Enfin une édition officielle, avec une image inespérée en plus, d'un film craquant en tous points

Note globale


Zéro bonus, aucun sous-titre et pas de VF : si toi pas anglais, toi partir

Editeur : Second Sight (avec le logo MGM tout de même)
Durée totale : 1 h 36

Image        PAL

Clip de Together in Electric Dreams (4 min format respecté)

Nonobstant quelques points blancs et un cachet un peu douceâtre qui fait perdre de la définition, l'image de cette édition officielle est surprenante de propreté et de professionnalisme. Certaines scènes font pauvre techniquement, d'autres semblent ternes, mais l'ensemble ressemble vraiment à ce qu'on attend d'un DVD moyen-budget en 2009, avec du grain cinéma non digitalement effacé. Quant aux couleurs... eh bien si, il y en avait dans ce film !
Curieusement, le son de ce film n'a jamais brillé. Il est bon, punchy et tout à fait satisfaisant, mais manque de caractère, d'un cachet spécifique qui le rendrait culte. Mais là c'est du pinaillage, le tout est loin d'être désagréable et le prologic s'amusera à balancer quelques notes aux quatre coins de votre pièce.
Adorable conte de fées "moderne" où l'on tape du pied sans cesse. Un duo d'acteurs épatant et une vitrine très représentative des années 80.
Juste un clip, vraiment bon mais déjà disponible dans le DVD de Human League. On attendait bien mieux pour ce film culte. Non, on espérait mieux. Mais en réalité on n'attendait rien.

Stop, arrêtez les machines ! Pour une fois, une très rare fois, nous avons été lus, ou entendus. Et donc à nous de faire notre mea culpa. Rappelez-vous, il y a quelques années (mon Dieu mon Dieu, qu'on vieillit promptement !), nous avions chroniqué une version pirate d'Electric Dreams, transfert VHS sous-titré cantonnais qui était la seule façon de se procurer ce film (pour éviter de gâcher, retrouvez la chronique originale ici). 2009, 25 ans ont passé (c'est un anniversaire ça, un vrai, pas un 31ème), et un éditeur anglais a eu enfin le cran de sortir officiellement ce qu'il décrit comme "un des films cultes des années 80", à juste titre. Anglais ? Vous voulez dire : américain, non - MGM ? Ou bien anglais comme Virgin, la célèbre maison de disques productrice de ce film ? Non, anglais comme Second Sight, petit éditeur indépendant qui a déjà commis quelques coups d'éclat. Bizarre qu'MGM pourtant habituée à des sorties bâclées en grosse quantité (Anges de la Nuit, Robocop, F/X, et j'en passe), n'ait pas pris le risque de sortir ces Rêves Electriques (rien à voir avec Blade Runner). Si c'était aussi inutile et fallacieux, pourquoi Second Sight aurait-il, lui, pris un vrai risque ?
Car malgré le bide magistral que s'est pris le film à l'époque (entre autres car il était considéré comme "trop technique", véridique !), on ne peut pas dire qu'Electric Dreams ait été oublié. De la même façon que Tron a marqué son époque avec sa vision décalée du nazisme et ses relents d'anticipation qui se sont révélés en-dessous de la vérité (rappelez-vous de ce plan terrifiant avec un open space ultra-cloisonné et les rats humains y travaillant comme des bêtes : fiction ? plus maintenant !), de même que Wargames a fait naître une quantité incalculable de carrières de pirates informatiques (souvent tuées dans l'oeuf au vu de la complexité), Electric Dreams est de ces long-métrages qui ont bercé les gamins des années 80 qui furent les premiers à comprendre ce qu'était un ordinateur, mais tout en gardant le côté indicible, mystérieux de la chose. Ici, pas de parfum de bottes brunes en 33, pas d'ado boutonneux qui lance une guerre nucléaire avec une disquette 3 pouces Amstrad, sa bite et son couteau. Juste le côté romantique de la chose, car il y en a une.
L'histoire d'Electric Dreams se résume à une pièce de Feydaux : le mari, la femme, l'amant. A ceci près que l'amant n'a ni bras, ni jambes, ni... autre chose. Inoffensif ? On ne l'est jamais quand on se trouve "dans la place", invité par le mari à rester chez lui. Souvenez-vous de cette vieille légende : les vampires ne peuvent entrer dans une maison à moins d'y être invités ; et parce qu'il a peur d'avoir trop de trains de retard, un brave garçon un peu rêveur, et pas du tout porté sur la technologie, se laisse convaincre d'acquérir un ordinateur personnel. Un peu trop personnel : à la suite d'un incident stupide, le PC prend vie et tombe amoureux de la charmante voisine. Tout comme notre ingénieux ingénieur qui se laisse vite déborder par les évènements.
Et ? Et... rien d'autre. Electric Dreams mélange humour, romance et musique (le film est un vrai vidéo-clip géant, pas étonnant vu son auteur), sans aucun second degré, sans sens caché ou si peu, juste du cinéma de divertissement grand public. Et quel en serait le mal ? Dans le style, on n'a jamais fait mieux que les années 80, et quel est le millésime ici ? 1984, pile au milieu ! L'année d'explosion des clips, dont Steve Barron est, avec Russell Mulcahy, le plus important spécialiste de l'époque. L'année où les ordinateurs ont vraiment explosé les scores de pénétration dans les foyers. L'année où la synth-pop, déjà bien ancrée, a commencé à phagocyter toutes les ondes. Le mélange donne donc le film typiquement pas inoubliable mais furieusement contagieux. Virginia Madsen y est belle comme un coeur, les tubes font taper du pied, les petits gags font mouche à chaque fois, et notre ordinateur est vraiment attachant - bien qu'il soit tout autant irritant. Ne cherchez pas le bon goût, la complexité, la hype : Electric Dreams est un de ces films où on se laisse totalement emporter, ou rebuter sans équivoque.

Choyé par les chanceux qui l'ont découvert à l'époque, mais totalement inconnu du jeune public, Electric Dreams aurait pu rester dans les limbes de l'édition vidéo si Second Sight n'avait pas fait acte de bravoure. Et surprise ! Le résultat est meilleur qu'attendu. Passons sur ce qui ne va pas : il n'y a aucun bonus si ce n'est le fameux clip de Phil Oakey. Pas de featurette d'époque, pas de reportage rétrospectif (qui aurait été génial), pas d'interview de Richard Branson, producteur malheureux sur ce coup-là (il était persuadé que le film serait le carton de l'année), et surtout, pas d'autres langues que l'anglais et aucun sous-titre. Ca c'est mââââl. Le son n'a pas été remixé en 5.1, ce qui n'est pas forcément un mal, on évite les déceptions. Mais la surprise, la vraie, à part la sortie en elle-même, c'est l'image : on n'avait jamais vu Electric Dreams dans son format original, les VHS, DVD pirates et passages télé avaient tous été recadrés... et on le redécouvre dans un très joli 16/9 qui manque un peu de piqué mais ni de couleurs ni de classe ! L'occasion de profiter réellement de l'esthétisme barokitsch de cette époque, du travail sur la photographie meilleur que dans nos souvenirs, et enfin, de se faire chez soi une vraie séance de cinéma. A condition de parler anglais bien sûr... Allez, un beau geste messieurs les Français, osez franchir le pas, la VF (excellente) doit bien traîner quelque part dans les abîmes de vos caves moisies. Exhumez-la, et si les années 80 sont aussi pourries que certains le proclament, ne vous inquiétez pas, on s'occupera de l'autopsie. Avec nostalgie et un poil de délectation.


10-04-2009