment culte (le vieux beau dans toute sa splendeur, la mèche blanche rebelle, le sourire bifluoré, la posture à la James Stewart, planquez vos filles !). Mention spéciale à Alexis James dans un rôle qui demande du punch, et il en a. Et puis, à force d'en prendre plein la tête, on finit par oublier qu'il s'agit de la Guerre des Mondes, et après le livre et le film, vous aurez encore droit à une fin nullissime, bâclée et McGuffinesque qui fait passer Nikita de Luc Besson pour Usual Suspects. De quoi refroidir les ardeurs ? Non : sur le dernier quart-d'heure, on est plus captivés par la réaction du public que par la musique. Vous le croirez si vous voulez, c'est un compliment.
Non content de nous offrir un spectacle de toute beauté, Universal s'est aussi montré généreux. A part les paroles, une fois de plus (et je répèterai à l'envi que pour une comédie musicale c'est scandaleux, surtout quand on se tape logos et avertissements anti-piratage en pagaille), à part les paroles donc, tout est sous-titré en plusieurs langues, sauf les menus qui, lorsque vous choisissez autre chose que l'anglais, peuvent sur certains vieux lecteurs ne pas apparaître à l'écran ! Rigolo. Sinon, vous ne louperez rien du gros de l'histoire, mais surtout des bonus. Vous vous doutez qu'un tel show ne s'est pas monté en deux jours, et un nombre sympathique de petits modules vous montreront les répétitions (de vraies, pour une fois), la fabrication du visage, les costumes, les lumières, jusqu'au film en CGI (vous ne verrez pas ou trop peu leur vraie fabrication, mais ça, vous avez l'habitude !). Des petits modules excellents mais qui font pitié à côté du vrai making-of, présent uniquement sur la version collector, la seule qui vaille l'achat.
Car depuis des mois qu'on se tape des making-of laudatifs, lèche-bonbons et trouillards, à grands coups de "Nick Davis est génial" ou autres "Ce Michel Sardou, quel bel homme !", on est d'autant plus agréablement surpris de découvrir un documentaire passionnant, assez exhaustif aussi, mais avant tout politiquement incorrect. Oh certes, tous les gros mots sont censurés par d'affreux biiiips totalement débiles (tandis que les sous-titres étrangers, eux, ne le sont pas, wouarf wouarf !). Mais pour ce qui est de la fabrication du spectacle, c'est une autre paire de manches. Ca a même chié grave dans le ventilo. On commence avec Jeff Wayne qui d'une voix morte demande à ce que les caméras cessent de tourner (traduction : ça va chier), et on continue avec des fuck off d'un fort beau gabarit (traduction : va chier) et autres "it sucks ass" (traduction : à chier. C'est répétitif comme métier, traducteur). Devant la somme colossale de fric et de gens impliqués dans ce projet, les barrières tombent, les esprits s'échauffent, et on est loin de Martine Fait du Vélib. Le résultat valait-il tant de prises de bec ? Oui, indubitablement, mais si vous prendrez beaucoup de plaisir à regarder ce bonus, ses protagonistes, eux, moins.

Il n'y a d'ailleurs pas que le bonus qui vous donnera du plaisir. Vous l'aurez désormais compris, ce WotW "live on stage" n'élude pas les gros défauts de l'original mais n'a pour but que de vous divertir, et c'est une immense prétention (Desproges is alive). La technique sera le petit plus qui consolidera le tout : l'image ne bénéficie pas seulement du superbe montage que l'on a déjà abordé, elle est magnifique tout simplement. Noirs très profonds, définition parfaite, compression très impressionnante (n'oubliez pas qu'il y a du DTS !), et surtout de sublimes couleurs. Un régal. Et le son ? Outre la stéréo déjà balèze, vous avez droit à un mixage en 5.1 tellement fantastique qu'il est, tenez-vous bien, MIEUX spatialisé que le SACD ! Ca fourmille de détails dans tous les sens, et, fait rarrissime, la piste Dolby Digital est d'un niveau presqu'égal au DTS, le dépassant même dans des moments où le côté"brut de fonderie" fait mieux ressortir les blipsblips et zougzoug électroniques qui pétaradent derrière votre canapé. En somme, une réussite à tous les niveaux, même là où on ne s'y attendait pas. Du coup, même si l'album vous fait ni chaud ni froid, vous aurez ici une sérieuse option si vous cherchez un disque de démo à passer aux copains histoire de les émerveiller, ou tester votre matériel, ou simplement vous faire plaisir. Et même si vous avez déjà LP et SACD? Vous devrez quand même repasser au tiroir-caisse. La faute à qui ? La faute à Jeff Wayne !


20-06-2008

2006 - Wembley Arena (Londres)


01. The eve of war (part 1)
02. The eve of war (part 2)
03. Horsell Common & the heat ray
04. The artilleryman & the fighting machine
05. Forever autumn
06. Thunder child
07. The red weed (part 1)
08. The spirit of man
09. The red weed (part 2)
10. The artilleryman returns
11. Brave new world
12. Dead London (part 1)
13. Dead London (part 2)
14. Epilogue (part 1)
15. Epilogue (NASA part 2)


Richard Burton - Narration post-mortem    
   Alexis James, Justin Hayward, Chris Thompson - Chant
Russell Watson, Tara Blaise (mmmmhhhh) - Chant    
   Hugh Burns, Chris Speeding - Guitare
Laurie Wisefield - Guitare, mandoline    
   Neil Angilley, Colin Good, Gaetan Shurrer, Ian Wherry - Claviers
Herbie Flowers - Basse    
   Gordon Marshall - Batterie
Julia Thornton (re-mmmmmhhh) - Harpe, percussions    
   The ULLAdubULLA strings - Orchestre
Perry Montague-Mason - Chef d'orchestre    
   Jeff Wayne - Chef d'orchestre aussi, plus mais moins